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jeudi, 21 novembre 2019

La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

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La passion fusionnelle capitalisme-gauchisme

Ex: http://www.zejournal.mobi

Hier, dans une présentation du texte sur la situation bolivienne, nous avions noté combien l’emploi de certains termes politiques courants au XXème siècle donnait une perception faussaire de la situation :
« Si l’auteur l’ignore, nous ne voulons pas pour notre part ignorer une seule seconde que “les progressistes”, incluant les forces sociétales et une part très importantes des gauchismes, ou “marxistes culturels” aux USA, sont de loin, de très loin au sein du bloc-BAO les meilleurs alliés, complices et frères de sang du Corporate Power, dit également woke capitalism...» (Woke capitalism ? “Capitalisme éveillé”, ou “capitalisme avancé” [politiquement, c’est-à-dire et communicationnellement “avancé” ; c’est-à-dire capitalisme doté d’un masque progressiste qui est quasiment l’équivalent d’une “conscience progressiste”, qui lui est gracieusement fourni par tant de fractions progressistes et gauchistes partageant les objectifs déstructurants et dissolvant du Système, – et le passage in extremis à l’emploi de cette dialectique Système-antiSystème étant dans notre chef extrêmement appuyée et intentionnelle.) »

... Notre exemple-type et institutionnalisé serait bien entendu Daniel Cohn-Bendit, autrefois plaisamment connu dans les salons et les antichambres des barricades sous le surnom de “Dany le Rouge”. Il fut si populaire qu’ils voulurent tous êtres des “juifs allemands” tandis que “Dany le Rouge” se tirait avec adresse et clandestinement de France au Luxembourg (le 28 mai 1968), couvert par l’actrice motorisée pour l’occasion (MG-B décapotable),  Marie-France Pisier qui croyait tourner un film de Godard.

(En fait, ce n’était pas du Godard : tous deux étant un peu lassés de la révolution, ils firent après leur escapade politique, « une escapade amoureuse » selon la délicieuse expression de la Bibliothèque Rose, de quelques semaines en Sardaigne.)

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Aujourd’hui, Cohn-Bendit s’affiche comme un soutien affirmé du néo-libéralisme et de tout ce qui l’accompagne, un parfait exemple d’intellectuel-activiste partisan du capitalisme. A-t-il trahi la “révolution” ? Il affiche également, par son comportement, son aplomb, ses poses, ses convictions sociétales évidemment radicales et son caractère joyeusement supranational, le même entrain libertaire qu’on voyait chez “Dany le Rouge”. Aucune contradiction entre ceci et cela, aucune dissimulation, aucun jeu de rôle. Il est le parfait représentant d’une “passion fusionnelle” entre capitalisme et gauchisme ; on parle du capitalisme postmoderne qui se pare volontiers de vertus progressistes qui sont devenues sa marque de fabrique, c’est-à-dire du gauchisme postmoderne dont le courant libertaire s’exprimant essentiellement du point de vue culturel et sociétal est la plus juste référence postmoderne. 

Le professeur de Liberal Arts à l’université de New York de 2008 à 2019  Michael Rectenwald, auteur de neuf livres dont le plus récent, Google Archipelago, montre sa connaissance des mécanismes de communication postmodernes, a entrepris d’expliquer dans un article pour RT.com pourquoi le Corporate Power est devenu, notamment aux États-Unis et particulièrement dans sa politique générale de communication qui fait aujourd’hui l’essentiel de la posture politique et des engagements qui vont avec, sociétal-progressiste, – ou dit plus justement “est devenu ‘woke’”, selon le mot qui désigne dans le langage sociétal-progressiste cette posture fondamentale. (Le titre de l’article de Rectenwald : « This is the BIG reason why corporate America has gone woke (plus 4 more) ».)

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En termes US, particulièrement à la mode, il s’agit de l’attitude “wokeness” qui, dans cette science dialectique de la postmodernité, a remplacé le terme “cool” et son dérivé “coolness”. D’une certaine façon et si l’on mesure son emprise qui inclut désormais la toute-puissance capitaliste (le Corporate Power), il s’agit de la référence absolue de la structuration de surpuissance du Système. Le Monde , qui n’en manque pas une à ce propos de la fascination qu’il éprouve pour le Système et sa représentation opérationnelle terrestre que sont la dialectique sociétale et le progressisme du système de l’américanisme, nous en a donné il y a un an une appréciation  qui fait frissonner de plaisir les conversations des salons, lors des dîners du “parti des salonards” :

« Woke est dérivé du verbe to woke, « se réveiller ». Être woke, c’est être conscient des injustices et du système d’oppression qui pèsent sur les minorités. Ce terme s’est d’abord répandu à la faveur du mouvement Black Lives Matter (apparu en 2013) contre les violences policières dont sont victimes les Noirs aux États-Unis, pour ensuite se populariser sur le Net. »

Notre auteur Michael Rectenwald expose (en sens inverse dans son article, du n°5 au n°1) les cinq arguments qui expliquent la raison de cette fusion du capitalisme et du gauchisme-sociétal. Les quatre premiers exposés (du n°5 au n°2) sont des arguments de circonstances, qui relèvent d’une politique délibérée :
• les dirigeants postmodernes du Corporate Power sont eux-mêmes “woke”, comme l’on dirait des “enfants de mai 68” ;
• la clientèle la plus intéressante, la plus riche, la plus branchée-consommatrice, est elle-même “woke” (les pseudo-élites des côtes Est et Ouest aux USA, qui composent par ailleurs la clientèle principale du parti démocrate) ; le reste, ce sont les “deplorables” comme les identifia Hillary Clinton, et « les déplorables ont moins d’argent de toutes les façons et ils peuvent aller se faire voir s’ils n’apprécient pas le wokeness du Corporate Power » ;
• « Être woke coûte moins cher que d’augmenter les salaires des employés» : on s’affirme woke, on agit woke, on s’applaudit woke, on fait de la pub woke et tout le système de la communication, la presseSystème, Hollywood applaudissent et travaillent à la promotion des produits ainsi vertueusement fabriqués ;
• l’attitude “wokeness” agit comme un formidable argument face aux élites politiques, aux pressions des gouvernements et à tous leurs relais, terrorisés par tout acte qui paraîtrait mettre en cause un producteur de cette attitude-PC (Politiquement Correcte). 

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Puis l’auteur arrive au cinquième argument, qui est en fait le premier dans l’ordre de l’importance, qui englobe tous les autres et tranche décisivement la question de cette apparemment étrange fusion entre capitalisme et gauchisme.  (« Ci-dessous, je passe en revue certaines des explications possibles du capitalisme modernisé avec la tendance gauchiste du ‘Corporate Power’, – les cinq dans l’ordre inversé, de 5 à 1, –  quatre étant diversement convaincantes, et une [la n°1] étant la plus décisivement convaincante. »)

Michael Rectenwald nous explique alors pourquoi et comment le “wokeness” est si parfaitement constitutif de cette alliance entre la très-grand capitalisme globalisé et le gauchisme postmodernisé. Cette attitude postmoderne et sans précédent pour qui a l’habitude des classifications politiques classiques, représente en fait une synthèse (postmoderne, cela va de soi) de courants bien connus de cette attitude politique classique tout au long du XXème siècle. Il s’agit d’un recyclage massif de tout ce qui a échoué au XXème siècle, pris sous une autre forme, et donnant au capitalisme globalisé la clef d’accès à son rêve globaliste : c’est la victoire du marxisme (ou “marxisme culturel”) sur le capitalisme et la victoire du capitalisme sur le marxisme (ou “marxisme culturel”), – parce que, finalement, l’un est dans l’autre et inversement, puisqu’il s’agit finalement de la même chose, de la même nature, de la même ontologie-Système, puisqu’il s’agit enfin du Système lui-même...

« L’attitude dite-“wokeness” fait elle-même partie du capitalisme globaliste. La politique de gauche est parfaitement compatible avec les agendas des géants mondiaux de l'entreprise et les soutient. Les multinationales et les militants de gauche veulent les mêmes choses :
» • Le globalisme, – ou, en termes marxistes, l’“internationalisme”, – a toujours été un but de la gauche et il est devenu un but des entreprises multinationales. Les seconds élargissent leurs marchés et les premiers pensent qu'ils font avancer l'objectif marxiste du “Travailleurs du monde entier, unissez-vous !”.
» • Immigration sans restriction : Fournit une main-d'œuvre bon marché aux entreprises et donne aux gauchistes le sentiment d'être politiquement branchés et moralement supérieurs pour être des antiracistes qui accueillent tout le monde, –- quelle que soit leur race, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle, – y compris les membres de gangs mexicains qui vendent de la drogue et des enfants , – tout cela à la campagne, mais pas vraiment pour camper dans leur salon.
» • Le transgendrisme ou le polygendrisme, la pointe de la politique identitaire de gauche, est également bonne pour les affaires. Elle crée de nouveaux créneaux pour les produits d'entreprise, divise la main-d'œuvre et distrait les gauchistes par des arcanes et des absurdités quotidiennes.
» • Se débarrasser des nations, du genre stable, de la famille, de la culture occidentale et (pourquoi pas ?) du christianisme, –  la marque du “progrès” gauchiste et de la politique d'avant-garde, – favorise également les objectifs corporatistes mondiaux, éliminant tout obstacle à la domination mondiale des entreprises. »

Mais il y a un paradoxe à cette évolution assez rapide et qui s’est imposée avec une puissance inimaginable, de l’alliance entre le gauchisme (gauchisme-sociétal, pour parer cette mouvance des colifichets bling-bling des singularités humaines à caractère sexuel-absolument-libéré) et l’hypercapitalisme néo-libéraliste. Il s’agit de la position de forces marxistes de vieille souche, c’est-à-dire ces vieilles souches soi-disant inspiratrices de nos néo-révolutionnaires alliés au capital, qui restent redevables, à plus ou moins bon escient, et parfois même ridiculement mais qu’importe car seul nous importe le paradoxe, à cette fameuse doctrine. Ces vieilles forces marxistes qui ont gardé du marxisme ce qui leur importait, n’entendent pas une seconde y renoncer, et elles se font implicitement les plus virulents critiques de ces nouvelles forces gauchistes-sociétales, ou “marxistes-cultuelles”. Petite revue non limitative...

• La plus “pure et dure” de ces forces, parmi nos connaissances et nos fréquentations, est le siteWSWS.org de la IVème Internationale trotskiste, extrêmement bien documenté et très largement suivi et influent. Les trotskistes de WSWS.orgn’aiment pas qu’on leur rappelle que les neocons viennent du trotskisme, et de toutes les façons ils les considèrent comme des déviants pathologiques, des traîtres absolus servant d’avant-garde de l’impérialiste capitaliste et américaniste ; ils considèrent de toutes les façons qu’ils ont trahi le trotskisme. La fureur sinon la haine qu’ils entretiennent à l’encontre du gauchisme-sociétal, palpable dans la façon qu’ils dénoncent le mccarthysme des divers mouvements sociétaux type #MeToo et autres sphères de dénonciation du même type, est incommensurable. La défense furieuse qu’ils assurent du cas Julian Assange, victime expiatoire du Système et du gauchisme-sociétal et artisan d’un antiSystème héroïque, est caractéristique de cette position opposée complètement au néo-“marxisme culturel” complice de l’impérialisme.

 • Il y a l’exemple du communisme chinois, qui reste politiquement intraitable à la tête polkitique de cette puissance. Même si la référence marxiste est chez lui purement ornementale, son développement effréné du capitalisme ne nous paraît nullement aller dans le sens du Système, et même au contraire, jusqu’à laisser se développer une finalité qui fait de cette puissance un adversaire potentiel à mort du capitalisme dans sa composante gauchiste-libérale. En Chine, la dimension sociétale caractérisant le gauchisme du Bloc-BAO est traitée par le mépris le plus complet. Nous laissons de côté toutes les tares de l’hypercapitalisme qu’on retrouve chez les Chinois (corruption, immenses fortunes des oligarques) parce que c’est l’inévitable conséquence du Système imposant à tous ses tares, parce qu’enfin il nous paraît probable que cette dimension ne parviendra pas à subvertir la direction communiste, à moins d’un effondrement qui se placerait nécessairement dans le cadre d’un phénomène global et catastrophique d’effondrement emportant tous les rangements actuels pour nous amener devant des perspectives inconnues balayant toutes les analyses et tous les constats présents. 

• Le PC russe est un autre exemple de l’évolution d’un mouvement hérité du marxisme soviétique et qui s’est transformé en une force farouchement nationaliste et souverainiste.

dcb5liGV.jpg... Cette revue de détail nécessairement partielle et non limitative ne signifie en aucune façon qu’il existe, ou que va se créer un front vraiment “marxiste” contre le gauchisme-sociétal qu’on a tendance à assimiler au “marxisme culturel” pour le marier encore plus aisément à l’hypercapitalisme. (Leur “marxisme culturel” est un “marxisme de spectacle”, comme il y a la “société de spectacle” de Debord.) Seule importe cette position d'opposition très diverse à la passion fusionnelle capitalisme-gauchisme-sociétal, comme un socle continuel de critique, de mise en évidence et de dénonciation du simulacre capitalisme-gauchisme-sociétal.

Cela veut dire que l’alliance fusionnelle entre les gauchistes-sociétaux, ou “progressistes-sociétaux”, et l’hypercapitalisme/néolibéralisme est totalement, absolument faussaire par rapport à ses prétentions in fine doctrinales, et qu’elle draine tout ce qu’il y a de pire dans la production du XXème siècle parmi les forces qui ont survécu aux terribles soubresauts de ce siècle. Elle est totalement dépendante du Système, à la fois, enfant et idiote utile du Système, et elle connaîtra nécessairement son sort.  Elle est totalement de son temps catastrophique, et comme lui rangement pseudo-politique, faussaire et catastrophique, qui passera à la guillotine de la métahistoire.


- Source : dedefensa

mercredi, 20 novembre 2019

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

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La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

Peuple, société et Etat en Europe

par Irnerio SEMINATORE
Ex: http://www.ieri.be

La démondialisation. Concept économique ou concept politique?

Face aux grands retournements du monde et aux évidences les plus affirmées, il est toujours utile de se poser des questions de fond. Dans le cas de la démondialisation, comme source et effet de répercussions innombrables, faut il la tenir pour un concept économique, ainsi qu'il il semblerait à une première lecture du phénomène ou bien comme un concept politique? Plus loin, ne s'agit il pas d'un nouveau paradigme, désignant un retour des vieux cycles historiques et donc d'une fausse découverte? Au premier abord la démondialisation est présentée comme un modèle alternatif à l'économie néolibérale, fondée sur l'interdépendance des sociétés et donc sur une critique du libre-échange, née d'un courant de pensée hostile au libéralisme et à ses corollaires. Il serait question, par ce terme d'une nouvelle organisation de la société planétaire, soustraite à l'emprise de la finance et caractérisée par un repli autarcique, articulant le cadre local et la dimension internationale. Ses partisans préconisent, au travers de son adoption, une reterritorialisation du développement, plus équitable et plus écologique, privilégiant le marché intérieur au marché mondial, sous le primat d'un protectionnisme national et européen (J.Sapir). L'instauration d'une régulation de la finance mondiale, dans le but d'un développement euro-centré et sur des régions à base civilisationnelles communes, aurait une portée réformatrice incontestable, selon ce point de vue. Or, il n' en est pas ainsi dans une lecture de la démondialisation comme concept politique. Dans ce cadre, la séparation classique entre l’État et la société reprend son importance comme ligne de régulation des inégalités nouvelles et comme remise en cause des interdépendances asymétriques.

Les menaces et la diplomatie globale

La diplomatie globale, pratiquée par Kissinger pour négocier les accords SALT 1 et SALT 2, en fut une application remarquée, puisqu’elle associa les aspects économiques aux aspects stratégiques, en vue de la stabilité à atteindre, en matière nucléaire, entre les Étas-Unis et la Fédération de Russie. De même et de nos jours, la différente régulation des échanges en termes de barrières tarifaires et de prélèvements fiscaux par l'Administration Trump, s'est faite sentir par la prise de conscience de la dangerosité, structurelle et sociale, de la désindustrialisation. Dès lors, a commencé une surenchère de menaces de la part des États-Unis, sans distinction de pays ou d'aires économiques, au nom de l'instinct protecteur du peuple américain. Or la mondialisation, qui avait fait disparaître les oppositions et les séparations traditionnelles entre l’État et la société et avait mis en exergue la contradiction entre la démocratie et l'Etat impérial, a rabaissée le rôle politique de l’État à une fonction technique, de gestionnaire du développement capitaliste. Cette même mondialisation, dont l' apogée date de la première décennie du XXIème siècle, s'inverse progressivement en son contraire, la démondialisation et la réémergence du politique. C'est le moment culminant du monde unipolaire.

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

La démondialisation est l'irruption de la politique dans un monde dépolitisé, l'éveil des oppositions anti-système au cœur de cadres politiques exsangues, neutralisées par la bifurcation d'économie et d'éthique, sous laquelle se cache toujours une pluralité de projets de domination, d'exclusion et de puissance .

En effet, si la mondialisation fut, à l'Est, la conséquence libératrice de la fin du monde bipolaire et des régimes totalitaires (chute du mur de Berlin et fin de la division de l'Europe), elle fut aussi la mère anesthésiante, à l'Ouest, d'une grande illusion, celle d'un monde post-historique, post-national et post-identitaire, un monde dépossédé des passions humaines, culturellement aliéné et embrigadé par l'Amérique.

Ainsi, la démondialisation apparaît aujourd'hui, au plan de la connaissance, comme un retour de l'histoire, de l'existence tragique du monde, de la "jealous emulation", de l’État national et de la souveraineté décisionnelle. Elle est aussi le retour, en Europe, de la différenciation, civilisationnelle et raciale, par opposition à un univers indifférencié, homogène, d'apparence universelle et dissimulateur des ennemis, déclarés et visibles.

La mondialisation a désarmé les nations européennes par son utopie de reconstruction du monde sans effusion de sang et par la négation du sens de la violence armée et des conflits militaires; négation irénique, portée par les fils des fleurs dans la célébration mythique de la culture hippie de Woodstock à la fin de la guerre du Vietnam, par les sitt-in des campus américains et par la vocation déstructurante de Mai 68.

Et enfin la mondialisation a étreint l'Europe, spirituellement amorphe, entre l'Amérique impériale et l'immense Eurasie des tsars, de l'Empire du milieu et du Soleil Levant.

Peuple, populisme et nouveau "compromis historique"

Au sein des vieux cadres institutionnels, l'irruption du politique a sonné, en Europe, l'éveil des peuples, sous la bannière inattendue du populisme, suggérant l'exigence d'un nouveau compromis historique entre le demos et les élites.

C'est au plan spirituel et historique que la démondialisation représente au fond l'achèvement de l'ère des neutralisations et des dépolitisations, débutée il y a deux siècles et le retour aux antithèses de la démocratie et de l’État constitutionnel libéral, faisant de l'évolution de la forme d’État, un piler de référence et de protection, qui, parti de l’État absolu du XVIIIème, a abouti d'abord à l’État neutre ou non interventionniste du XIXème, puis à l’État total du XXème et enfin à l’État gestionnaire d'aujourd'hui.

Ce type d’État a égaré sa raison d'être profonde, la sécurité des citoyens et l'identification de l'ennemi et recouvre désormais la représentation d'un demos hostile et islamisé, conjuguant,en sa forme fusionnelle, l'irrationalisme éthique des religions et le fanatisme fondamentaliste des idéologies.

Par ailleurs, la société civile est devenue la proie de cet ennemi intérieur, un conglomérat étranger, invasif, déraciné et violent, politiquement enhardi contre les intérêts et les besoins, mais aussi les convictions, les valeurs et les formes culturelles de vie, appartenant aux traditions européennes, détournées de la civilisation occidentale.

Le peuple, menacé de désagrégation par une immigration massive, a-t-il voté pour sa mise à mort démographique?

De figure secondaire et apparemment inessentielle à la mondialisation, l’État souverain est devenu à nouveau incontournable et le "peuple" resurgit contre la démocratie, convertie en utopie diversitaire et en régime mis sous tutelle par les juges et par leurs sanctions liberticides.

Le "peuple", cette figure exaltée et honnie de l'histoire, fera-t-il table rase de la "révolution" multiculturelle, en sujet vengeur de son aliénation forcée et en réaction à sa mise à mort identitaire ? Une mort qui commence par la dissolution de son histoire et de son passé, promue par le gauchisme intellectuel et par le recours à une "histoire métissée" (P. Boucheron).

Sera-t-il cagoulé et corseté, dans la chemisole de force d'une souveraineté des élites, affranchie de tout contrôle référendaire et échappant à la colère du "souverainisme" populaire?

Une insurrection d'ampleur mondiale (Ivan.Krastev) apparaît de moins en moins comme une hallucination intellectuelle, car la réponse à l'irruption du politique à l'âge de la démondialisation se résume à la question : "l'Ouest doit-il adopter ou refuser  la démocratie illibérale théorisée à l'Est?"

La démocratie illibérale et l’État souverain, entre compétition économique et compétition politique

Or, si la fonction du politique se transforme dans les démocraties avancées, la démondialisation fait du peuple un acteur incontournable des contre-pouvoirs, un sujet de changement qui arrive au pouvoir, pour restaurer la démocratie trahie par les élites cosmopolites.

En termes politiques, la mondialisation a représenté la dissolution et le déclin de l’État classique européen, celui du "Jus publicum Europaeum", comme cadre des relations inter-étatiques, qui s'est fragmenté et polarisé depuis. Ce cadre, dominé par les appétits de puissance, demeure celui de toujours, le champ d'une compétition belliqueuse, où l'état d'hostilité et de guerre peut reprendre à tout instant, puisque, dans le monde des Léviathans, "Pugna cessat, bellum manet" (le combat cesse, mais la guerre demeure).

Ainsi, en guise de synthèse, si la mondialisation a été emblématisée par la chute de la bipolarité et la financiarisation de l'économie mondiale, russe et chinoise, la démondialisation représente la crise politique et morale de ce système et ouvre sur  une série de conflits qui se succèdent et s'installent dans la durée, de nature ethnique, sociale et  géopolitique: en Europe, le Brexit, l’Ukraine, l'invasion migratoire et, à proximité immédiate, la Syrie, l'Irak, l"État Islamique, la Turquie, reconfigurant les alliances et secouant leurs fondements et leurs principes (l'Otan en état de mort cérébrale - E.Macron).

Dans le système international, le déplacement du centre de gravité du monde de l'Ouest vers l'Est et, en ce qui concerne l'Occident, la rupture de légitimité entre les peuples et leurs élites et la crise de l’État démocratique, ajoute à ces critères, un épuisement des formes dominantes de pensée, qui quittent le terrain de la morale humanitaire et des droits de l'homme, pour s'orienter, dans les relations inter-étatiques, vers le réalisme et, dans les relations internes, vers le conservatorisme et le populisme.

A ce sujet,une nouvelle séparation prend forme en Europe entre les États libéral-démocratiques de l'Ouest et les États illibéraux de l'Est.

La fin du "statu quo " et la critique de la modernité

En effet, la crise du mondialisme et l'inversion de son son procès, la démondialisation, marquent la fin de la légitimité du "statu quo" et celle de l'institution qui l'emblématise, l'Union Européenne, puissance antithétique aux mouvements de l'histoire.

Or, dans l'impossibilité de faire revivre le passé, se pose l'éternelle question de toute impuissance politique: "Que faire face à l'avenir?"

La restauration du passé est donc une restauration du mouvement de l'histoire , le refus du primat de la société civile sur l’État et le retour des passions politiques, populaires et nationales. C'est aussi le retour du religieux qui structure le rapport au monde du sujet collectif et qui appelle à la critique de la modernité radicale et à l'esprit de déconstruction qui l'accompagne

Comme inversion du pouvoir globalisé, la démondialisation met en crise les tyrannies modernes, déconnectées du réel, dispersées en oligarchies solidaires et dressées contre les intérêts des "peuples".

La "gnosis globalisante", la vengeance de l'histoire et le temps des orages

Aux grandes portes de l'avenir, l'optimisme le plus débridé s'attend à un nouveau krash mondial, signalé par la névrose d' un ralentissement économique synchronisé et par une démondialisation étendue.

Celle-ci comporte l'enchaînement disruptif de trois arcs de crise, du Sud-Est asiatique, du Proche et Moyen Orient et de l'Europe de l'Est, secoués par une confrontation des modèles économiques, sociétaux et culturels, que le choc de civilisations, opposant Orient, Occident et Islam, aggravera avec force incendiaire.

Ainsi le siècle que nous vivons verra la coexistence d'une nouvelle guerre froide, d'une confrontation globale permanente et d'une lutte de classe des peuples et des nations, à l'échelle continentale.

L'âge des révolutions et des guerres civiles n'est pas terminée, car une immigration massive et incontrôlée fera de la démographie, de la religion et de la culture le terrain privilégié d'un affrontement, armé et violent, où se décidera du sort de l'Occident.

Portant atteinte à l'être des nations, la "gnosis globalisante", ouvrira un horizon de vide intellectuel sur la fin d'un monde, travaillé confusément par la déconstruction du passé et par la recherche d'une espérance, qui était assurée autrefois par les grandes métaphysiques et promise, puis trahie, par les trois concepts-clé de la modernité et de la révolution des Lumières, "liberté, égalité, fraternité".

Pendant ce temps, à l'âme corrompue et malade, le monde européen, abandonné par sa civilisation, connaîtra la déshérence existentielle, avant le moment des orages et la vengeance de l'histoire.

 

Bruxelles, le 9 novembre 2019

lundi, 18 novembre 2019

Tarte à la crème et superstition : « l’Etat de droit »

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Tarte à la crème et superstition: «l’Etat de droit»

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

 

Sur les plateaux de télévision, journalistes de cour et politiciens, nous resservent, jusqu’à la nausée, l’expression « Etat de droit ». Il s’agit d’un concept frauduleux qui ne veut rien dire et dont ils seraient bien en peine de nous donner même l’orthographe.

Faut-il écrire en effet « Etat de droit », avec une majuscule, ou « état de droit », sans majuscule ? La question est bonne car si l’on parle « état de droit », on parle d’une situation comme dans « état d’urgence » ou « état de siège ». Mais si l’on parle « Etat de droit », on parle d’un « corps politique » comme dans « Etat souverain » ou « Etat démocratique ». C’est tout au-moins la définition de l’Académie française qui précise : « Ainsi écrit-on : Rousseau imagine le passage de l’état de nature à l’état de droit mais La République française est un État de droit ».

N’allons pas si vite !

Si l’on parle « état de droit », on parle donc d’une situation dans laquelle les individus sont en état de disposer de « droits », ou de faire valoir un droit. De ce point de vue, l’ancien régime organise un « état de droit » tout comme d’ailleurs l’Etat soviétique, ou même n’importe quel autre Etat, puisque tous accordent des droits à leurs ressortissants !  Il y a un droit d’ancien régime, un droit soviétique, un droit Khmer rouge ou un droit musulman, comme il y a un droit républicain. Les individus, quels que soient l’époque et le lieu, sauf s’ils sont esclaves (et encore !), évoluent le plus souvent dans un « état de droit ». Mais, bien sûr, sous peine de s’interdire de sublimer l’Etat républicain, ce n’est jamais avec une minuscule que journalistes de cour et politiciens appréhendent « l’Etat de droit ».

Il faut remonter à Rousseau pour comprendre comment le concept s’est progressivement doté d’une majuscule. Le philosophe décrit le passage de « l’état de nature » à « l’état civil ». Or, « l’état civil » dont il est question ici, l’Académie française le souligne, correspond effectivement à « l’état de droit ». L’état de nature correspond à une époque où les hommes, vivant isolés les uns des autres, disposaient de droits issus de leur nature (sic !). Ce sont les « droits naturels » : la liberté, le droit de posséder des biens, la sûreté, la résistance à l’oppression. L’état de droit correspond quant à lui au moment où les hommes isolés établissent un « Contrat » par lequel ils font société, en échange de quoi la société ainsi créée s’engage à protéger leurs anciens droits naturels. Cette « agrégation » (Rousseau) humaine forme ainsi une « république » centrée autour des droits naturels de l’Homme. La liberté naturelle, écrit Rousseau devient la liberté civile. Les possessions deviennent des propriétés. Bref, la vie des individus autrefois régit par leur nature (« état de nature ») est désormais régi par le droit (« état de droit »).

On sait que la République « française » se veut agrégation d’individus selon les termes d’un contrat social, ou pacte républicain. Or le contrat en question est constitutionnellement fondé sur les droits naturels de l’Homme, droits qu’énonce la Déclaration des droits de l’homme, Déclaration qui forme le préambule de la Constitution du régime et que les républicains ont judicieusement placé au sommet de la hiérarchie des normes. L’Etat républicain étant soumis à un droit supérieur à lui-même, qu’il ne peut violer (les droits naturels de l’Homme), on considère qu’il est une simple « personne morale » soumise au droit comme le sont les individus. Tour de passe-passe idéologique : il devient alors un « Etat de droit » !

Ainsi, de l’état de nature, on est passé  à l’état de droit (avec une minuscule). Puis de l’état de droit (avec une minuscule) on est passé à L’Etat de droit (avec une majuscule) ! Il s’agit d’une véritable escroquerie intellectuelle :

  • Les droits naturels n’existent pas. C’est une fable pour enfants. La nature ne concède pas plus de droits à l’homme qu’à la mouche ou au ver de terre. D’éternité, le seul droit naturel qui existe est le droit du plus fort. C’est triste, mais c’est ainsi.
  • L’état de nature n’existe pas davantage : les hommes ont toujours vécu en société, même aux temps simiesques ! Et comme toute société, même simiesque, concède des droits (et des devoirs) à ses membres, nous pouvons dire que les hommes ont toujours vécu dans un état de droit.
  • L’état de droit n’est donc pas plus lié au droit naturel qu’au Contrat social. C’est la situation des hommes qui vivent en société.
  • La prétendue soumission du régime aux lois d’une Transcendance absolue, qu’il a lui-même imaginé pour le servir et assurer sa pérennité, nonobstant l’hypocrisie de la construction, fait de ce régime un régime théocratique. C’est en effet la marque de tous les régimes théocratiques que de se soumettre à un droit supérieur à eux-mêmes. Sont-ils des Etats de droit d’un point de vue républicain ? L’Etat islamique (Daesch) se soumet à la Charia. Est-ce un Etat de droit ?    

Revenons sur ce dernier point car il exprime toute la duplicité du régime. Imaginez un régime qui refuse qu’on le remette en cause (Constitution, code pénal…) ; imaginez un régime qui fabriquerait une Transcendance (les droits naturels de l’Homme) qui le justifierait de ses lois ; imaginez un régime qui nommerait des prêtres (les juges) pour interpréter les lois des hommes selon leur conformité aux lois de la Transcendance ; imaginez que l’interprétation de ces haruspices conforte toujours la république universelle au détriment de la nation… et vous aurez une idée très claire de ce qu’est la république « française ».

L’idée que la république est un Etat de droit en raison de sa soumission à des règles révélées, relève d’une foi corrompue et d’une croyance délirante. La République n’est pas un Etat de droit. C’est un Etat morphothéocratique, qui ne se distingue en rien des Etats théocratiques que nous connaissons, si ce n’est qu’il a lui-même inventé un dieu sur mesure, pour servir ses intérêts sociopolitiques et réaliser une universalité fantasmée depuis 1789.

La République n’est pas un Etat de droit : c’est un droit d’Etat. Un droit d’Etat totalitaire qui produit un état de droit dans lequel seuls les individus abstraits sont reconnus, un droit d’Etat qui dissout les peuples et qui engendre des agrégats artificiels. 

Nous avons parlé des haruspices. Dans l’antiquité, ils ouvraient les entrailles des animaux pour connaître la volonté divine. Aujourd’hui, ce sont des Juges qui ouvrent les Tables de la Loi naturelle pour dire les volontés de la Transcendance. La comparaison s’arrête là, car même si les haruspices étaient consultés à Rome, ils n’avaient aucun pouvoir. Nos haruspices modernes, juges du Conseil d’Etat, membres du Conseil constitutionnel, magistrats… sont les gardiens républicains du dogme révélé et leurs sentences sont exécutoires. Pour le plus grand bien de la République, qui s’affranchit ainsi du peuple : voici venu le temps du « gouvernement des juges » !

Il ne faut donc pas se laisser enfermer dans la mythologie de l’Etat de droit. Accepter cette idée, c’est accepter la fable des « droits naturels », c’est accepter l’idée que ces « droits naturels » révélés et déifiés constituent une transcendance dont la République serait l’Eglise et les juges des prêtres. C’est surtout oublier que la République est pour notre peuple une tyrannie qui s’est imposée et perpétuée avec une violence inouïe et un droit aussi arbitraire que populicide.

Face à la superstition républicaine des droits naturels et aux croyances irrationnelles en l’Etat de droit, il nous faut donc affirmer que ce sont les peuples qui sont au sommet de la hiérarchie des normes, et non la religion des droits de l’Homme ! Autrement dit, si l’obscurantisme idolâtre la superstition bricolée, l’autochtonisme doit évoluer dans la lumière des peuples enracinés.

Antonin Campana

dimanche, 17 novembre 2019

Alexander Markovics: La place de l’Europe dans un monde multipolaire – éléments d’une pensée populiste révolutionnaire

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Alexander Markovics:

La place de l’Europe dans un monde multipolaire – éléments d’une pensée populiste révolutionnaire

Ex: https://katehon.com

Le monde multipolaire naissant est une révolution géopolitique. Elle marque non seulement un changement de paradigme par rapport au court moment unipolaire établi par les États-Unis après 1991, mais aussi la fin de l’hégémonie occidentale. Le processus de multipolarité en cours est en faveur des différentes civilisations et contre le projet libéral de mondialisation. Alors que la mondialisation tente d’unifier le monde sous un seul système politique, une seule idéologie et une seule civilisation, la multipolarité proclame la diversité des différents systèmes politiques, des différentes idéologies et des différentes civilisations.

La multipolarité et le moment populiste

La question se pose donc :« Quelle est la place de l’Europe dans ce monde multipolaire ? » La position actuelle de l’Europe est dans l’orbite des États-Unis. Après 70 ans d’atlantisme, l’Europe semble incapable d’exprimer ses propres intérêts géopolitiques. Mais comme Hölderlin l’a dit : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Le moment populiste a donné naissance à des mouvements comme les Gilets jaunes et les partis de toute l’Europe qui déclarent la guerre aux élites libérales. Mais même les mouvements et partis populistes manquent d’une stratégie conséquente contre le mondialisme et le libéralisme. Les attaques des mondialistes sont dirigées contre le cœur de la civilisation européenne. Le christianisme et ses églises sont profanés, les peuples se dissolvent dans les « eaux glacées du calcul égoïste » (dixit Karl Marx), la famille est défiée en tant qu’elle serait un instrument d’oppression, la différence des sexes est attaquée pour représenter le patriarcat dans l’idéologie dominante du genre, pendant que le transhumanisme veut même abolir l’humain pour libérer l’individu. Pour résumer le péril actuel : le libéralisme attaque sur plusieurs fronts. Or, les populistes ne décident de se battre que sur quelques-uns d’entre eux, surtout parce qu’ils ne comprennent pas l’importance de ces batailles. Jusqu’à présent, ils ne remettent en question que certains aspects de l’hégémonie libérale et n’ont pas une vue d’ensemble de la situation. Ils appellent à la fin des migrations massives, mais ne remettent pas en cause l’OTAN qui détruit la patrie des peuples du monde entier. Ils restent silencieux sur le problème du capitalisme qui détruit leur propre culture et leur religion chrétienne, tout en criant « N’islamise pas notre américanisation ! »

Les deux pères fondateurs de la pensée populiste révolutionnaire: Gramsci et Schmitt

Tous ces aspects de la guerre intellectuelle qui sévit actuellement en Occident nous montrent le gravite apocalyptique du moment historique que nous vivons. Il est donc plus important que jamais de prendre les armes et de choisir un camp. Dans le cas de l’Europe, nous pouvons choisir entre les élites actuelles et leur fin de l’Histoire, ou la cause des peuples et la continuation de l’Histoire. Ce qui fait actuellement défaut aux populistes de toute l’Europe, c’est une théorie révolutionnaire. Mais où peuvent-ils la trouver? Il faut d’abord regarder dans l’entre-deux-guerres où l’on retrouve l’intellectuel communiste Antonio Gramsci et le conservateur révolutionnaire allemand Carl Schmitt. Dans la pensée de Gramsci, nous pouvons examiner sa théorie de l’hégémonie afin de mieux comprendre comment fonctionne le régime libéral actuel. Si nous adaptons correctement les idées d’Antonio Gramsci, nous nous rendons compte que nous retrouvons l’idéologie libérale non seulement dans des phénomènes comme les migrations massives et la détérioration de la sécurité intérieure ou de l’économie capitaliste, mais aussi dans l’unipolarité géopolitique et surtout dans le domaine culturel. Par conséquent, une résistance contre l’hégémonie libérale sur l’Europe reste futile, si elle n’est dirigée que contre un aspect de celle-ci. Si le populisme ne vise qu’un ou deux aspects de l’hégémonie, il reste un exemple de plus de « modernisation défensive » et échouera à long terme, comme l’a déclaré la philosophe politique Chantal Mouffe. L’émergence du populisme signifie que le politique est revenu en Europe et que nous, Européens, pouvons choisir entre différents projets hégémoniques. Le libéralisme n’est qu’une possibilité. Un populisme révolutionnaire orienté autour des principes de la Quatrième Théorie Politique en est une autre. Telles sont les conditions intellectuelles préalables à une Europe souveraine dans un monde multipolaire.

Le pouvoir tellurique, Katehon Europa et l’État-nation

Dans le domaine de la géopolitique, les populistes doivent redécouvrir l’opposition de Carl Schmitt entre terre et mer. Schmitt met en évidence le lien entre la puissance maritime et les idées progressistes, et d’autre part le lien entre la puissance terrestre et le conservatisme. Comme Alain de Benoist l’a encore formulé en se référant à Zygmunt Baumann, la puissance de la mer essaie de tout transformer en état liquide, donc elle « liquéfie » le capital et les migrants pour les laisser circuler comme la mer.Pour résister à la mondialisation, l’Europe a besoin de devenir un « Katehon Europa », sur le modèle du concept inventé par Carl Schmitt de grand espace européen uni, afin qu’il puisse se dresser contre l’Antichrist. À bien des égards, cela signifie que l’Europe doit revenir à ses racines géopolitiques. Tout d’abord, elle doit reconnaître que l’État-nation, en tant qu’enfant de la modernité, a) n’est plus en mesure d’assurer sa sovereniteet b) n’est pas un protecteur du peuple, mais un agent des intérêts bourgeois.

Le sujet de la pensée populiste: le peuple

Le développement d’une pensée populiste révolutionnaire nécessite de mettre l’accent sur le sujet du peuple. Contrairement à la nation, le peuple n’est pas une communauté artificielle, mais un organisme historique. Il ne s’agit pas d’individus isolés, mais de personnes qui trouvent leur place au sein de la communauté. Alors que les nations ne connaissent qu’une humanité politiquement accentuée au-dessus d’elles et trouvent leur conclusion logique dans l’état actuel du monde, les différents peuples sont des pensées de Dieu comme le conclut Herder. Au-dessus des peuples, nous ne trouvons que les civilisations, composées de différents peuples partageant la même religion, la même histoire et le même espace commun. Chaque peuple isolé est condamné à être liquidé par l’Occident, mais unis comme une civilisation, ils peuvent contrer la tempête.

La multipolarité et le Heartland distribué

Il est donc impératif qu’une civilisation européenne unie forme un empire commun au sens traditionaliste afin de garantir la paix au niveau national et de défendre sa souveraineté face à l’assaut mondialiste. De plus, la montée des civilisations russo-eurasienne, chinoise et iranienne-chiite a prouvé ce qu’Alexandre Douguine appelle le Heartlanddistribué. Il n’y a pas qu’un seul Heartlandcomme l’envisage Halford Mackinder, mais plusieurs. En tant qu’Européens, nous en avons un, l’un d’entre eux, notre Heartlandspécifique de l’Europe. Cela signifie que nous devons abandonner le « fardeau de l’homme blanc », le messianisme libéral des droits de l’homme, la (post-) modernité, le progrès et les Lumières. Nous devons nous confronter à la xénophobie. Ce n’est que lorsque nous aurons abdiqué notre arrogance et nos superstitions que nous pourrons prendre place parmi les civilisations égales et revenir à notre héritage chrétien traditionnel. Si les populistes européens tirent les fruits de ces leçons, en laissant de côté les différences entre la gauche et la droite et en formulant un programme révolutionnaire dirigé contre la mondialisation et le libéralisme dans toutes ses dimensions, ils peuvent gagner. La multipolarité dans sa dimension intellectuelle et géopolitique est la clé pour rendre à l’Europe son destin. Mais comme dans toute lutte de libération, les Européens eux-mêmes doivent faire le premier pas pour sortir de l’hégémonie occidentale.

La fin du césarisme: réflexion et autocritique comme clés de la multipolarité européenne

Une théorie révolutionnaire doit permettre non seulement aux populistes de toute l’Europe de faire la différence entre ami, ennemi et ennemi principal, mais aussi de créer une stratégie pour libérer l’Europe du libéralisme. Une théorie sophistiquée permet également l’autocritique et met fin au césarisme insouciant au sein des mouvements et partis populistes. Des exemples tragiques de gouvernements populistes qui échouent à cause du césarisme comme en Italie et en Autriche appartiendraient au passé.

Multipolarité: les civilisations unies contre le mondialisme

Comme on peut le voir, la multipolarité offre de grandes chances de lutter contre les forces de la mondialisation pour mettre fin à leur avancée. Nous en avons été témoins sur le champ de bataille syrien, où la Russie et l’Iran ont empêché la chute du Président Bachar al-Assad et la montée de l’État islamique. Au Venezuela, la Russie et la Chine ont réussi à aider le Président Maduro à résister à la déstabilisation et au changement de régime orchestré par les États-Unis. Si nous considérons ce potentiel d’un front anti-impérialiste composé de différentes civilisations unies contre la mondialisation, il serait logique que l’Europe s’y joigne aussi à long terme. Il est donc impératif pour l’Europe de laisser l’Occident derrière elle et de former son propre pôle dans l’ordre mondial multipolaire à venir.

Source : Fluxing 

vendredi, 15 novembre 2019

Démocratie illibérale ou démocratie libérale?...

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Démocratie illibérale ou démocratie libérale?...
 
par Hervé Juvin
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au libéralisme comme ferment de dissolution de la démocratie. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

Démocratie illibérale ou démocratie libérale ?

Publiée à l’initiative de l’ONG « Open society », une récente étude conduite dans six pays de l’Est européen traduit une défiance croissante envers la démocratie, accusée de ne pas tenir ses promesses. L’étude fait écho aux déplorations rituelles entendues au Parlement européen au sujet des menaces sur la démocratie que feraient naître les populismes, les nationalismes et les régimes autoritaires. Sont visés les habituels suspects : la Hongrie, la Pologne et autres démocraties désignées comme « illibérales » par leurs accusateurs.

La démocratie libérale en « Occident »

La démocratie se porte mal, chacun le constate. Mais tous oublient de définir leur sujet ; qu’est-ce que la démocratie ?

L’histoire de longue période répond, c’est l’autonomie des peuples. Leur capacité à décider eux-mêmes de leurs lois, de leurs mœurs, des conditions d’accès à leur territoire, de qui les dirige. Et c’est la conquête des Lumières et de la liberté politique, contre l’hétéronomie qui fait tomber la loi d’en haut, du Roi, de Dieu ou du Coran.

Si démocratie signifie autonomie du peuple et respect de la volonté populaire, c’est sûr, la démocratie se porte mal. Des exemples ?

Aux États-Unis, la CIA prétend défendre la démocratie contre un Président élu. Dans un entretien surréaliste, Paul Brennan et l’ancien directeur de la CIA affirment leur légitimité à défendre les États-Unis contre le Président Trump. Chacun sait la part que FBI et CIA, devenus États dans l’État, jouent dans la succession de complots visant à destituer le Président élu. Au nom d’une légitimité procédant d’un autre ordre que celui de l’élection et manifestement supérieure à elle ; désignés par Dieu, sans doute ?

Partout en Europe, en particulier en Hongrie, des ONG et des Fondations financées de l’étranger, notamment par MM. George Soros, Bill Gates, les Clinton et quelques autres, prétendent changer la culture et l’identité des peuples européens à coup de milliards et des réseaux qui contrôlent une grande partie de la presse, des élus et des think tanks européens.

Démocratie ? Non, usurpation du pouvoir. Capacité de nuire par l’achat des consciences et des lois. Ploutocratie manipulant les minorités bruyantes pour terroriser les majorités. Et nouvelle hétéronomie qui donne le pouvoir à l’argent, et permet aux mafias de la gestion financière, des big pharma ou de l’agro business de choisir les dirigeants avant tout vote — voir le Brésil, ou la France.

En Grande-Bretagne, le Parlement britannique a fait échouer toutes les tentatives de rendre effective une décision votée par referendum à une claire majorité ; sortir de l’Union européenne. Face à Theresa May comme à Boris Johnson, le Parlement croit agir au nom de mandats qui délèguent aux députés le pouvoir de voter au nom du peuple ce qu’ils jugent bon, contre la volonté du peuple, alors que les Tories demandent que le Parlement respecte la volonté du peuple exprimée par referendum.

Chaque jour ou presque, au nom de l’idéologie de l’individu qui ignore le citoyen, au nom des « LGBTQ+ » qui priment la famille, au nom de l’industrie du vivant qui entend faire de la reproduction humaine et du corps humain un produit comme les autres, le Parlement européen déclare, dispose et vote des textes contre lesquels la majorité des peuples européens se dresse. Chaque jour ou presque, des juges, des cours et des comités bafouent le sens commun, l’opinion et la volonté de la majorité des Européens. Et chaque jour, le droit de l’individu détruit un peu plus ce qui reste de la démocratie en Europe.

Libéralisme contre démocratie ?

La situation est sans ambigüité ; le libéralisme est devenu le pire ennemi de la démocratie. La liberté de l’individu qui nie le citoyen et détruit l’unité de la Nation en finit avec la liberté politique, la seule qui compte vraiment. Car les droits de l’individu sont devenus une nouvelle hétéronomie, dont les juges sont les imams et les tribunaux, les mosquées d’où émanent les fatwas contre tous ceux qui osent mettre en cause l’individu tout puissant, sa pompe et ses œuvres. De sorte que ce sont aujourd’hui les démocraties dites « illibérales » qui portent le combat pour la démocratie en Europe, le combat pour la loi de la majorité contre la dictature des minorités.

Dans l’Union européenne comme ailleurs dans le monde, ce ne sont pas les démocraties illibérales qui sont le danger, c’est l’autoproclamation des juges et des cours constitutionnelles en censeurs du vote et des élus.

Qui croit que les lois votées en France ou les directives européennes ont quoi que ce soit à voir avec la volonté des Européens ? Quelle majorité pour l’invasion migratoire, pour la ruine des territoires par les traités de libre-échange, pour la destruction des sols et de la vie par les usuriers du vivant, pour le commerce du corps humain ?

Le coup d’État du droit qui permet aux juges constitutionnels d’invalider n’importe quelle loi votée par les Assemblées, au nom d’une interprétation libre de préambules lyriques et verbeux qui ne disent rien et qui peuvent tout justifier (rappelons qu’en vertu des préjugés de l’époque, les Déclarations des Droits américaines de 1776 ou françaises de 1789 ne s’appliquaient ni aux femmes, ni aux esclaves, ni aux peuples colonisés, invisibles aux constituants ; qui saura dire quels préjugés de notre époque donnent lieu aux mêmes aveuglements dans nos interprétations actuelles ?).

Voilà la nouvelle hétéronomie qui assujettit les Nations, muselle les peuples et explique la montée délétère de l’abstention — il ne sert à rien de voter, puisqu’un juge pourra invalider votre vote, et l’argent d’un corrupteur étranger pourra changer la loi !

La démocratie illibérale, l’avenir ?

Les démocraties illibérales le seraient-elles seulement parce qu’elles répondent à la volonté de la Nation, pas à celle d’une poignée de milliardaires et de leurs complices assurés du monopole du Bien ? Seraient-elles alors tout ce qui reste en Europe de démocratie, de Nation et de liberté politique ? La question appelle une réponse nuancée ; les démocraties illibérales sont bel et bien des démocraties si elles respectent le principe du suffrage universel, si elles acceptent l’alternance et si elles refusent le recours à la force, celle de l’armée ou de milices. 

Il y a urgence à restaurer la démocratie en Europe. Face à la tentative de conquête islamiste de territoires en Europe, face à l’intensification des opérations de soumission européenne aux ordres de l’étranger, rendre le pouvoir au peuple est la révolution démocratique à venir. Elle passe par le dessaisissement des cours constitutionnelles du pouvoir d’interpréter la Déclaration des Droits de l’Homme, par le rétablissement du gouvernement des hommes sur la gouvernance des choses, par la restauration des liens entre le droit, l’État, et la Nation.

Elle passe par le contrôle des ONG et des Fondations qui doivent rentrer dans les frontières, dans les Nations et dans la loi. Elles passent par la nationalisation d’Internet, qui ne peut être le lieu de la destruction de l’unité nationale et de la liberté politique — la liberté de ne pas être conforme, la liberté de rester soi-même, la liberté de dire « nous ». La lutte anti corruption, anti-blanchiment, anti-ingérence, commence par la transparence sur la provenance des fonds des ONG, sur leurs liens avec des journalistes et des médias, sur l’indépendance des sources d’information. Le temps est venu de réaffirmer cette condition de la démocratie ; l’argent ne donne aucun droit à l’influence ni au pouvoir. La ploutocratie est la ruine de la liberté politique.

Ceux qui n’ont que le mot de « démocratie » à la bouche devraient y réfléchir à deux fois. Car la révolution démocratique est en marche. Elle vient de l’Est, elle vient de ceux qui savent ce que « demeurer » veut dire, elle nous conduit vers des horizons inconnus — soigneusement cachés. Mais les âmes sensibles et les esprits libres voient déjà la lumière qui se lève en Europe, et qui va rendre à la démocratie son tranchant et son fil.

Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 7 novembre 2019)

dimanche, 03 novembre 2019

Carl Schmitt : La distinction ami-ennemi comme critère du politique, Tristan Storme

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Carl Schmitt : La distinction ami-ennemi comme critère du politique, Tristan Storme

 
Sulfureux à plus d’un titre, le juriste allemand Carl Schmitt a défini la notion de politique en accordant une place centrale à l’ennemi, qui serait d’après lui « notre propre question en tant que figure ». La communauté politique ne se déterminerait comme telle qu’en désignant l’hostis par l’intermédiaire d’une décision étatique, c’est-à-dire en décidant d’entrer en guerre. Seul l’État serait, par ailleurs, apte à garantir la paix interne et la pluralité des États souverains assurerait l’équilibre pacifié du continent européen. La genèse du politique et les conditions de son maintien s’expliqueraient à travers une série de notions fondamentales (l’ami, l’ennemi, la pluralité des États), impliquant toujours l’appareil étatique comme titulaire de la souveraineté, et donc le rejet d’un concept constitutif d’humanité. Tristan Storme est maître de conférences en sciences politiques à l’université de Nantes et membre du laboratoire de recherche Droit & Changement Social. Ses recherches et son enseignement concernent notamment la pensée de Carl Schmitt, juriste et philosophe allemand sur lequel il a publié : Carl Schmitt et le marcionnisme (Cerf, 2008) ; Carl Schmitt, lecteur de Tocqueville. La démocratie en question (dans la Revue européenne des sciences sociales, 2011).
 
Conférence donnée lors des Rencontres de Sophie le 15 mars 2019 au Lieu Unique de Nantes. http://philosophia.fr/activites-renco...
 
Voir tout le programme des Rencontres de Sophie "Guerre et paix", Philosophia, Lieu Unique, Nantes http://philosophia.fr/wp-content/uplo...
 

dimanche, 27 octobre 2019

Sociétés de transparence, sociétés du secret

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Sociétés de transparence, sociétés du secret

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

Nos sociétés de l’information exaltent volontiers la transparence. En politique elle doit favoriser la gouvernance : plus d’ententes clandestines, de manœuvres antidémocratiques obscures, d’intérêts occultes, de crimes enfouis. En économie, on voit en elle une garantie contre les défauts cachés, les erreurs et les tricheries, donc un facteur de sécurité et de progrès. Et, moralement, la transparence semble garantir la confiance entre ceux qui n’ont rien à se reprocher. Dans ces conditions, il est difficile de plaider pour le secret. Ou au moins pour sa persistance voire sa croissance. Et pourtant...

Interdire pour protéger

Première évidence : le secret est indispensable à la survie des organisations ou des individus. Par définition, il distingue, exclut, sépare les initiés de ceux qui n’ont pas le droit de connaître : il fait obstacle à leur bénéfice. Des dispositifs servant à réserver certaines informations à certains détenteurs ont toujours existé ; ce peuvent être des sanctions légales ou sociales contre ceux qui divulguent, l’appel au sens de l’honneur, aux serments ou à la déontologie, l’omerta et l’ésotérisme, mais aussi des murs, des serrures, des vigiles, et bien entendu, des codes, des dispositifs informatiques...

Parce qu’il nous protège et doit se protéger, l’État assure la confidentialité de certains documents sur ce qu’il a fait, ce qu’il peut, ce qu’il sait et ce qu’il prépare - notamment dans les domaines régaliens de la diplomatie, du renseignement, de l’armée ou de la police -. Sinon il serait la proie de ses rivaux et de ses ennemis. Sans parler des terroristes ou des criminels s’ils étaient avertis de tout. De même, une entreprise qui laisserait filer l’état de sa recherche, ses listes de clients, ses projets, ses dossiers avant négociation, etc. serait suicidaire. Le secret produit délibérément de la rareté synonyme de valeur, d’où la nécessité d’en conserver l’exclusivité. Ce principe sous-tend le système de l’argent : pour remplir ses fonctions (thésauriser, mesurer la valeur, échanger) il faut qu’il soit rare et inimitable. Ceci valait du billet de banque dont le papier et le dessin défiaient les faussaires. Ceci vaut pour le chèque ou le virement. Mais ceci vaudra aussi pour le bitcoin : en demandant à un grand nombre de machines d’effectuer des opérations complexes (résoudre des énigmes cryptographiques) afin de « miner » du bitcoin, il permet d’enregistrer collectivement les transactions. L’échange monétaire (qui exige la preuve que A ne possède plus telle somme et que B l’a vu créditée une seule fois) présuppose la synthèse entre la publicité (source de confiance) et le secret (garantie de rareté).

Citoyens, le cas échéant avides de savoir les vilenies des dirigeants ou les scandales des vedettes, nous éprouvons la valeur de l’intimité. Peu de gens poussent l’amour de la transparence jusqu’à s’enchanter de voir diffuser leurs photos privées, leur code bancaire ou leur dossier médical, enregistrer leurs communications et déplacements, ficher leurs opinions, etc.

Aussi le citoyen est tenté de se tourner vers le législateur pour qu’il organise des obligations de publier et des interdictions de savoir. Une des tâches de l’État est de tracer la ligne entre public et privé, entre ce qu’il est bon que l’on puisse vérifier - de la composition d’un aliment sous plastique au patrimoine d’un élu - et ce qu’il est scandaleux de surveiller et de publier. La loi, en établissant le droit au secret, crée un équilibre entre différentes formes de sécurité et de dignité. Il y a compromis entre ce que l’État doit savoir du citoyen et le citoyen de l’État, ce que les médias ont le droit de dire et les entreprises de dissimuler, et ainsi de suite. Le système français est perfectible, mais peu d’entre nous souhaiteraient voir disparaître le RGPD ou la CNIL. Prétendre que nous visons sous l’œil du panoptique ou dans le monde de Big Brother est pour le moins exagéré tant qu’une autorité légitime et contrôlée par le peuple répartit droit de savoir mais aussi des obligations de discrétion en fonction des responsabilités et de ses vulnérabilités.
Pour autant, la question du secret et de la transparence ne peut se réduire à une affaire de bonne volonté politique ou de compromis acceptable.
 

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Fantasmes du secret

Un des premiers paradoxes est celui du rapport contemporain que nous appellerons « culturel » entre imaginaire et secret, ou, si l’on préfère, falsification et transparence. La prolifération des théories complotistes (qui se vantent de percer un secret entretenu par les autorités), l’information dite alternative, la désinformation ou les fake news, reposent sur la conviction partagée par des millions de gens qu’on nous cache tout et qu’on ne nous dit rien. Et sur la faculté qu’ont certains de proposer une autre version de la réalité ou sur des révélations que l’on tenterait d’étouffer.
Bien sûr, il y a toujours eu des rumeurs et des affabulations comme il y a eu des faux historiques. Mais jamais un tel contraste entre, d’une part, l’information disponible, les archives en ligne, le nombre de médias et d’organisations sensés se consacrer à l’information authentique, celui des experts supposés vérifier et analyser, etc., et, d’autre part, le scepticisme de masses. Le secret est souvent supposé ou affabulé : les autorités savent bien qui a tué Kennedy, la Nasa a tourné le débarquement sur la lune en studio, les Juifs ou les Reptiliens décident tout dans l’ombre, on nous dissimule les victimes de telle catastrophe ou tel produit, tel lobby interdit la publication de tel dossier. Armes secrètes, morts cachés, plans dissimulés, reportages censurés, témoignages étouffés, lois du silence, complicités au sein de l’État ou de la société, contradictions présumées entre la « version officielle » et la réflexion des savants indépendants ou des critiques..., tout cela revient régulièrement nourrir une suspicion de masse.

La difficulté est que ce discours peut s’appuyer sur quelques exemples incroyables (par l’importance des faits dissimulés et pourtant connus de milliers de gens). Oui le Goulag existait. Non il n’y a pas eu de charniers à Timisoara ni de génocide au Kosovo. Non Saddam Hussein n’avait plus d’armes de destruction massive. Oui la NSA a bien surveillé des millions de gens (dont Merkel et Hollande). Mais des autorités aient soutenu le contraire et que des centaines de médias aient repris l’antienne. Pour autant, il n’est pas légitime de déduire que tout est trucage et simulacre. On sait la facilité avec laquelle on peut, en particulier sur les réseaux sociaux, fabriquer une théorie ou une « preuve » révélatrice. Elle va vite se propager et se voir reprise et embellie par des communautés en ligne, hors contrôle de ces « garde-barrières » que sont les rédactions des médias.
Du coup, les lois contre les fake news, les interventions des grands du Net, le développement du fact-checking..., et autres se mettent en place et, à leur tour, nourrissent paradoxalement le soupçon. Derrière ce processus, la question de l’accréditation, à savoir de qui décide ce que l’on tient pour vrai.

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Numérique : codes et contrôles

Qui dit affaire de mentalités ou d’idéologies, dit aussi affaire de technologie. Dans les années 90, les pionniers d’Internet saluaient l’avénement d’un monde numérisé où chacun pourrait s’exprimer « sans craindre d’être réduit au silence ou à une norme. » (Déclaration d’indépendance du cyberespace, 1996). Or ce cyberespace est devenu par excellence le lieu de la lutte par et pour le secret. Nos technologies sont bourrées d’énigmes délibérément créées. Prenez votre smartphone : il va vous falloir prouver que vous êtes vous (son propriétaire légitime) soit en exécutant un code secret, soit en mettant votre empreinte digitale unique sur une touche. Puis vous utiliserez des applications qui vantent leur cryptologie robuste. Puis vous passerez votre temps à vous prouver que vous possédez divers secrets (identifiants et mots de passe), pour réaliser des opérations à distance. En cinq minutes vous effectuerez plus de démarches reposant sur des connaissances rares et des moyens de codage que les agents secrets dans les films d’espionnage des années 60.

Et même si vous ne faites rien de mal et pensez n’avoir rien à cacher, il y a au moins trois raisons essentielles pour que vous vous préoccupiez de conserver secret ou anonymat.
La première est évidente : la crainte de la cybercriminalité. Quelqu’un qui s’emparerait de votre code, vous le ferait livrer pas astuce ou contournerait les défenses logicielles de vos appareils, ne se contenterait pas de savoir ce que vouliez garder pour vous. Il pourrait faire des choses à votre place : émettre un faux message, passer une commande, commander une opération, vider un compte, etc. Il pourra donc se substituer à vous si vous défendez mal votre secret.
La seconde raison est que - tout honnête citoyen que vous soyez, aux opinions modérées et confiant dans son gouvernement - vous n’avez peut-être pas envie d’être surveillé par un service d’État. Vous avez sans doute été choqué d’apprendre par les révélations d’Edward Snowden que la NSA compilait des milliards de données sur les identifiants, la géolocalisaiton, le contenu des communications, etc.
Et attendez la conjonction des objets connectés et de l’intelligence artificielle. Pour ne donner qu’un exemple la Chine a doté certains travailleurs sur des chaînes de production ou les trains à grande vitesse de casquette connectées qui détectent leurs états émotionnels, sans doute par les ondes cérébrales. Ce qui leur est peut-être ignoré par eux-mêmes, leurs affects inconscients, leur fatigue est donc connu de l’État ou de la direction.
Troisième raison de conserver ses données ou le secret de ses communications : elles permettent d’anticiper vos comportements futurs. Des algorithmes brassant des quantités de données à votre sujet (dont beaucoup que vous avez communiqué vous-mêmes) anticipent vos goûts (y compris sexuels ou pour l’alcool) et peuvent vous faire, comme dans l’affaire de Cambridge Analytica, des propositions politiques (ne parlons pas des commerciales) qui vous sembleront miraculeusement coïncider avec le message que vous auriez aimé entendre. Nos secrets font leurs pouvoirs.

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Secret et conflit

La dimension culturelle ou technologique ne peuvent se comprendre que par rapport à la nature stratégique du secret. Le garder, percer celui de l’adversaire ou du concurrent, sont, par excellence liées à l’affrontement. C’est pourquoi l’État de dote de services de renseignement et c’est une des bases de l’Intelligence Économique. C’est surtout une des composantes principales des futurs affrontements. Ceci vaut particulièrement dans le domaine militaire et géopolitique où, par exemple, la cyberstratégie tient un rôle déterminant.

Soit l’exemple d’une cyberattaque, menée par un service d’État, un acteur économique ou un groupe idéologique. Elle commence le plus souvent pas garantir son propre anonymat afin de se rendre impossible à attribuer, à distance et sans traces physiques. Puis, elle franchit la défense d’un système informatique : elle pénètre ainsi dans des zones protégées des mémoires pour y prélever des données précieuses et/ou pour y déposer ses propres dispositifs qui continueront à pomper de l’information ou à donner des instructions. Variante : l’attaque peut viser à saboter à l’insu du propriétaire légitime, à détraquer un système de gestion ou de commandement. Un exemple récent : les ransomwares, ces logiciels qui pénètrent dans vos machines et codent vos fichiers (littéralement ce à quoi vous aviez un accès quotidien devient secret pour vous). À vous de payer une rançon (comme par hasard en bitcoins) pour décoder et reprendre la main sur votre document.

Cette forme d’espionnage et de sabotage peut être relayée par une déstabilisation économique ou politique. Dans de récentes élections - Brexit, présidentielle U.S., référendum catalan - on a accusé des manipulations occultes étrangères d’avoir perturbé le processus électoral par de pseudo
Yes comptes, de fausses nouvelles, des intrusions, la diffusion d’informations secrètes (par exemple le « hack and leak » du parti démocrate, technique qui consiste à s’emparer de mails confidentiels pour les mettre sur la place publique et, ici, compromettre la candidate). Même si de tels effets de déstabilisation sont largement fantasmés, ils sont révélateurs de la crise de nos systèmes. Car les institutions étatiques ou économiques savent qu’une organisation comme Wikileaks, voire un simple témoin muni d’un smartphone, peut mettre sur la place publipolue ce qu’ils souhaitaient dissimuler d’un compte en banque à une bavure. Tout est archivé numériquement quelque part, donc tout peut être révélé.

Pour un État, une entreprise, un citoyen, le secret intervient dans tous les affrontements mais aussi dans toutes les formes de sociabilité et d’échange. Ce n’est pas une raison pour devenir paranoïaques. C’est une incitation à mesurer le défi en termes d’intelligence des enjeux, de maîtrise de la technologie et de souveraineté numérique.


Lectures conseillées :
E. Et F.B. Huyghe « Histoire des secrets » (Hazan 2000), Médium n° 37/38 « Le secret à l’ère numérique (Oct. 2013-Mars 2014), Collectif « Le secret au cœur de nos sociétés » (Septentrion 2017)

jeudi, 24 octobre 2019

A quand la décadence finale ? De Salluste et Juvénal à nos jours

 

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A quand la décadence finale ? De Salluste et Juvénal à nos jours

par Tomislav Sunic
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Tomislav Sunic, cueilli sur le site Nous sommes partout et consacré à la notion de décadence. Ancien professeur de sciences politiques aux États-Unis et ancien diplomate croate, Tomislav Sunic a publié trois essais en France, Homo americanus (Akribéia, 2010) et La Croatie: un pays par défaut ? (Avatar Editions, 2010) ainsi qu'un recueil de textes et d'entretiens, Chroniques des Temps postmodernes (Avatar, 2014).

A quand la décadence finale ? De Salluste et Juvénal à nos jours

Les Anciens, c’est à dire nos ancêtres greco-germano-gallo-slavo-illyro-romains, étaient bien conscients des causes héréditaires de la décadence quoiqu’ils attribuassent à cette notion des noms fort variés. La notion de décadence, ainsi que sa réalité existent depuis toujours alors que sa dénomination actuelle ne s’implante solidement dans la langue française qu’au XVIIIème siècle, dans les écrits de Montesquieu.1 Plus tard, vers la fin du XIXème siècle, les poètes dits « décadents », en France, étaient même bien vus et bien lus dans les milieux littéraires traditionalistes, ceux que l’on désigne aujourd’hui, de façon commode, comme les milieux « d’extrême droite ». Par la suite, ces poètes et écrivains décadents du XIXème siècle nous ont beaucoup marqués, malgré leurs mœurs souvent débridées, métissées, alcoolisées et narcotisées, c’est-à-dire malgré leur train de vie décadent.2

En Allemagne, vers la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, bien que moins régulièrement qu’en France, le terme « Dekadenz » était également en usage dans la prose des écrivains réactionnaires et conservateurs qu’effrayaient le climat de déchéance morale et la corruption capitaliste dans la vie culturelle et politique de leur pays. Il faut souligner néanmoins que le mot allemand « Dekadenz », qui est de provenance française, a une signification différente dans la langue allemande, langue qui préfère utiliser son propre trésor lexical et dont, par conséquent, les signifiants correspondent souvent à un autre signification. Le bon équivalent conceptuel, en allemand, du mot français décadence serait le très unique terme allemand « Entartung », terme qui se traduit en français et en anglais par le lourd terme d’essence biologique de « dégénérescence » et « degeneracy », termes qui ne correspondent pas tout à fait à la notion originale d’ « Entartung » en langue allemande. Le terme allemand « Entartung », dont l’étymologie et le sens furent à l’origine neutres, désigne le procès de dé-naturalisation, ce qui n’a pas forcément partie liée à la dégénérescence biologique. Ce mot allemand, vu son usage fréquent sous le Troisième Reich devait subir, suite à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et suite à la propagande alliée anti-allemande, un glissement sémantique très négatif de sorte qu’on ne l’utilise plus dans le monde de la culture et de la politique de l’Allemagne contemporaine. 3


En Europe orientale et communiste, durant la Guerre froide, le terme de décadence n’a presque jamais été utilisé d’une façon positive. À sa place, les commissaires communistes fustigeaient les mœurs capitalistes des Occidentaux en utilisant le terme révolutionnaire et passe-partout, notamment le terme devenu péjoratif (dans le lexique communiste) de « bourgeois ». En résumé, on peut conclure que les usagers les plus réguliers du terme « décadence » ainsi que ses plus farouches critiques sont les écrivains classés à droite ou à l’extrême droite.


On doit ici soulever trois questions essentielles. Quand la décadence se manifeste-t-elle, quelles sont ses origines et comment se termine-t-elle ? Une foule d’écrivains prémodernes et postmodernes, de J.B. Bossuet à Emile Cioran, chacun à sa façon et chacun en recourant à son propre langage, nous ont fourni des récits apocalyptiques sur la décadence qui nous conduit à son tour vers la fin du monde européen. Or force est de constater que l’Europe se porte toujours bel et bien malgré plusieurs décadences déjà subies à partir de la décadence de l’ancienne Rome jusqu’à celle de nos jours. À moins que nous ne soyons, cette fois-ci, voués – compte tenu du remplacement des peuples européens par des masses de peuplades non-européennes – non plus à la fin d’UNE décadence mais à LA décadence finale de notre monde européen tout court.


gobineau.jpgAvant que l’on commence à se lamenter sur les décadences décrites par nos ancêtres romains et jusque par nos auteurs contemporains, et quelle que soit l’appellation qui leur fut attribuée par les critiques modernes, « nationalistes », «  identitaires », «  traditionalistes de la droite alternative, » «  de la droite extrême » et j’en passe, il est essentiel de mentionner deux écrivains modernes qui signalèrent l’arrivée de la décadence bien que leur approche respective de son contenu et de ses  causes  fut très divergente. Ce sont l’Allemand Oswald Spengler avec son Déclin de l’Occident, écrit au début du XXème siècle, et le Français Arthur de Gobineau avec son gros ouvrage Essai sur l’inégalité des races humaines, écrit soixante ans plut tôt. Tous deux étaient des écrivains d’une grande culture, tous deux partageaient la même vision apocalyptique de l’Europe à venir, tous deux peuvent être appelés des pessimistes culturels avec un sens du tragique fort raffiné. Or pour le premier de ces auteurs, Spengler, la décadence est le résultat du vieillissement biologique naturel de chaque peuple sur terre, vieillissement qui l’amène à un moment historique à sa mort inévitable. Pour le second, Gobineau, la décadence est due à l’affaiblissement de la conscience raciale qui fait qu’un peuple adopte le faux altruisme tout en ouvrant les portes de la cité aux anciens ennemis, c’est-à-dire aux Autres d’une d’autre race, ce qui le conduit peu à peu à s’adonner au métissage et finalement à accepter sa propre mort. À l’instar de Gobineau, des observations à peu près similaires seront faites par des savants allemands entre les deux guerres. On doit pourtant faire ici une nette distinction entre les causes et les effets de la décadence. Le tedium vitae (fatigue de vivre), la corruption des mœurs, la débauche, l’avarice, ne sont que les effets de la disparition de la conscience raciale et non sa cause. Le mélange des races et le métissage, termes  mal vus aujourd’hui par le Système et ses serviteurs, étaient désignés par Gobineau par le terme de « dégénérescence ». Selon lui, celle-ci fonctionne dorénavant, comme une machine à broyer le patrimoine génétique des peuples européens. Voici une courte citation de son livre : « Je pense donc que le mot dégénéré, s’appliquant à un peuple, doit signifier et signifie que ce peuple n’a plus la valeur intrinsèque qu’autrefois il possédait, parce qu’il n’a plus dans ses veines le même sang, dont des alliages successifs ont graduellement modifié la valeur ; autrement dit, qu’avec le même nom, il n’a pas conservé la même race que ses fondateurs ; enfin, que l’homme de la décadence, celui qu’on appelle l’homme dégénéré, est un produit différent, au point de vue ethnique, du héros des grandes époques. » 4


Et plus tard, Gobineau nous résume peut-être en une seule phrase l’intégralité de son œuvre : « Pour tout dire et sans rien outrer, presque tout ce que la Rome impériale connut de bien sortit d’une source germanique ».5


Ce qui saute aux yeux, c’est que soixante ans plus tard, c’est-à-dire au début du XXème siècle, l’Allemand Oswald Spengler, connu comme grand théoricien de la décadence, ne cite nulle part dans son œuvre le nom d’Arthur de Gobineau, malgré de nombreuses citations sur la décadence empruntées à d’autres auteurs français.


Nous allons poursuivre nos propos théoriques sur les causes du déclin de la conscience raciale et qui à son tour donne lieu au métissage en tant que  nouveau mode de vie. Avant cela, il nous faut nous pencher sur la notion de décadence chez les écrivains romains Salluste et Juvénal et voir quel fut d’après eux le contexte social menant à la décadence dans l’ancienne Rome.


Juvenal_Nuremberg_Chronicle.jpgL’écrivain Salluste est important à plusieurs titres. Primo, il fut le contemporain de la conjuration de Catilina, un noble romain ambitieux qui avec nombre de ses consorts de la noblesse décadente de Rome faillit renverser la république romaine et imposer la dictature. Salluste fut partisan de Jules César qui était devenu le dictateur auto-proclamé de Rome suite aux interminables guerres civiles qui avaient appauvri le fonds génétique de nombreux patriciens romains à Rome.


Par ailleurs Salluste nous laisse des pages précieuses sur une notion du politique fort importante qu’il appelle « metus hostilis » ou « crainte de l’ennemi », notion qui constituait chez les Romains, au cours des guerres contre les Gaulois et Carthaginois au siècle précèdent, la base principale de leur race, de leur vertu, de leur virilité, avec une solide conscience de leur lignage ancestral. Or après s’être débarrassé militairement de « metus Punici » (NDLR: crainte du Cathaginois) et de « metus Gallici» (NDLR: crainte du Gaulois), à savoir après avoir écarté tout danger d’invasion extérieure, les Romains, au milieu du IIème siècle avant notre ère, ont vite oublié le pouvoir unificateur et communautaire inspiré par « metus hostilis » ou la « crainte de l’Autre » ce qui s’est vite traduit par la perte de leur mémoire collective et par un goût prononcé pour le métissage avec l’Autre des races non-européennes.
Voici une courte citation de Salluste dans son ouvrage, Catilina, Chapitre 10.


« Ces mêmes hommes qui avaient aisément supporté les fatigues, les dangers, les incertitudes, les difficultés, sentirent le poids et la fatigue du repos et de la richesse… L’avidité ruina la bonne foi, la probité, toutes les vertus qu’on désapprit pour les remplacer par l’orgueil, la cruauté, l’impiété, la vénalité. »6.

Crainte de l’autre

La crainte de l’ennemi, la crainte de l’Autre, notion utilisée par Salluste, fut aux XIXème et XXème siècles beaucoup discutée par les historiens, politologues et sociologues européens. Cette notion, lancée par Salluste, peut nous aider aujourd’hui à saisir le mental des migrants non-européens qui s’amassent en Europe ainsi que le mental de nos politiciens qui les y invitent. Certes, la crainte de l’Autre peut être le facteur fortifiant de l’identité raciale chez les Européens de souche. Nous en sommes témoins aujourd’hui en observant la renaissance de différents groupes blancs et identitaires en Europe. En revanche, à un moment donné, le metus hostilis, à savoir la crainte des Autres, risque de se transformer en son contraire, à savoir l’amor hostilis, ou l’amour de l’ennemi qui détruit l’identité raciale et culturelle d’un peuple. Ainsi les Occidentaux de souche aujourd’hui risquent-ils de devenir peu à peu victimes du nouveau paysage multiracial où ils sont nés et où ils vivent. Pire, peu à peu ils commencent à s’habituer à la nouvelle composition raciale et finissent même par l’intérioriser comme un fait naturel. Ces mêmes Européens, seulement quelques décennies auparavant, auraient considéré l’idée d’un pareil changement racial et leur altruisme débridé comme surréel et morbide, digne d’être combattu par tous les moyens.


salllivre.jpgNul doute que la crainte de l’Autre, qu’elle soit réelle ou factice, resserre les rangs d’un peuple, tout en fortifiant son homogénéité raciale et son identité culturelle. En revanche, il y a un effet négatif de la crainte des autres que l’on pouvait observer dans la Rome impériale et qu’on lit dans les écrits de Juvénal. Le sommet de l’amour des autres, ( l’ amor hostilis) ne se verra que vers la fin du XXème siècle en Europe multiculturelle. Suite à l’opulence matérielle et à la dictature du bien-être, accompagnées par la croyance à la fin de l’histoire véhiculée par les dogmes égalitaristes, on commence en Europe, peu à peu, à s’adapter aux mœurs et aux habitudes des Autres. Autrefois c’étaient Phéniciens, Juifs, Berbères, Numides, Parthes et Maghrébins et autres, combattus à l’époque romaine comme des ennemis héréditaires. Aujourd’hui, face aux nouveaux migrants non-européens, l’ancienne peur de l’Autre se manifeste chez les Blancs européens dans le mimétisme de l’altérité négative qui aboutit en règle générale à l’apprentissage du «  déni de soi ». Ce déni de soi, on l’observe aujourd’hui dans la classe politique européenne et américaine à la recherche d’un ersatz pour son identité raciale blanche qui est aujourd’hui mal vue. A titre d’exemple cette nouvelle identité négative qu’on observe chez les gouvernants occidentaux modernes se manifeste par un dédoublement imitatif des mœurs des immigrés afro-asiatiques. On est également témoin de l’apprentissage de l’identité négative chez beaucoup de jeunes Blancs en train de mimer différents cultes non-européens. De plus, le renversement de la notion de « metus hostilis » en « amor hostilis » par les gouvernants européens actuels aboutit fatalement à la culture de la pénitence politique. Cette manie nationale-masochiste est surtout visible chez les actuels dirigeants allemands qui se lancent dans de grandes embrassades névrotiques avec des ressortissants afro-asiatiques et musulmans contre lesquels ils avaient mené des guerres meurtrières du VIIIe siècle dans l’Ouest européen et jusqu’au XVIIIe siècle dans l’Est européen.


L’engouement pour l’Autre extra-européen – dont l’image est embellie par les médias et cinémas contemporains – était déjà répandu chez les patriciens romains décadents au Ier siècle et fut décrit par le satiriste Juvénal. Dans sa IIIème satire, intitulée Les Embarras de Rome (Urbis incommoda), Juvénal décrit la Rome multiculturelle et multiraciale où pour un esprit raffiné comme le sien il était impossible de vivre…


« Dans ces flots d’étrangers et pourtant comme rien
Depuis longtemps déjà l’Oronte syrien
Coule au Tibre, et transmet à Rome ses coutumes,
Sa langue, ses chanteurs aux bizarres costumes… » 7
Juvénal se plaint également des migrants juifs dans ses satires, ce qui lui a valu d’être taxé d’antisémitisme par quelques auteurs contemporains…

« Maintenant la forêt et le temple et la source
Sont loués à des Juifs, qui, pour toute ressource,
Ont leur manne d’osier et leur foin de rebut.
Là, chaque arbre est contraint de payer son tribut;
On a chassé la muse, ô Rome abâtardie
Et l’auguste forêt tout entière mendie.« 8


sallcat.jpgLes lignes de Juvénal sont écrites en hexamètres dactyliques ce qui veut dire en gros un usage d’échanges rythmiques entre syllabes brèves ou longues qui fournissent à chacune de ses satires une tonalité dramatique et théâtrale qui était très à la mode chez les Anciens y compris chez Homère dans ses épopées. À l’hexamètre latin, le traducteur français a substitué les mètres syllabiques rimés qui ont fort bien capturé le sarcasme désabusé de l’original de Juvénal. On est tenté de qualifier Juvénal de Louis Ferdinand Céline de l‘Antiquité. Dans sa fameuse VIème satire, qui s’intitule Les Femmes, Juvénal décrit la prolifération de charlatans venus à Rome d’Asie et d’Orient et qui introduisent dans les mœurs romaines la mode de la zoophilie et de la pédophilie et d’autres vices. Le langage de Juvénal décrivant les perversions sexuelles importées à Rome par des nouveaux venues asiatiques et africains ferait même honte aux producteurs d’Hollywood aujourd’hui. Voici quelques-uns de ses vers traduits en français, de manière soignés car destinés aujourd’hui au grand public :


« Car, intrépide enfin, si ton épouse tendre
Voulait sentir son flanc s’élargir et se tendre
Sous le fruit tressaillant d’un adultère amour,
Peut-être un Africain serait ton fils un jour. »  9

Les Romains utilisaient le mot « Aethiopis », Ethiopiens pour désigner les Noirs d’Afrique.

Qui interprète l’interprète ?

L’interprétation de chaque ouvrage par n’importe quel auteur, sur n’importe quel sujet social et à n’importe quelle époque, y compris les vers de l’écrivain latin Juvénal, se fera en fonction des idées politiques dominantes à savoir du Zeitgeist régnant. Or qui va contrôler l’interprète aujourd’hui si on est obligé de suivre les oukases pédagogiques de ses chefs mis en place après la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? À cet effet on peut citer Juvénal et les fameux vers de sa VIème satire : «  Quis custodet ipsos custodes » à savoir qui va garder les gardiens, c’est à dire qui va contrôler nos architectes de la pensée unique qui sévissent dans les universités et dans les médias ?


A peu près le même principe de censure et d’autocensure règne aujourd’hui au sujet de l’étude et la recherche sur les différentes races. Aujourd’hui, vu le dogme libéralo-communiste du progrès et la conviction que les races ne sont qu’une construction sociale et non un fait biologique et en raison du climat d’auto-censure qui sévit dans la haute éducation et dans les médias, il n’est pas surprenant que des savants qui analysent les différences entre races humaines soient souvent accusés d’utiliser des prétendus « stéréotypes ethniques ». Or le vocable « stéréotype » est devenu aujourd’hui un mot d’ordre chez les bien-pensants et chez les hygiénistes de la parole en Europe. La même procédure d’hygiénisme lexical a lieu lorsqu’un biologiste tente d’expliquer le rôle des différents génomes au sein des différentes races. Un savant généticien, s’il s’aventure à démystifier les idées égalitaires sur la race et l’hérédité risque d’être démonisé comme raciste, fasciste, xénophobe ou suprémaciste blanc. La nouvelle langue de bois utilisée par les médias contre les mal-pensants se propage dans toutes les chancelleries et toutes les universités européennes.


Certes, les idées, en l’occurrence de mauvaises idées, mènent le monde, et non l’inverse. Dans la même veine, les idées dominantes qui sont à la base du Système d’aujourd’hui décident de l’interprétation des découvertes dans les sciences biologiques et non l’inverse. Nous avons récemment vu la chasse aux sorcières dont fut victime le Prix Nobel James Watson, codécouvreur de la structure de l’ADN et du décryptage du génome humain. Il a été attaqué par les grand médias pour des propos prétendument racistes émis il y a une dizaine d’année à propos des Africains. Je le cite : « Même si j’aimerais croire que tous les êtres humains sont dotés d’une intelligence égale, ceux qui ont affaire à des employés noirs ne pensent pas la même chose» 10. Ce que Watson a dit est partagé par des milliers de biologistes et généticiens mais pour des raisons que nous avons déjà mentionnées, ils se taisent.

 

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Nos Anciens possédaient un sens très aigu de leur héritage et de leur race qu’ils appelaient genus. Il existe une montagne d’ouvrages qui traitent de la forte conscience de la parenté commune et du lignage commun chez les Anciens. Nous n’allons pas citer tous les innombrables auteurs, notamment les savants allemands de la première moitié du XXème siècle qui ont écrit un tas de livres sur la dégénérescence raciale des Romains et d’autres peuples européens et dont les ouvrages sont non seulement mal vus mais également mal connus par le grand public d’aujourd’hui. Il est à noter qu’avant la Deuxième Guerre mondiale et même un peu plus tard, les savants et les historiens d’Europe et d’Amérique se penchaient sur le facteur racial beaucoup plus souvent et plus librement qu’aujourd’hui.


Il va de soi que les anciens Romains ignoraient les lois mendéliennes de l’hérédité ainsi que les complexités du fonctionnement de l’ADN, mais ils savaient fort bien comment distinguer un barbare venu d’Europe du nord d’un barbare venu d’Afrique. Certains esclaves étaient fort prisés, tels les Germains qui servaient même de garde de corps auprès des empereurs romains. En revanche, certains esclaves venues d’Asie mineure et d’Afrique, étaient mal vus et faisaient l’objet de blagues et de dérisions populaires.


Voici une brève citation de l’historien américain Tenney Frank, tirée de son livre Race Mixture in the Roman Empire ( Mélange des races dans l’Empire de Rome), qui illustre bien ce que les Romains pensaient d’eux-mêmes et des autres. Au début du XXème siècle Frank était souvent cité par les latinistes et il était considéré comme une autorité au sujet de la composition ethnique de l’ancienne Rome. Dans son essai, il opère une classification par races des habitants de l’ancienne Rome suite à ses recherches sur les inscriptions sépulcrales effectuées pendant son séjour à Rome. Voici une petite traduction en français de l’un de ces passages : « .…de loin le plus grand nombre d’esclaves venait de l’Orient, notamment de la Syrie et des provinces de l’Asie Mineure, avec certains venant d’Égypte et d’Afrique (qui, en raison de la classification raciale peuvent être considérés comme venant de l’Orient). Certains venaient d’Espagne et de Gaule, mais une proportion considérable d’entre eux étaient originaires de l’Est. Très peu d’esclaves furent recensés dans les provinces alpines et danubiennes, tandis que les Allemands apparaissent rarement, sauf parmi les gardes du corps impériaux. (L’auteur) Bang remarque que les Européens étaient de plus grand service à l’empire en tant que soldats et moins en tant que domestiques. »11


Et plus tard il ajoute :


« Mais ce qui resta à l’arrière-plan et régit constamment sur toutes ces causes de la désintégration de Rome fut après tout le fait que les gens qui avaient construit Rome ont cédé leur place à un race différente. » 12


Les anciens Romains avaient une idée claire des différents tribus et peuples venus d’Orient à Rome. Comme l’écrit un autre auteur, « Les esclaves d’Asie mineure et les affranchis cariens, mysiens, phrygiens et cappadociens, à savoir les Orientaux, étaient, par rapport aux esclaves d’autres provinces, particulièrement méprisés dans la conscience romaine. Ces derniers sont même devenus proverbiaux à cause de leur méchanceté. »13


En conclusion, on peut dire qu’une bonne conscience raciale ne signifie pas seulement une bonne connaissance des théories raciales ou pire encore la diffusion des insultes contre les non-Européens. Avoir la conscience raciale signifie tout d’abord avoir une bonne mémoire de la lignée commune et une bonne mémoire du destin commun. Cela a été le cas avec les tribus européennes et les peuples européens depuis la nuit des temps. Une fois l’héritage du peuple, y compris son hérédité, oublié ou compromis, la société commence à se désagréger comme on l’a vu à Rome et comme on le voit chaque jour en Europe aujourd’hui. « Les premiers Romains tenaient à leur lignée avec beaucoup de respect et appliquaient un système de connubium selon lequel ils ne pouvaient se marier qu’au sein de certains stocks approuvés » 14. Inutile de répéter comment on devrait appliquer le devoir de connubium en Europe parmi les jeunes Européens aujourd’hui. Voilà un exemple qui dépasse le cadre de notre discussion. Suite à la propagande hollywoodienne de longue haleine il est devenu à la mode chez de jeunes Blanches et Blancs de se lier avec un Noir ou un métis. Il s’agit rarement d’une question d’amour réciproque mais plutôt d’une mode provenant du renversement des valeurs traditionnelles.


Il est inutile de critiquer les effets du métissage sans en mentionner ses causes. De même on doit d’abord déchiffrer les causes de l’immigration non-européenne avant de critiquer ses effets. Certes, comme if fut déjà souligné la cause de la décadence réside dans l’oubli de la conscience raciale. Or celle-ci avait été soit affaiblie soit supprimée par le christianisme primitif dont les avatars séculiers se manifestent aujourd’hui dans l’idéologie de l’antifascisme et la montée de diverses sectes égalitaristes et mondialistes qui prêchent la fin de l’histoire dans une grande embrassade multiraciale et transsexuelle. Critiquer les dogmes chrétiens et leur visions œcuméniques vis-à-vis des immigrés est un sujet autrement plus explosif chez nos amis chrétiens traditionalistes et surtout chez nos amis d’Amérique, le pays où la Bible joue un rôle très important. Or faute de s’en prendre aux causes délétères de l’égalitarisme chrétien on va tourner en rond avec nos propos creux sur le mal libéral ou le mal communiste. On a beau critiquer les « antifas » ou bien le grand capital ou bien les banksters suisses et leurs manœuvres mondialistes, reste qu’aujourd’hui les plus farouches avocats de l’immigration non-européenne sont l’Église Catholique conciliaire et ses cardinaux en Allemagne et en Amérique. Roger Pearson, un sociobiologiste anglais de renom l’écrit . « Se répandant d’abord parmi les esclaves et les classes inférieures de l’empire romain, le christianisme a fini par enseigner que tous les hommes étaient égaux aux yeux d’un dieu créateur universel, une idée totalement étrangère à la pensée européenne… Puisque tous les hommes et toutes les femmes étaient les « enfants de Dieu », tous étaient égaux devant leur divin Créateur ! »15


Si l’on veut tracer et combattre les racines de la décadence et ses effets qui se manifestent dans le multiculturalisme et le métissage, il nous faut nous pencher d’une manière critique sur les enseignements du christianisme primitif. Ce que l’on observe dans l’Occident d’aujourd’hui, submergé par des populations non-européennes, est le résultat final et logique de l’idée d’égalitarisme et de globalisme prêchée par le christianisme depuis deux mille ans.

Tomislav Sunic (Nous sommes partout, 16 octobre 2019)

Notes :

1/ Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (Paris: Librairie Ch. Delagrave : 1891), Ch. IX, p. 85-86, où il cite Bossuet; “Le sénat se remplissait de barbares ; le sang romain se mêlait ; l’amour de la patrie, par lequel Rome s’était élevée au-dessus de tous les peuples du monde, n’était pas naturel à ces citoyens venus de dehors..” http://classiques.uqac.ca/classiques/montesquieu/consider...   

2/ T. Sunic, „Le bon truc; drogue et démocratie“, dans Chroniques des Temps Postmodernes ( Dublin, Paris: éd Avatar, 2014), pp 227-232. En anglais, „The Right Stuff; Drugs and Democracy“, in Postmortem Report; Cultural Examinations from Postmodernity ( London: Arktos, 2017), pp. 61-65.

3/ Voir T. Sunic, « L’art dans le IIIème Reich », Ecrits de Paris, juillet—août 2002, nr. 645, Also “Art in the Third Reich: 1933-45”, in Postmortem Report ( London: Artkos, 2017) pp. 95-110.

4/ Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines, (Paris: Éditions Pierre Belfond, 1967), Livres 1 à 4, pp. 58-59.

5/ Ibid, Livres 5 à 6., p. 164. https://ia802900.us.archive.org/27/items/EssaiSurLinegali...

6/ Salluste, Ouvres de Salluste, Conjuration de Catilina – ( Paris: C.L. F. Pancoucke, 1838), pp 17-18. https://ia802706.us.archive.org/5/items/uvresdesalluste00... 

7/ Satires de Juvénal et de Perse, Satire III, traduites en vers français par M. J . Lacroix (Paris : Firmin Didot frères Libraries, 1846), p. 47. 

8/ Ibid. p.43.

9/ Ibid., p.165. Egalement sur le site: http://remacle.org/bloodwolf/satire/juvenal/satire3b.htm

10/ “ L’homme le plus riche de Russie va rendre à James Watson sa médaille Nobel”, Le Figaro, le 10 Dec. 2014. http://www.lefigaro.fr/international/2014/12/10/01003-20141210ARTFIG00268-l-homme-le-plus-riche-de-russie-va-rendre-a-james-watson-sa-medaille-nobel.php

11/ Tenney Frank, „Race Mixture in the Roman Empire“, The American Historical Review, Vol. XXI, Nr. 4, July 1916, p. 701.

12/ Ibid. 705.

13/ Heikki Solin, “Zur Herkunft der römischen Sklaven” https://www.academia.edu/10087127/Zur_Herkunft_der_r%C3%B6mischen_Sklaven  

14/ Roger Pearson, « Heredity in the History of Western Culture, » The Mankind Quarterly, XXXV. Nr. 3. printemps 1995, p. 233.

15/ Ibid p. 234.

 

mercredi, 23 octobre 2019

« Rétablir l’état de droit face à ces nouveaux despotes que sont les multinationales et les marchés financiers »

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« Rétablir l’état de droit face à ces nouveaux despotes que sont les multinationales et les marchés financiers »

par Olivier Petitjean

Ex: https://www.bastamag

Les Nations-Unies travaillent à un nouveau traité pour contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement. En France, une loi impose, depuis 2017, un « devoir de vigilance » aux grandes entreprises, à leurs filiales et sous-traitants. Cet outil juridique mettra-t-il fin à leur quasi impunité ? Explications de notre journaliste Olivier Petitjean, via ces bonnes feuilles tirées de son ouvrage Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales.

Le 27 mars 2017, la France promulguait, à l’issue d’un laborieux parcours législatif de plusieurs années, la loi sur le devoir de vigilance des multinationales – ou, plus précisément, des « sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre ». De manière très inhabituelle pour la France, cette loi n’a pas été conçue dans les ministères, mais par un petit groupe de députés indépendamment du gouvernement, en collaboration étroite – ce qui est encore plus rare – avec une coalition d’associations, de syndicats et autres acteurs de la société civile. C’est une loi d’une grande simplicité, qui tient en trois articles. Son objectif pourrait paraître modeste : corriger une lacune du droit existant en donnant la possibilité, dans certaines conditions, de saisir la justice lorsqu’une entreprise multinationale basée sur notre territoire est mise en cause pour des atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, commises en France comme à l’étranger.

Pollutions pétrolières ou chimiques, main-d’œuvre surexploitée dans les usines des fournisseurs, conflits et répression autour des sites d’implantation des multinationales, complicité avec des dictatures, accaparement des ressources naturelles, tout le monde a entendu parler de cette face obscure de la mondialisation, où l’internationalisation des chaînes de production et la chasse aux profits se développent aux dépens des femmes et des hommes et de la nature. Que les victimes puissent porter plainte pour faire respecter leurs droits fondamentaux, ou que des associations puissent exiger l’intervention d’un juge pour mettre fin aux abus, quoi de plus naturel, quoi de plus normal soixante-dix ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et après de multiples traités internationaux sur la lutte contre l’exploitation, le climat ou la protection de l’environnement ?

Un chaînon manquant dans la mondialisation

Et pourtant, en pratique, mettre en cause une grande entreprise et ses dirigeants pour les violations des droits humains ou la dégradation de l’environnement occasionnées par ses activités reste souvent mission impossible. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, comme nous le racontons dans ce livre. D’un côté, il existe une multitude de textes de droit international ; de l’autre, une impossibilité apparente de les faire appliquer et de leur donner effet dans des situations impliquant des multinationales. Voilà manifestement un chaînon manquant dans la mondialisation.

Beaucoup de raisons entrent en jeu pour créer cette situation d’impunité. D’abord les soutiens et les complicités politiques dont bénéficient généralement les milieux d’affaires internationaux dans les pays où ils sont implantés. Ensuite la faiblesse du pouvoir judiciaire, par manque de moyens ou par manque d’indépendance. Sans compter que, bien entendu, les grandes entreprises et leurs dirigeants peuvent mettre en branle des armées d’avocats pour faire traîner en longueur les procédures, épuiser tous les recours ou exploiter les failles de l’accusation. Les personnes et les groupes les plus affectés par leurs activités, en revanche, comptent souvent parmi les plus démunis. L’histoire de David contre Goliath semble donc infiniment répétée – mais sans fronde à disposition des « petits ».

Il est aussi une raison moins visible et plus structurelle à cette impunité des multinationales, qui gît dans le droit lui-même et dans sa déconnexion d’avec la réalité économique. On peut dire qu’aujourd’hui la « multinationale », le « groupe », voire l’« entreprise », n’existent pas réellement d’un point de vue juridique. Là où nous voyons un sujet cohérent et autonome – Total, Apple ou H&M –, avec sous son égide des dizaines d’établissements, de filiales, de co- entreprises ou autres relations d’affaires gérées en fonction de l’intérêt du tout (ce qui signifie malheureusement souvent le seul intérêt des actionnaires et des dirigeants), le droit voit une nébuleuse d’entités distinctes, seulement liées entre elles par des liens capitalistiques et des contrats.

Il ne s’agit pas seulement d’un simple détail technique. Une conséquence directe de ce hiatus est qu’il est souvent extrêmement difficile de responsabiliser la multinationale elle-même (autrement dit la « société mère » qui chapeaute tout l’édifice et le dirige) pour les manquements d’une de ses filiales à l’étranger. Et à plus forte raison pour des abus constatés chez l’un de ses sous-traitants ou fournisseurs, quand bien même ces abus seraient directement liés aux exigences ou aux pressions de la multinationale en question.

Coup porté à l’impunité des multinationales

C’est précisément cette lacune, cet angle mort du droit, que la loi sur le devoir de vigilance entend combler. À certains égards, ce n’est qu’un point de détail, un simple aménagement législatif qui crée une possibilité de recours judiciaire ne visant que les abus les plus criants, selon une procédure très spécifique, et qui impliquera d’apporter la preuve que la société mère (vis-à-vis de ses filiales) ou donneuse d’ordre (vis-à-vis de ses fournisseurs et sous-traitants) a clairement manqué aux responsabilités qui étaient les siennes en proportion de son influence réelle. On voit mal cette loi donner lieu à une floraison de procès intentés contre des entreprises, comme l’ont suggéré ses détracteurs.

À d’autres égards, cependant, cela change tout. C’est d’ailleurs pourquoi cette législation d’apparence modeste, ciblant des situations que personne ne pourrait considérer comme acceptables, a suscité, et continue de susciter, une opposition aussi acharnée de la part d’une partie des milieux d’affaires français et internationaux. La loi française sur le devoir de vigilance est un coup porté à la barrière de protection juridique qui isole les multinationales des impacts de leurs activités sur les sociétés et l’environnement.

De ce fait, elle remet en cause la condition d’« irresponsabilité sociale » intrinsèque à la notion même d’entreprise multinationale, se jouant des frontières et des juridictions. Elle modifie ce qui, en apparence, n’est qu’un petit rouage juridique de la mondialisation, mais qui affecte virtuellement tout le fonctionnement de la machine – notamment au profit de qui et au détriment de qui elle opère.

Tout ceci ne vient pas de nulle part. L’adoption de la loi française en 2017 n’est ni le commencement ni la fin. La manière dont elle sera effectivement utilisée et mise en œuvre fera certainement l’objet de controverses aussi virulentes que celles qui ont entouré son élaboration et son adoption. Sa portée dépasse les frontières de l’Hexagone, comme l’illustre l’intervention dans le débat législatif français d’organisations comme la Chambre de commerce des États-Unis, principal lobby patronal américain, ou la Confédération syndicale internationale, porte-parole du monde syndical à l’échelle globale.

Des chaînes de responsabilité souvent complexes et diffuses

Cette loi constitue une étape dans une histoire qui commence, au moins, dans les années 1970 – date à laquelle la régulation des entreprises multinationales dans le cadre du droit international émerge en tant qu’enjeu politique. Elle est issue, dans sa conception, de l’expérience concrète d’associations et d’avocats, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Inde, en Équateur et ailleurs, qui ont tenté pendant des années d’utiliser les armes du droit existant pour mettre les multinationales et leurs dirigeants face à leurs responsabilités. Parallèlement à la France, d’autres pays européens débattent de législations similaires – ce qui prouve à quel point le sujet est à l’ordre du jour. Dans les enceintes onusiennes comme le Conseil des droits de l’homme ou l’Organisation internationale du travail, les discussions se poursuivent sur des instruments de droit international visant à donner, comme la loi française, une effectivité juridique à la responsabilité des multinationales.

Pour un lecteur non averti, tout ceci pourrait peut-être paraître irréel. Nous ne sommes pas préparés, culturellement et historiquement, à imaginer une multinationale ou un patron d’entreprise dans un tribunal, devant un juge, obligés de répondre de leurs actes, sauf peut-être dans les cas les plus flagrants d’escroquerie ou de corruption. Les tribunaux sont faits pour les délinquants et les criminels ordinaires, en chair et en os, dont les actions sont clairement identifiables, avec des conséquences tout aussi claires sur la vie humaine ou l’intégrité des personnes et des biens.

Par comparaison, la délinquance ou la criminalité « en col blanc » – celle des spéculateurs, des fraudeurs fiscaux, des hommes d’affaires et des cadres d’entreprise – ne nous apparaît pas avec le même sens de gravité et d’immédiateté, même si ses conséquences directes ou indirectes peuvent être beaucoup plus sérieuses. Nous imaginons facilement juger l’assassin qui aurait fait une seule victime, et non juger l’entreprise ou le dirigeant dont les décisions froides ont directement entraîné une pollution, la commercialisation de produits dangereux ou un affaiblissement des règles de sécurité affectant la vie de centaines de riverains, de consommateurs ou de travailleurs.

Il y a de bonnes raisons à cela. Lorsqu’il est question d’abus de la part de multinationales, les actions, les processus de décision qui ont mené à ces actions, les causes et les chaînes de responsabilité sont souvent complexes, diffus et délicats à déterminer. Mais cette difficulté ne signifie pas qu’il n’y ait pas effectivement décision, action et nécessité de répondre de leurs conséquences. L’impression de discontinuité et de distance entre les décisions apparemment « impersonnelles » prises dans les salles de réunion des sièges des multinationales et leurs conséquences très concrètes pour les gens et pour la nature, parfois à l’autre bout du monde, est précisément ce qui facilite les abus et laisse libre cours à la seule recherche du profit financier.

Ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit »

Parfois, ce principe d’irresponsabilité finit par entraîner des scandales de grande ampleur : effondrement au Bangladesh en 2013 de l’immeuble du Rana Plaza qui abritait des ateliers textiles travaillant pour de grandes marques occidentales ; marées noires avec leurs déversements de pétrole comme celles de l’Erika, de Chevron-Texaco dans l’Amazonie équatorienne ou celles qui polluent au quotidien le delta du Niger ; pollutions chimiques à grande échelle comme à Bhopal en Inde ; collaboration avec des dictatures ou des groupes terroristes. Mais il régit aussi, au quotidien, d’innombrables décisions prises par les directions d’entreprise, dont nous sentons indirectement les conséquences dans nos vies et qui font du monde d’aujourd’hui ce qu’il est, avec ses multiples défis sociaux, politiques et environnementaux.

En ce sens, la loi sur le devoir de vigilance n’est pas une loi « de niche » qui n’intéresserait que les ONG de solidarité internationale ou les défenseurs de l’environnement. La place croissante et, pour être clair, le pouvoir des multinationales – elles-mêmes de plus en plus dominées par les marchés financiers et leur logique de profit à court terme – sont aujourd’hui une réalité qui dépasse largement la seule sphère économique. Impossible d’y échapper. Elle engage nos modes de vie, la préservation des écosystèmes et du climat, notre cohésion sociale elle-même, au sein de chaque pays et entre pays. Ce pouvoir est aussi de plus en plus contesté par une grande partie de l’opinion publique, par les communautés qui accueillent (et souvent subissent) ces activités, et parfois par les travailleuses et travailleurs des multinationales eux- mêmes. Une forme de contrat social semble s’être rompue.

Face à ce constat, la tentation de beaucoup est d’en appeler simplement à une réaffirmation du pouvoir politique face aux pouvoirs économiques, d’exiger des autorités publiques qu’elles (ré)imposent enfin leurs règles et leurs volontés aux acteurs économiques et fassent primer l’intérêt général sur les intérêts privés. Difficile d’être en désaccord. Mais il ne faut pas non plus passer à côté de ce qui fait la spécificité de ce « pouvoir » qui est celui des multinationales, qui justement ne fonctionne pas sur le modèle de celui des États et ne s’oppose pas frontalement à eux – sauf, bien sûr, cas extrêmes. C’est un pouvoir de fait qui s’exerce dans les creux du pouvoir politique et de la législation, en occupant tout l’espace de ce qui n’est pas expressément interdit et effectivement sanctionné par les pouvoirs publics, ou en jouant de l’« extraterritorialité » que lui permet sa dimension multinationale par rapport aux frontières administratives et judiciaires. Il s’exerce aussi d’une certaine façon par le droit, en s’appuyant sur un « droit des affaires » qui le rend invisible et quasi naturel – par exemple celui des accords de libre-échange. C’est pourquoi le terrain juridique est tout aussi important que les terrains politique et économique face aux abus des multinationales.

Au fond, l’enjeu est de maintenir ou de ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit » et d’un espace public démocratique. Les grands principes des droits de l’homme et des libertés civiles se sont construits, historiquement, en réponse à l’arbitraire des monarchies absolues ; il faut aujourd’hui les protéger ou les reconstruire face à ces nouveaux despotes que sont les grandes entreprises et les marchés financiers.

Le devoir de vigilance se situe en ce sens à l’une des plus importantes « frontières » actuelles de notre démocratie – une démocratie de plus en plus mondialisée et de plus en plus soumise aux pouvoirs économiques. C’est un outil et un point d’appui pour rééquilibrer, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur des entreprises, un système de plus en plus biaisé en faveur des puissances de l’argent. Son avenir et la manière dont il sera mis à profit restent aujourd’hui à écrire.

Olivier Petitjean

Ce texte est tiré de l’introduction du livre d’Olivier Petitjean : Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales, 2019, éditions Charles Léopold Mayer, 174 pages, 10 euros.

mardi, 22 octobre 2019

Hans-Dietrich Sander †

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Hans-Dietrich Sander †

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Hans-Dietrich Sander, Brecht-Schüler, Autor so wirkmächtiger Bücher wie „Der Nationale Imperativ“ und „Die Auflösung aller Dinge“ sowie Herausgeber der Zeitschrift Staatsbriefe, ist in der Nacht vom 24. auf dem 25. Jänner 2017 im Alter von 88 Jahren verstorben. Wie kaum ein anderer Publizist hat sich Sander, vor allem in den Staatsbriefen, für eine Wiederbelebung der ghibellinischen Reichsidee eingesetzt, die Deutschland eine zentrale Rolle im europäischen Staatenverbund zuweist. Den Rang, den Sander im intellektuellen Diskurs der Bundesrepublik über lange Zeit hinweg einnahm, hat unter anderem der 2005 verstorbene SPD-Politiker Peter Glotz in folgende bezeichnende Worte gefaßt: „Was verhütet werden muß“, so Glotz 1989, sei, daß Sanders „stilisierte Einsamkeit, diese Kleistsche Radikalität wieder Anhänger findet. Schon ein paar Tausend wären zu viel für die zivile parlamentarische Bundesrepublik“. Zuletzt war Sander unter anderem für die Neue Ordnung tätig, für die er als ständiger Autor scharfe Analysen über das politische System der Bundesrepublik beisteuerte. Sander hat es weder sich noch anderen leichtgemacht; wohl ein Grund, warum Armin Mohler ihn als „unbequemsten Vertreter der Neuen Rechten“ einstufte.


1928 in einem kleinen mecklenburgischen Dorf geboren, durchlebte Sander den Zweiten Weltkrieg, den er vor allem in Form von Luftangriffen kennenlernte, als Marinehelfer. Den Anklagen, die nach Kriegsende gegen die Deutschen erhoben wurden, stand der von Anfang an skeptisch gegenüber. Er verstand sich, wie er einmal schrieb, als „Reichsdeutscher, der in der Stunde Null nur angeritzt wurde“. Nach dem Krieg studierte Sander 1948/49 Theologie an einer kirchlichen Hochschule und von 1949 bis 1952 Theaterwissenschaften, Germanistik und Philosophie an der Freien Universität in Westberlin. Der Einfluß von Bertold Brecht dürften für Sanders kurzes Engagement für den Kommunismus verantwortlich gewesen sein. 1952 übersiedelte er nach Ostberlin. Dort war er bis 1956 als Dramaturg und Theaterkritiker tätig. Schon bald aber brach Sander mit dem kommunistischen System und siedelte 1957 zurück in die BRD, wo er von 1958–1962, gefördert von Hans Zehrer – von 1929–1933 Herausgeber der Monatszeitschrift Die Tat, dem einflußreichsten Organ der Jungkonservativen –, als Journalist und Literaturkritiker bei der Tageszeitung Die Welt tätig war.


sanderLA.jpg1969 promovierte Sander bei Hans-Joachim Schoeps in Erlangen zum Dr. phil. Der Titel seiner Promotionsschrift lautete „Marxistische Ideologie und allgemeine Kunsttheorie“; Sander setzte sich hier insbesondere mit der Kunstkonzeption von Marx und Engels auseinander. Es war wohl insbesondere der Einfluß des Staatsrechtlers Carl Schmitt, mit dem er bis 1981 brieflich in Kontakt stand, der ihn in dieser Zeit mehr und mehr zu rechtskonservativen Auffassungen tendieren ließ. Von 1964–1974 arbeitete er für das Deutschland-Archiv. In dieser Zeit gestaltete er gelegentlich auch Rundfunkfeuilletons für öffentlich-rechtliche Sender. Sanders „Geschichte der Schönen Literatur in der DDR“ (1972) löste eine heftige Kampagne aus, in deren Folge der Verlag das Buch aus dem Vertrieb zog. Sander verlor nun zunehmend an publizistischem Spielraum. Alternativen fand er unter anderem bei Caspar von Schrenck-Notzings Zeitschrift Criticón.


1980 erschien aus Sanders Feder ein Buch, mit dem er seinen Rang als exponierten Intellektuellen der Neuen Rechten nachhaltig unterstrich, nämlich „Der nationale Imperativ – Ideengänge und Werkstücke zur Wiederherstellung Deutschlands“. Zu diesem „Imperativ“ gehörte aus seiner Sicht auch die Rückgewinnung der ostdeutschen wie der deutsch-österreichischen Gebiete, soll es zu einer Wiederherstellung des Deutschen Reiches kommen. 1991 stellte Sander in einem Beitrag für die Staatsbriefe („Das Reich als politische Einheit der Deutschen“) ultimativ fest: „Die Deutschen brauchen das Reich. Europa braucht das Reich. Die Welt braucht das Reich … Reich oder Chaos! Tertium non datur.“


Von 1983–1986 war Sander dann als Chefredakteur der Deutschen Monatshefte tätig und von 1986–88 Mitarbeiter bei Nation und Europa. 1988 publizierte er ein Buch, das immer wieder als sein Hauptwerk charakterisiert wird, nämlich „Die Auflösung aller Dinge – Zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne“, das als erstes Buch nach 1945 den „Rubikon“ – wie es Jürgen Habermas einmal formulierte – einer kritischen Neusichtung der „deutsch-jüdischen Frage“ „unter dem Gesichtspunkt der politischen Eschatologie“ überschritt. Sander definierte hier unter anderem den Begriff der „Entortung“ als zentrales Kennzeichen der Auflösungsprozesse der Moderne. Von bleibender Bedeutung sind auch die darin enthaltenen „Thesen zum Dritten Reich“.


1990 erfolgte schließlich die Gründung die Zeitschrift Staatsbriefe, die er elf Jahre, bis 2001, herausgab. Die Staatsbriefe, die sich auch als eine Art Pendant zur Tat von Hans Zehrer begriffen, wollten im Dienste einer „Renaissance des nationalen Denkens“ stehen. Als Emblem diente der Grundriß des Castel del Monte, erbaut in der Zeit jenes Stauferkaisers, der für Sander eine Art Leitfigur der ghibellinischen Reichsidee darstellte: Friedrich II. Dieser verkörpere „den deutschen Reichsgedanken“ „in maximaler Reinheit“. Zu den Mitarbeitern der ersten Stunde zählten unter anderem Armin Mohler, Günter Zehm, Hans-Joachim Arndt, Günter Maschke Robert Hepp und Salcia Landmann. Die Hoffnungen, die Sander mit den Staatsbriefen verknüpfte, ließen sich indes nicht einlösen. Die Staatsbriefe blieben letztlich eine randständige Publikation; zudem verließen etliche renommierte Autoren nach und nach die Zeitschrift.


sander3.jpgSander hat nie einen Hehl daraus gemacht, daß er die Bundesrepublik für nicht reformierbar hielt. Beide deutsche Staaten seien unter Kuratel der Besatzer entstanden, was unter anderem für eine Negativauslese im Hinblick auf die Eliten gesorgt habe. Dennoch sei nichts verloren: Die Deutschen bräuchten „sich nur innerlich aufzuraffen“, so Sander im „Nationalen Imperativ“, „um sich der brüchigen alten Zustände der Innen- und Außenpolitik zu entledigen, wieder auf die überlieferten, immer noch wirkenden Tugenden zu setzen und neue Formen und Ziele zu wagen, die in Richtung auf einen neuen Machtstaat, eine neue Großmacht drängen, die den Nachbarn durchaus zuzumuten wäre, weil durch nichts sonst das schutzbedürftige Europa noch gerettet werden kann.“ Diese Sätze können, in einer Zeit, in der Europa durch die Auswirkungen der „Flüchtlingskrise“ schutzbedürftiger denn je ist, durchaus als Vermächtnis Sanders nicht nur an die Deutschen gelesen werden.
MWH

Literaturempfehlungen

Hans-Dietrich Sander: „Der ghibellinische Kuß“, Band 1/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 208 S., geb., 22 Euro
Hans-Dietrich Sander: Politik und Polis, Band 2/10 der Gesamtausgabe, herausgegeben von Heiko Luge, Arnshaugk Verlag, Neustadt an der Orla 2016, 271 S., geb., 26 Euro
Sebastian Maaß: „Im Banne der Reichsrenaissance“: Gespräch mit Hans-Dietrich Sander, Regin Verlag, Kiel 2011, 128 S., brosch., 14,95 Euro
Heiko Luge (Hg.): Grenzgänge. Liber amicorum für den nationalen Dissidenten Hans-Dietrich Sander, ARES Verlag, Graz 2008, 352 S., geb. 29,90 Euro

dimanche, 06 octobre 2019

The Roots of Liberalism’s Contemporary Crisis

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The Roots of Liberalism’s Contemporary Crisis

Patrick J. Deneen
Why Liberalism Failed
New Haven, Ct./New York: Yale University Press, 2018

Patrick Deneen, a Professor of Political Science at the University of Notre Dame, wrote the present study in 2016, completing it shortly before Donald Trump’s election. In February 2019, a paperbound edition with a few revisions and a new Preface was published.

Why Liberalism Failed is a study comparing the basic assumptions of Lockean liberalism with its historical results as revealed in our own time.

Now, as the author points out, not everything we think of as liberalism originated in early modern times:

Many of the institutional forms of government that we today associate with liberalism were at least initially conceived and developed over long centuries preceding the modern age, including constitutionalism, separation of powers, separate spheres of church and state, rights and protections against arbitrary rule, federalism, rule of law, and limited government. Protection of rights of individuals and the belief in inviolable human dignity, if not always consistently recognized and practiced, were nevertheless philosophical achievements of premodern medieval Europe. Some scholars regard liberalism simply as the natural development, and indeed the culmination, of protoliberal thinking and this long period of development, and not as any sort of radical break from premodernity. (23)

However, there was certainly a significant conceptual break with classical ethico-political thought in the seventeenth century. Previous to this break, the tradition of thought stemming from Plato, Aristotle, Cicero, and their Christian heirs held liberty to be

the condition of self-governance, whether achieved by the individual or by a political community. Because self-rule was achieved only with difficulty – requiring an extensive habituation in virtue, particularly self-command and self-discipline over base but insistent appetites – the achievement of liberty required constraints upon individual choice. This limitation was achieved not primarily through promulgated law – though law had its place – but through extensive social norms in the form of custom. (xiii)

Classical and Christian ethical thought centered on “the duties of one’s station,” that “station” being the specific manner in which each person was embedded (usually from birth) in the larger social formations of family, economic class, and local community, each with its own preexisting customs and traditions.

This station in society was integral to one’s personal identity; one could no more exist outside that context than a tree could live without soil or light. Since desire is infinitely expansible, but the world is finite and must be shared with others, the desires of the individual must be limited by considerations of the common good. Hence, the duty to govern one’s appetites. Law stepped in only to deal with cases where self-control and habituation had failed.

The modern break from this tradition had a number of dimensions, but Deneen emphasizes three: first, the rejection of self-control through reason and habituation in favor of a paradigm in which the “pride, selfishness, greed and the quest for glory” of different groups within a society are harnessed to check the same passions in other groups (Machiavelli); second, traditional social, religious, economic, and familial structures, formerly “viewed as essential supports for a training in virtue, and hence preconditions for liberty,” came to be reinterpreted as sources of oppression, arbitrariness, and conflict from which individuals were to be liberated through rationally-based positive law (Descartes and Hobbes); and third, the understanding of nature as a cosmos of which man is a part was rejected in favor of a fundamental opposition between man and nature, with the latter serving as raw materials for human activity for “the easing of man’s estate” and the increase of his power (Bacon).

The protoliberal philosopher Thomas Hobbes even denied that rational self-control was possible: “Thoughts, are to the Desires, as Scouts, and Spies, to range abroad, and find the way to the things Desired.” Consistent with this understanding of man, Hobbes denied that liberty could meaningfully be understood as anything more than an absence of interference with desire: “if a man should talk to me of a free will, or any free, but free from being hindered by opposition, I should not say he were in an error, but that his words were without meaning, that is to say, absurd.” As Deneen comments: “liberalism in many cases attained its ends by redefining shared words and concepts and, through that redefinition, colonizing existing institutions with fundamentally different anthropological assumptions.”

Of course, Hobbes and his liberal successors understood that desires must be checked for society to function. But they made a conscious choice in favor of external constraints, holding that “the only limitation on liberty should be duly enacted laws consistent with maintaining order of otherwise unfettered individuals” (xiii). Freedom existed wherever the law was silent, and except as limited by law, desire might be satisfied without limit. Wealth, for example, could be safely maximized: “The public stock cannot be too great for the public use,” Hobbes wrote.

In a sense, though Deneen does not state this, the modern ethico-political conceptions are more primitive and probably older than those of classical thought. Even today the average child would have no difficulty grasping the concept of freedom as the absence of interference, or that of thought as a tool of desire. Understanding the concept of self-mastery requires greater maturity, and probably came along later in history, just as it does in the life of the average person. Pace Hobbes, however, it is both meaningful and observable: Anyone who has known a person unable to keep a credit card without getting himself deeply into debt can see that the classical concept of bondage to desire – and its corresponding ideal of liberty as self-mastery – is no absurdity. In modern psychology, conscientiousness is one of the five major dimensions of personality. Liberalism is based on an anthropological falsehood.

It has certainly revolutionized the world and produced at least some good effects, however. The most full-throated celebration of liberalism is known as the “Whig interpretation of history” that, in Deneen’s words, goes something like this:

The advent of liberalism marks the end of a benighted age, the liberation of humanity from darkness, the overcoming of oppression and arbitrary inequality, the descent of monarchy and aristocracy, the advance of prosperity and modern technology, and the advent of an age of nearly unbroken progress. Liberalism is credited with the cessation of religious war, the opening of an age of tolerance and equality, the expanding spheres of personal opportunity that today culminate in globalization and the ongoing victories over sexism, racism, colonialism, heteronormativity and a host of other prejudices. (27-28)

Of course, the notion that the distinction between men and women is an arbitrary prejudice from which the state must liberate us is a good clue that liberalism has turned into a Frankenstein’s monster which is now out to devour its creator.

As Deneen sees it, liberalism has quietly remade the world in its own image, converting human beings into monadic individual wills impatient of restraint, accepting no duties they have not themselves chosen, and looking to the state to “liberate” them from the claims of their fellow man. Referring to Karl Polanyi’s The Great Transformation (1944), he writes:

The individual as a disembodied, self-interested economic actor didn’t exist in any actual state of nature but rather was the creation of an elaborate intervention by the incipient state in early modernity. Economic arrangements were separated from particular cultural and religious contexts in which those arrangements were understood to serve moral ends [such as] the sustenance of community order and the flourishing of families within that order. The replacement of this economy required a deliberate and often violent reshaping… most often by elite economic and state actors disrupting traditional practices. The “individuation” or people required people’s acceptance that their labor and its products were commodities subject to price mechanisms, a transformative way of considering people and nature alike in newly utilitarian and individualistic terms. This process was repeated countless times in the history of modern political economy: in efforts to eradicate the medieval guilds, in the enclosure controversy, in state suppression of “Luddites,” in state support for owners over organized labor, and in government efforts to empty the nation’s farmlands via mechanized, industrial farming. (51-52)

This emphasis on the ways both state power and market forces have been harnessed by liberalism constitutes one of the great merits of Deneen’s book. As he observes, most of today’s political debate opposes a “pro-market Right” to a “pro-state Left;” i.e., it occurs within liberalism, so that whichever side wins, the liberal project is advanced.

Liberalism is fundamentally hostile to culture which, properly speaking, consists in precisely the traditional social, religious, economic, and familial structures from which the individual is to be liberated. Culture is a “set of generational customs, practices and rituals that are grounded in local and particular settings” (64). It at once looks past the present generation and binds people to a social and geographical place. Liberalism abstracts from both time and place, fostering “a new experience of time as a pastless present in which the future is a foreign land; and . . . [rendering] place fungible and bereft of definitional meaning” (66).

A healthy culture is akin to healthy agriculture . . . that takes into account local conditions intends to maintain fecundity over generation, and so must work with the facts of given nature, not approach nature as an obstacle to the attainment of one’s unbounded appetites. Modern industrialized agriculture works on the liberal model that apparent natural limits are to be overcome through short-term solutions whose consequences will be left for future generations. (70)

Liberalism makes humanity into mayflies, and unsurprisingly, its culmination has led each generation to accumulate scandalous levels of debt to be left for its children, while rapacious exploitation of resources continues in the progressive belief that future generations will devise a way to deal with the depletions. (74)

Deneen mentions that there were once laws “forbidding banks to open branches in communities outside where they were based, premised on a belief that the granting and acceptance of debt rested on trust and local knowledge.” He quotes a banker’s 1928 characterization of the business he was in: “the community as a whole demands of the banker that he shall be an honest observer of conditions around him, that he shall make constant and careful study of those conditions, financial, economic, social and political, and that he shall have a wide vision over them all.” The economic crash of 2008 was in part the result of the elimination of such cultural norms “that existed to regulate and govern the granting and procuring of mortgages” (86). The response to the disaster, predictably, was a call for more governmental regulation, not any renewed reliance on local knowledge and responsibility. Most of us have simply lost any ability to think outside the liberal opposition of state and market forces.

What used to be called the American Dream was roughly a country where every man of normal capacity with a willingness to work could afford to support a wife and family, own a home and car, and take the children to the beach every summer. The realization of such a social vision in the middle of the last century was ascribed at the time (i.e., during the Cold War) largely to America’s free enterprise system. Now that this way of life is lost to us, we can better perceive that it also depended on certain limitations to the rule of market forces: viz., legalized discrimination against working women (the reservation of “family wage” jobs to men), restrictions on immigration (especially by the low-skilled), trade unionism and collective bargaining, as well as greater obstacles to foreign “outsourcing.” We have liberalism to thank for tearing all these supports away.

In compensation, it has given us the cheapness of the junk at Walmart. Economist Tyler Cowen believes that the rise of the talented few “will make it easier to ignore those who are left behind.” He has actually proposed constructing subsidized favelas where the losers of the liberal economic order – the majority of the population – can while away the years between birth and death with distractions such as free internet: “We might even look ahead to a time when the cheap or free fun is so plentiful that it will feel a bit like Karl Marx’s communist utopia, albeit brought on by capitalism.” He describes this nightmare scenario as “the light at the end of the tunnel” (141).

Deneen notes the irony that an economic system which has sacrificed everything to individual autonomy has come to seem even to the most talented like an impersonal form of bondage, a rat race from which there is no escape. He reports a typical student telling him:

If we do not race to the very top, the only remaining option is a bottomless pit of failure. To spend time in intellectual conversation in moral or philosophical issues or to go on a date all detract from time we could be spending on getting to the top and thus will leave us worse off relative to everyone else. (11-12)

Under our “meritocratic” education system, “elite universities engage in the educational equivalent of strip mining: identifying economically valuable raw materials in every city, town, and hamlet, they strip off that valuable commodity, process it in a different location, and render the products economically useful for productivity elsewhere.” But just how long are our economically valuable processed materials going to remain productive for us if they no longer even have time to go on dates? Meanwhile, “the places that supplied the raw materials are left much like depressed coal towns whose mineral wealth has been long since mined and exported” (132).

Education in the service of economic productivity is seen as “practical” but, as Deneen observes, this is to ignore the “more capacious way of understanding ‘practical’ to include how one lives as a spouse, parent, neighbor, citizen, and human being.” The abstract babbling about “social justice” on university campuses encourage functions as a replacement for the genuine social duties students no longer have.

Meanwhile, “conservative” legislatures are gutting the humanities offerings at state-supported schools in the name of cost-cutting. One liberal administrator has perceptively described the mindset: “They’ve decided that rather than defending Edmund Burke, it’s easier just to run Intro to Business online and call it a day.”

Deneen is not optimistic about the prospects for a political solution to the crisis of liberalism, warning that “the likely popular reaction to an increasingly oppressive liberal order might be forms of authoritarian illiberalism that would promise citizens power over those forces that no longer seemed under their control: government, economy, and the dissolution of social norms.” I believe this is correct. The best near-term political fix would likely be a Caesarism similar to what Donald Trump promised but failed to deliver in America. As Deneen says,

the “limited government” of liberalism today would provoke jealousy and amazement from tyrants of old, who could only dream of such extensive capacities for surveillance and control of movement, finances, and even deeds and thoughts.

Could the “illiberal democracy” endorsed by Viktor Orbán really be any worse?

In the longer term, the answer to our problems is not to be found in politics at all:

There is evidence of growing hunger for an organic alternative to the cold, bureaucratic, and mechanized world liberalism has to offer. While especially evident in the remnants of orthodox religious traditions, . . . the building up of practices of care, patience, humility, reverence, respect, and modesty is also evident among people of no particular religious belief, homesteaders and “radical homemakers” who are seeking within households and local communities to rediscover old practices that foster forms of culture liberalism otherwise seeks to eviscerate. Often called a counterculture, such efforts should better understand themselves as a counter-anticulture. (191-192)

As advanced liberalism throws ever more people into economic and familial instability, and our ever-increasing individual autonomy leaves us (as Tocqueville predicted) both “independent and weak,” “such communities of practice will increasingly be seen as lighthouses and field hospitals to those who might once have regarded them as peculiar and suspect” (197).

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2019/10/the-roots-of-liberalisms-contemporary-crisis/

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jeudi, 03 octobre 2019

Survivre au déclin de l' Europe - Le Zoom avec David Engels sur TVL

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Survivre au déclin de l' Europe

Le Zoom avec David Engels sur TVL

 
 
L’historien et professeur d’Université David Engels nous présente son ouvrage Que faire ? Survivre au déclin de l’Europe !
A travers ce livre l’auteur, enseignant à Poznan, propose aux européens et tout particulièrement aux pays les plus exposés à des bouleversement de société de repenser leur mode de vie.
 
Retrouvez-nous sur : https://www.tvlibertes.com/
 

jeudi, 19 septembre 2019

The Breakdown of Order in Late Mass Democracy

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The Breakdown of Order in Late Mass Democracy

By John Derbyshire

Ex: http://www.hlmenckenclub.org

Good morning, ladies and gentlemen. Thank you for being here, and thanks to Paul  for what already looks like another very successful conference.

First somewhat of an apology. The title of my talk is misleading. I have the heart and soul of a freelance journalist, and we don’t bother much with titles. Titles to articles in newspapers and magazines were traditionally supplied by subeditors—the people responsible for headlines and photo captions. Where titles are concerned, a freelancer has to take his chances with the subs.

That’s not precisely what happened here. What actually happened was, Paul asked me if I’d join a panel on anarcho-tyranny. I said I’d be delighted. Paul asked if there was any particular subtopic I wanted to focus on. I said: “Nah, just give me a topic and I’ll run with it.” Paul then listed my topic as: “The Breakdown of Order in Late Mass Democracy.”

I tell you this to make it plain that I don’t, from long habit, take titles very seriously; and this is not Paul’s fault.

So I can now tell you that, after pondering the title Paul has supplied me with, I don’t in fact think there will be a breakdown of order in what—yes, I do agree—we can rightly call “late mass democracy.”

Not only do I think there will not be a breakdown of order, I fear the opposite thing: an intensification of order.  Let me explain that.

I think the distinguishing characteristic of late mass democracy is the elites getting their mojo back.  After a Century of the Common Man, elites are now saying to themselves, in the current popular idiom: “We’ve got this.”

To explain what I mean, let me take a brief historico-literary detour.*

When I was getting my secondary education back in England in the early 1960s, a common exercise for sixth formers—that is, high school juniors and seniors—was to read George Orwell’s Nineteen Eighty-Four, and then to read Aldous Huxley’s Brave New World, and to write an essay declaring, with supporting arguments, which of the two books you thought the actual future would more closely resemble.

BNW-AH.jpgBoth these books presented the reader with a dystopia—a dark view of humanity’s future.  The two dystopias were radically different, though.

In Orwell’s vision, as I’m sure is well known, the human spirit had been tamed by terror. A ruling elite, divided into an Inner Party and an Outer Party, maintained itself by fear.  Outer Party members, who did the administrative grunt work, were kept under constant vigilance by the Thought Police. Dissidents were hauled away to be tortured and killed. A great sullen mass of proles, with no political rights, were kept pacified by a coarse kind of popular culture and frequent spasms of war fever, and were also under watch by the Thought Police, so that potential troublemakers could be quickly identified and eliminated.

Huxley’s dystopia was altogether different.  Huxley’s planet is unified and at peace. Its affairs are managed by ten regional Controllers. Marriage, childbirth, and family life have been abolished, along with all kinds of suffering — even such minor kinds as disappointment and frustration. Also gone are the nation-state, war, religion, ethnicity, and all profound art and literature. Disease has been banished. Old age has been banished too, very nearly: Citizens are healthy, vigorous, and attractive until about age 60, when they decline quickly to death. Everyone lives in a state of contented hedonism, assisted by regular doses of soma, a freely available narcotic with no side- or after-effects. Sex is promiscuous and recreational, with universal free access to contraception and abortion.

The necessary work of Huxley’s society is carried out via a system of castes, with bright and capable Alphas at the top, then betas, gammas, deltas, down to dimwitted Epsilons at the bottom. Caste is determined in the Hatcheries, where good-quality eggs and sperm are mated to produce Alphas. Inferior zygotes are assigned to the lower castes and cloned. The production of well-adjusted citizens is completed in Conditioning units.

All this is accomplished so successfully that society is well-nigh self-regulating. The Controllers, though in theory they’re possessed of despotic powers, in fact have very little to do.

When I got this assignment around age 17, I pondered the matter and came down on the side of Huxley as having given us a more probable picture of the future. I can’t honestly remember my arguments, but I suspect my choice was mainly esthetic.  Orwell’s vision was plainly horrible. It even smelled bad: remember how Winston Smith’s apartment building stank of boiled cabbage? Huxley’s world, on the other hand, didn’t sound bad at all. Universal peace; no more diseases; pop a harmless pill if you’re unhappy; guilt-free recreational sex; what’s not to like? When you read Brave New World, you know there’s something badly wrong with it; but it’s surprisingly difficult to say what, exactly, that is.  Speaking as a bookish intellectual, I would say that what’s wrong is the stasis, the end of any quest for knowledge, for deeper understanding of the world.

When I look at the trends of our own time, it seems to me that my 1962 judgment was correct, however accidentally.  Of course, Huxley’s vision was only very approximately predictive. He got a lot of things wrong. We don’t need a caste of dimwitted Epsilons to do the industrial work, we can have robots do it.

BNW-2-AHux.jpgMore glaringly, he did not foresee the great explosion in the populations of hopeless people seeking to escape chaotic nations—the crowds we have seen on our TV screens this past few weeks heading up through Mexico; with, looming up behind them, the prospect of—what is the latest UN projection? Four billion, is it?—desperate Africans by the end of this century.

Still, if the civilized world can find some way to deal with those issues, or can just fence itself off from them, the trendlines for our society are Huxleyan.  Soma, the universal tranquillizer, is not yet with us, but with a couple more cycles of pharmacological advance, it likely will be. An alpha class of genetically superior humans could arise quite naturally and commercially from techniques of embryo selection already available. Something like it is anyway emerging naturally, from assortative mating among our meritocratic elites.  As has often been noted: doctors used to marry nurses and lawyers used to marry their secretaries. Now doctors marry doctors and lawyers marry lawyers. Huxley’s feelies—entertainment fed in through all the senses—are not far from the Virtual Reality gadgets already on the market.

As for social disorder: well, Pat Buchanan—who turned eighty yesterday, by the way: Happy Birthday, Pat!—reminded us in a column just last month how very disorderly the USA, and the rest of the civilized world, was fifty years ago. The Weathermen and the Black Panthers; the Symbionese Liberation Army—remember them? The Red Brigades and the Baader-Meinhof gang; political assassinations; the 1968 Democratic Convention; Kent State and Cornell; …

Antifa put up a good show; and yes, I certainly agree that they illustrate the principle of anarcho-tyranny very well, controlling the streets while leftist politicians stand down the police forces. As a force for generalized disorder, though, they are not impressive. Antifa would run like chickens from a whiff of grapeshot.

The overall trend of our societies is Huxleyan.  It is the trend Steven Pinker has famously described in his book Better Angels: towards a pacified, tranquillized, hedonistic caste society.

Here in the USA the trend lines can actually be traced some way back.

In every organized society there is a tension between order and liberty. We Americans love our liberty, of course; but my love of liberty stops well short of loving your liberty to break my leg or pick my pocket. There needs to be social order.

albionseed.jpegOur own conception of social order is a fermented brew whose original ingredients were sketched out by David Hackett Fischer in his 1989 classic Albion’s Seed. Fischer described how the four main stocks of British settlers in the 17th and 18th centuries each contributed an ingredient to the national culture, and in particular to our notions of social order.

  • The Puritans of New England, drawn heavily from England’s literate artisan classes, had a conception of social order Fischer defines thus: “A condition where everything was put in its proper place and held there by force if necessary … a condition of organic unity.”  Crime stats tell the story. Further quote from Fischer: “Crimes against property were more common than crimes against persons. But crimes against order were the most common of all.” [My italics.]  The examples Fischer gives are: violations of the sabbath, blasphemy, sexual offenses, idleness, lying, domestic disorder, or drunkenness.

  • The “distressed cavaliers” and rustic, illiterate English peasants and house servants who populated Virginia and the Tidewater South had a much less egalitarian, much more hierarchical notion of social order, with county sheriffs appointed in the name of the Crown, not elected constables as in New England.  There was much more interpersonal violence here; but the violence too was hierarchical. Fischer: “It was often used by superiors against inferiors, and sometimes by equals against one another, but rarely by people of subordinate status against those above them.” Crimes of violence were more common than property crimes.

  • The Quakers of the Delaware Valley based social order on tolerance, forbearance, and the Golden Rule.  Quote from Fischer: “There were no crimes of conscience in the Quaker colonies before 1755.” Social order meant social peace. Criminal penalties were generally lighter than in the other colonies; but, says Fischer: “They punished very harshly acts of disorder in which one citizen intruded upon the peace of another … Penalties for crimes of sexual violence against women were exceptionally severe.”

  • And then there were the Scotch-Irish of the back-country, drawn from the half-civilized border lands where England meets Scotland, and from those same border folks’ Protestant settlements in Northern Ireland. These people had the least structured notion of social order among all the colonists. Fischer: “The prevailing principle was lex talionis, the rule of retaliation. It held that a good man must seek to do right in the world, but when wrong was done to him he must punish the wrongdoer himself by an act of retribution that restored order and justice in the world … A North Carolina proverb declared that ‘every man should be sheriff on his own hearth.’” That didn’t leave much for government to do. This was a very individualistic culture. Property crimes were punished much more severely than crimes of violence. One 18th-century court gave the following sentences: for hog stealing, death by hanging; for the rape of an 11-year-old girl, one shilling fine.

Overlaid on these original order traditions were the political arrangements thrashed out by the founders of our republic. Just to remind you, in very brief: Anti-Federalists favored localism and democracy modeled on the classical age, as updated by Locke and Montesquieu—a loose collection of self-governing cantons with minimal central control. Federalists argued for a stronger central government as better suited for defense and financial stability. Out of these arguments emerged our Constitution and Bill of Rights.

The Constitution was supposed to have settled this question: Could a republic of the classical democratic or aristocratic type, as somewhat modernized by recent thinkers, be scaled up to continental size, given that the only pre-modern unitary states of that size had been despotic empires?

You can make a case that the answer was “No” for the first hundred years or so of the U.S.A.; that the Civil War, whatever its proximate cause, showed the fundamental instability of the 1789 model; but that the model was then rescued, from the late 19th century on, by technology—particularly by mass communication, mass transportation, and mass education.

And thus we arrived at mass democracy: and not only us, but much of the rest of the world. And of course I am over-simplifying: the relevant developments have roots back in the 16th century, with printing and the Reformation—what the Third Duke of Norfolk dismissed with disgust as “this new learning.”

But we arrived at mass democracy, and the 20th century was the Century of the Common Man.  We still had elites, of course; but under mass democracy—or, in the context of my title, early mass democracy—the elites had to pretend to be just lucky commoners.  They had to practice the common touch.

The transformation is easier to see in cultures that came later to the party.  Japanese elites used to wear fantastically elaborate uniforms. Palace flunkies used to stain their teeth black to distinguish themselves from the common herd.  Now Japan’s elites strive to look just like middle-class salarymen. Or perhaps you’ve seen that juxtaposition of two photographs of female undergraduates at an Egyptian university, one taken in 1950 where they are in Western frocks and blouses, a westernized elite, the other much more recent with them all in burkas like peasant women.

Now, in the 21st century, the elites are making a comeback.  They’ve had a bellyful of this Common Man stuff.  How to do it, though? The traditional hierarchy of rank and genealogy—the pattern of order that shaped Europe and the old Tidewater South—is long gone. The violent egalitarianism of the Scotch-Irish has been corralled off into a few localities none of us ever need visit: inner-city ghettos and remote mountain villages.  The totalitarian order of the big old 20th-century despotic utopias proved a bust, though it lingers on in a few hell-holes like North Korea.

What system of order is appropriate to an age of unbounded material plenty, ample leisure, an internet panopticon, and rapid growth of understanding in the human sciences and biotechnology?  I think the goodthinking consensual model of Puritan Massachusetts set the model; except that, with sophisticated conditioning, a free ration of soma, and endless hedonistic distractions, there’ll be no need to burn witches or hang Quakers.

If we can just find some way to manage, or contain, those swelling tides of the hopeless heading for our borders, we shall reach the Brave New World at last.

vendredi, 21 juin 2019

Panajotis Kondylis: Ein skeptischer Aufklärer

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Panajotis Kondylis: Ein skeptischer Aufklärer

 

PKphoto.jpgDer Bewunderer des sozialpolitischen Denkers Panajotis Kondylis (1943-1998), Falk Horst, brachte vor einigen Monaten einen gehaltvollen Sammelband heraus. Der Titel lautet: „Panajotis Kondylis und die Metamorphosen der Gesellschaft“.

Kennzeichnend für das Werk des verstorbenen griechischen Gelehrten, der in Heidelberg ein großes Stück seiner Lebenszeit verbrachte und der meist auf Deutsch seine begrifflichen Entwürfe ausführte, war sein auf Machtansprüche bezogener interpretativer Ausgangspunkt. Im Gegensatz zu anderen dem Moralisieren zugeneigten Ideen- und Sozialhistorikern hat Kondylis nie für das „Gute“ gekämpft. Zwar von der Aufklärung geprägt, hat Herausgeber Falk Horst recht, wenn er von einem Aufklärer ohne Mission spricht.

Kondylis zergliedert aufeinanderfolgende Weltanschauungen ausgehend vom Mittelalter, aber er packte seine Aufgabe möglichst wertfrei an. Er bezeichnete diese Herangehensweise als „deskriptiven Dezisionismus“, den er von wertbezogenen Auffassungen menschlicher Entscheidungen und Ansprüche abhebt. Und er benennt die Wissenschaftlichkeit, die er in seinen zur Reife gelangten Büchern verfolgt, als „Sozialontologie“.

In erster Linie ein Sozialwesen

Kondylis geht von der Grundannahme aus, dass das menschliche Wesen nicht von einer bestimmten Sozialbeziehung loszutrennen sei. Von seinem Standpunkt her ist der Mensch in erster Linie Sozialwesen, dessen Verhältnis zu Mitmenschen und zur Außenwelt durch seine Stelle in einer vorgegebenen Rangordnung zu berücksichtigen sei.

Zuallererst kümmert man sich um die Selbsterhaltung, die die Mitwirkung anderer voraussetzt und dann darum, seine Nische gegen Kontrahenten zu verteidigen. In seinem schmalen Band Macht und Entscheidung. Die Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage (1984) nimmt Kondylis die kämpferische und machtstrebende Seite von zwischenmenschlichen Wechselwirkungen in den Blick.

Moralismus oder Nihilismus

Grundlegend für seine seitenreichen Bücher über die Aufklärung, den klassischen Konservatismus und das Zeitalter der planetarischen Politik ist seine Inanspruchnahme einer machtorientierten Auslegungsperspektive. Auch bei gelehrten Auseinandersetzungen und streng herausgebildeten theoretischen Arbeiten lässt sich so eine alle Anliegen prägende Kampfgesinnung feststellen. Der Wissenschaftler stellt seine These derjenigen seines Kontrahenten entgegen.

Die Aufklärungsdenker legten es darauf an, Natur und Sinnlichkeit gegen eine mittelalterliche Denkart geltend zu machen. Doch die ehemaligen Beteiligten gingen getrennte Wege, als die Frage aufkam, ob der Kampf gegen die verworfene Metaphysik in einer normativen Sittlichkeit oder in einem alles zerlegenden Nihilismus münden sollte. In zwei gegensätzliche Denkgruppen zerteilten sich die Aufklärer, die Verfechter einer Vernunftsmoralität wie Kant und Voltaire und nihilistische Materialisten wie Holbach und La Mettrie.

Die bürgerliche Gesellschaft, die die Kulturwelt der Aufklärung hochhielt, mußte einen Zweifrontenkrieg gegen den Konservatismus führen, der die Ideale einer vormodernen Sozialordnung wieder zur Geltung bringen wollte, und gegen die Massendemokratie, die für die Gleichheit und Austauschbarkeit der Menge eintritt. Ohne diese dialektische, kämpferische Stoßrichtung zu betrachten, meint Kondylis, sind aufeinanderfolgende Herrscherklassen und führende Ideologien kaum zu begreifen. Nur im Hinblick auf ein Gegenüber entwickelt sich der Einzelne gemeinschaftlich, seinsartig und begrifflich heraus.

PK2.jpgEine Synthese aus Marx und Carl Schmitt?

Die Sozialontologie und Sozialanthropologie von Kondylis wird normalerweise als eine einfallsreiche Verschmelzung der Gedanken Marxens und Carl Schmitts interpretiert. Verblüffend mag es sein, dass Kondylis Marx, aber bei weitem weniger Schmitt, als Vordenker anerkannte. Ebenso großzügig gestand er Reinhart Koselleck, mit dem er einen langjährigen Briefwechsel unterhielt, und seinem Doktorvater aus Heidelberg, Werner Conze, eine Einwirkungsrolle bei seiner Ideenwelt zu. Zusätzlich erwähnt er Spinoza, dessen-theologisch-politischer Traktat seinen Machtbegriff mitgestaltete.

Warum aber ging Kondylis mit Schmitt, dessen Freund-Feind-Denken  er teilt, fast stiefmütterlich um? Mag sein, dass Kondylis die Originalität seiner Begriffe unterstreichen wollte. Ebenso relevant, wie Horsts Sammelband klarmacht, wurde Kondylis zu seiner Jugendzeit radikalisiert, als er gegen die Regierung der Obristen in seinem griechischen Stammland aufgemuckt hatte.

Auf diese Jugendjahre ist die marxistische Prägung zurückzuführen, auch wenn der ausgereifte Denker kaum als Marxist oder als links orientiert einzustufen war. Die Fokussierung auf Geschichtsabläufe und sozial bedingte Leitkulturen weisen auf marxistisch angehauchte Schwerpunkte zurück. Klar ist aber, daß Kondylis wie Koselleck und andere führende deutsche Ideenhistoriker aus der zweiten Hälfte des letzten Jahrhunderts von Schmitt beeinflusst wurden.

Daß Kondylis mit einem einspurigen oder übermäßig vereinfachenden Weltbild hantierte, ist eine geläufige Kritik an seiner anthropologischen und politischen Perspektive, die sich um die Selbsterhaltung und das Machtstreben des sozial angesiedelten Einzelnen dreht. Aber das setzt voraus, daß der Sozialforscher Kondylis ein Gesamtbild des politischen, gemeinschaftlichen und ideentheoretischen Handelns liefern wollte. Stattdessen kann sein Gedankengut herangezogen werden, um das menschliche Verhalten zu beleuchten und Erkenntnis über die menschliche Motivation in einzelnen Situationen abzugeben.

Kein Optimist

Bei all seiner Anhänglichkeit an die Aufklärung und die dazugehörigen Einsichten hat Kondylis keinesfalls das optimistische Zukunftsbild vertreten, das den Rationalismus des achtzehnten Jahrhunderts prägte. Er zählte zur Gesellschaft, die Zeev Sternhell und Isaiah Berlin als „les Contre-lumières” charakterisierten und die angeblich nichts Gutes im Schilde führten. Diese Grübler setzen die kritische Verfahrensweise der Aufklärung ein, um ihre Endvision zu hinterfragen und sogar zu entwerten.

Anders gesagt: Kondylis verstand seinen Lehrauftrag anders als die von ihm bespöttelten Moralisten. Außer dem Entscheidungstreffen sozial verorteter und motivierter Einzelner und Gruppen, die im Spannungsfeld mit anderen ähnlich bestimmten Wesen handeln, kann uns Kondylis kein Welt- oder Zukunftsbild anbieten. Zu seiner Ehre mahnt er vor den Schönfärbern, die unsere Freiheit wie unsere Nüchternheit abschaffen wollen.

Aus dem Kreis der BN-Autoren hat sich insbesondere Felix Menzel mit Kondylis beschäftigt und ein Zitat aus Macht und Entscheidung seiner Alternativen Politik vorangestellt.

dimanche, 26 mai 2019

Interview mit Prof. Dr. David Engels zum Verfall der EU

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Interview mit Prof. Dr. David Engels zum Verfall der EU

Die westliche Welt steckt in einer Krise

Ex: https://www.freiewelt.net

Die EU ist in der Krise. Das ist ein Symptom einer viel tieferen Krise, in der allgemein die westliche Welt steckt. Dies zeigt sich am Verfall der Werte, an der außenpolitischen Überforderung, an der Deindustrialiserung und den restriktiven Maßnahmen zur Zensur.

Foto: Freie Welt

Freie Welt: Sehr geehrter Herr Prof. Engels: Befindet sich die EU in einer Krise?

Prof. Engels: Leider ja, sogar mehr denn je. Selbst die politischen Eliten, welche lange ausschließlich von einer „institutionellen“ Krise der EU gesprochen haben, sind zunehmend gezwungen anzuerkennen, daß es sich um nichts weniger als um eine echte Zivilisationskrise handelt, wie kürzlich noch Emmanuel Macron in seinem feierlichen Aufruf schrieb. Diese Krise ist freilich nicht durch die EU hervorgerufen worden (wenn diese auch das ihre dazu getan hat, sie zu verstärken); vielmehr könnte man sagen, daß die EU selber mitsamt ihren zahlreichen inneren Problemen nur ein Symptom der sich immer stärker verschärfenden Krise der westlichen Welt ist.

Freie Welt: Was sind für Sie die Hauptprobleme des heutigen Europa?

Prof. Engels: Die Liste ist lang: Gesellschaftliche Polarisierung, Masseneinwanderung, Bildungsnotstand, Fundamentalismus, verfallende Infrastrukturen, Terrorismus, demographischer Niedergang, Desindustrialisierung, Zerfall der klassischen Familie, Hedonismus, Überalterung, Rechtsrelativismus, explodierende Staatsschulden, Islamisierung, Elitendemokratie, Kasinokapitalismus, asymmetrische Kriege, absehbarer Bankrott der Rentenkassen, Zunahme krimineller Gewalt, bürokratische Überregulierung, Bedrohung der Sicherheit der Frau, ausufernde Sozialbudgets, Parallelgesellschaften, Instrumentalisierung der historischen Schuld der abendländischen Völker, Bargeldabschaffung mitsamt den sich potentiell daraus ergebenden Negativzinsen, immer größerer wissenschaftlich-technologischer Rückstand, zunehmender Aufbau eines flächendeckenden digitalen Überwachungssystems – und die Liste ließe sich noch lange fortsetzen und natürlich um die zahlreichen inneren Probleme des EU-Apparats wie auch die äußeren Bedrohungen des Kontinents durch ein expandierendes China, eine instabile USA, einen immer fundamentalistischeren Nahen Osten und ein demographisch gärendes Afrika ergänzen.

Freie Welt: Was macht für Sie die Eckpfeiler der europäischen Identität aus?

Prof. Engels: Die europäische – ich bevorzuge eigentlich das schöne Wort „abendländische“ – Identität besteht in der seit Jahrhunderten geteilten gemeinsamen Geschichte mit ihrer inneren Dynamik und Zusammengehörigkeit. Ein noch so oberflächlicher Blick in ein beliebiges Museum europäischer Kunst oder Geschichte, sei es nun in Portugal, Deutschland oder Polen, sollte eigentlich genügen, selbst dem historisch Unbedarftesten zu zeigen, daß das Abendland eine kulturelle Schicksalsgemeinschaft sondergleichen ist: Von der Romanik über Gotik, Renaissance, Barock, Rokoko, Klassizismus, Romantik und Historismus bis zum Modernismus; vom mittelalterlichen Katholizismus über die Reformation, die Wiederentdeckung der Antike, die Aufklärung und den Liberalismus bis zur gegenwärtigen „politischen Korrektheit“; von der Monarchie über den Feudalismus, die frühneuzeitlichen Territorialstaaten, den Absolutismus, die bürgerliche Demokratie und den Totalitarismus bis hin zur gegenwärtigen internationalen und globalistischen Ordnung – all dies betrifft nicht nur einen einzigen europäischen Nationalstaat, sondern verbindet uns alle von Lissabon bis Vladivostok und von Palermo bis nach Tromsø, und trennt uns gleichzeitig auch in schärfster Weise von den anderen großen Kulturräumen der Weltgeschichte. Die Wurzel jener geteilten Identität aber liegt in der gemeinsamen Auseinandersetzung mit dem Christentum, wobei zu betonen ist, daß in Europa selbst noch die Ablehnung des Christentums sich in geistig typisch christlich geprägter Weise vollzieht. Wir können unserem christlichen Erbe nicht entkommen, denn wir tragen es in uns.

Freie Welt: Warum verkörpert die heutige EU diese nicht? Warum fällt es vielen Bürgern heutzutage schwer, sich mit der EU zu identifizieren?

de-l2-1.jpgProf. Engels: Sehr einfach: Die EU glaubt, sich von der historischen Identität des Abendlands abwenden zu können und den (wiederum letztlich typisch christlich verankerten) Wunsch nach Selbstüberwindung und Selbstkritik so pervertiert überziehen zu können, daß sie ganz auf eine historische Fundamentierung ihrer Identität verzichtet und gewissermaßen in Erwartung künftiger Weltverbrüderung schon jetzt auf dem europäischen Kontinent einen universalistischen, multikulturellen, rein humanistisch und somit relativistisch fundierten Weltstaat aufbaut. Das ist in etwa so klug, als schneide man einer Pflanze die Wurzeln ab, damit ihre Bodenhaftung sie nicht am Wachstum hindere – und ebenso selbstzerstörerisch, denn das europäische Projekt kann sich über kurz oder lang nur in einen materialistischen, zynischen und hedonistischen Alptraum wandeln, wenn die „Werte“, auf denen es basiert, rein positivistisch gesetzt und somit beliebig interpretier- und manipulierbar sind, da ihnen jeglicher absoluter, sei es transzendentaler, sei es traditionaler Bezugspunkt fehlt.

Freie Welt: Ist es überhaupt möglich, alle Vorgänge und Lebensbereiche der europäischen Länder in Brüssel zu zentralisieren?

Prof. Engels: Möglich ist dies sicher – Stichwort Sowjetunion –; die Frage ist natürlich nur, wie lange, und um welchen Preis.

Freie Welt: Droht ein Verlust unserer europäischen Identität?

Prof. Engels: Dieser Verlust „droht“ ja leider nicht nur, er ist bereits zu einem großen Teil eingetreten. Freilich ist dies nicht unmittelbar die alleinige Schuld der europäischen Institutionen; vielmehr handelt es sich nur um die letzte Konsequenz eines typisch spätzeitlichen Selbsthasses, der sich schon in der Fin-de-siècle-Stimmung ankündigte und sich in den 1968ern erstmals voll entlud. Die Entwicklung ist heute schon so weit geraten, daß seit wenigstens einer, wenn nicht zwei Generationen eine weitgehende Loslösung von der eigenen Geschichte und somit den eigenen Werten stattgefunden hat: Die heutigen Europäer wandeln durch ihre Lebenswelt wie Fremde durch das Museum einer lange untergegangenen Kultur, und es steht zu fürchten, daß zusammen mit der geteilten Vergangenheit nicht nur die innere Verpflichtung zum Schutz dieses Erbes verlorengeht, sondern auch jegliche Solidarität zwischen den Menschen abendländischer Kultur.

Freie Welt: Was ist für Sie die Aufgabe einer Europäischen Union? Brauchen wir überhaupt eine europäische Gemeinschaft?

Prof. Engels: Ja, wir brauchen sie sogar unbedingt. Aber freilich nicht in der gegenwärtigen Form, welche den eigentlichen Interessen des Abendlands geradezu entgegengesetzt ist: Wir brauchen eine institutionalisierte Zusammenarbeit der abendländischen Staaten, welche deren Lebensart bewahrt und sie nach außen hin schützt. Heute haben wir das Gegenteil: Eine EU, welche wesentlich daran beteiligt ist, Welt- und Menschenbild der europäischen Völker durch Universalismus, Multikulturalismus und politische Korrektheit aufzulösen und den Kontinent gleichzeitig den Interessen einer kleinen globalistischen Wirtschafts- und Politikelite auszuliefern.

Freie Welt: Welche Rolle kommt in einer Europäischen Gemeinschaft in Ihren Augen den einzelnen Nationen zu?

Prof. Engels: Als Kulturmorphologe erwarte ich, auch auf Basis des Vergleichs mit der Entwicklung anderer Zivilisationen, daß der „Nationalstaat“ im Sinne des 19. Jhs. nur noch eine sehr begrenzte Zukunft hat: Die äußere wie innere Bedrohung Europas ist solchermaßen geartet, daß das Abendland gegen die Gefahr der demographischen Überflutung, der Islamisierung und der Unterwerfung unter die chinesische Hegemonie nur dann noch eine Zukunft hat, wenn die Nationalstaaten zumindest Teile ihrer Hoheitsrechte an eine höhere Instanz delegieren: Auf sich alleine gestellt, dürften die meisten europäischen Nationalstaaten, Deutschland inklusive, rasch in der einen oder anderen Weise als politische und kulturelle Akteure der Weltgeschichte ausscheiden. Freilich muß es im Gegenzug gesichert werden, daß jene gemeinsamen Institutionen nicht nur einer echten demokratischen Kontrolle unterliegen, sondern auch im Geiste der positiven inneren Verbundenheit mit der abendländischen Geschichte und den europäischen Interessen agieren – was zur Zeit ja leider reine Zukunftsmusik und letztlich der Grund für die Krise der EU ist. Mit den „Nationen“ steht es freilich anders: Sie gab es bereits vor dem Nationalstaat, und sie werden diesen wohl auch überleben, wenn auch zum einen die Grenzen zwischen den einzelnen Völkern aufgrund der hohen Binnenmobilität zunehmend (wieder) verschwimmen werden, und zum anderen aufgrund der allgegenwärtigen Amerikanisierung eine gewisse Verflachung stattfindet, die ihrerseits natürlich auch den Weg zu einer zunehmenden, auch politischen Vereinheitlichung des Kontinents ebnet. Das darf und soll man bedauern – aber man kann es nicht rückgängig machen. Wem tatsächlich am Alten gelegen ist, der darf nicht versuchen, den status quo ante zu restituieren (etwa die angeblich „gute alte Bundesrepublik“), sondern der muß revolutionär in die Zukunft hinein wirken. Di Lampedusa schrieb einmal: „Damit alles gleichbleibt, muß sich alles verändern“ – diesen Satz sollte man sich gerade auf Seiten der Konservativen zu Herzen nehmen.

Freie Welt: Ihr nun herausgegebenes Buch Renovatio Europae trägt den Untertitel Plädoyer für einen hesperialistischen Neubau Europas. Halten Sie die EU nicht für reformierbar? Warum braucht es einen Neubau?

Prof. Engels: In der Tat: Die EU ist aus eigenen Kräften gegenwärtig nicht reformierbar – und dieser Zustand wird sicherlich auch einige Jahre, wenn nicht Jahrzehnte andauern, bis die EU, zusammen mit unserer gegenwärtigen Gesellschaft, an ihren inneren Widersprüchen zerbricht und den Weg freimacht für eine Neuordnung. Das wird ein sehr schmerzhafter und gewaltsamer Prozeß werden, und auch der daraus hervorgehende Zustand wird wohl in Anbetracht der Sachlage kaum ein Idealstaat werden. Immerhin aber soll unser Buch helfen, schon jetzt, wo es gewissermaßen zunehmend im Gebälk kracht, einige Wege aufzuzeigen, wie man aus den kommenden Zeiten das Beste machen könnte, und wie wir zumindest das Wichtigste, nämlich unser abendländisches Welt- und Menschenbild, in die Zukunft hinüberretten können. Es geht also weniger um ein unmittelbar zu realisierendes Idealbild – dafür ist es ohnehin schon viel zu spät – als vielmehr um eine Art regulative Idee, die aber heute schon ihre Wirkmächtigkeit entfalten kann – vielleicht gerade weil sie den gegenwärtigen Zuständen so radikal entgegengesetzt ist.

Freie Welt: Der Titel ist, schreiben Sie, auch eine Provokation. Warum wollen Sie provozieren?

Prof. Engels: Eine der größten Probleme der Gegenwart ist die feige und opportunistische Suche nach Kompromiß, Konsens und kleinsten gemeinsamen Nennern. Dies hat nicht nur zur gegenwärtigen Dominanz der „politischen Korrektheit“ geführt, die ja paradoxerweise eben jenen Anti-Elitismus zum Motor einer einzigartigen politischen und gesellschaftlichen Polarisierung des Westens in „Völker“ und „Eliten“, in „reich“ und „arm“ umgestaltet hat; es hat auch zu einer fast völligen Gleichschaltung „konservativer“ Denker und Meinungen mit dem gegenwärtigen Zeitgeist geführt. Anstatt sich mutig zu Tradition und Geschichte zu bekennen, bemühen sich die meisten Konservativen, ihre Positionen durch das allgegenwärtige Vokabular des Linksliberalismus zu begründen: Dies bringt sie aber nicht nur in eine unüberwindliche Schieflage, sondern gestaltet ihren Kampf um die Gestaltung unserer Lebensumstände in ein bloßes Betteln um ihre Anerkennung als „eine Meinung unter mehreren“. In dieser Situation einmal den Spieß herumzudrehen und sich nicht anzubiedern, sondern im Gegenteil die in sich selbst ruhende Begründung der eigenen Überzeugung zu unterstreichen, schien mir ein dringend notwendiger Schritt, gerade in einer Zeit der zunehmenden Verengung und Verschiebung des Meinungskorridors.

Freie Welt: Wer sollte das Buch lesen?

Prof. Engels: Jeder!

Freie Welt: Der Begriff Hesperialismus ist uns noch nie begegnet: Was ist der Hesperialismus?

Prof. Engels: Mit „Hesperialismus“ ist die Überzeugung gemeint, daß das Abendland nur dann eine Zukunft hat, wenn es zum einen treu zu seinem historischen Erbe steht und seine Wurzeln pflegt, anstatt sie abzuschneiden, zum anderen aber politisch eng zusammenarbeitet, um sich gegen die zahlreichen Gefahren von innen wie von außen zu wehren. Diese Überzeugung ist insoweit „neu“ bzw. unüblich, als lange Jahre hinweg der kulturkonservative Standpunkt meist mit den sogenannten Nationalisten oder Euroskeptikern assoziiert wurde, während das Bekenntnis zu einem vereinigten Europa meist eher auf Seiten der Linken gepflegt wurde.

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Freie Welt: Warum haben Sie ein neues Wort geschaffen? Hätte man nicht ein gängiges Wort neu definieren können?

Prof. Engels: Als Historiker bin ich natürlich sehr sensibel, wenn es um Begrifflichkeiten geht, und habe lange über die Frage nachgedacht. Leider ist es so, daß alle anderen Termini, welche ein ähnliches, patriotisches und gleichzeitig konservatives Bekenntnis zum Abendland hätten ausdrücken können, bereits ganz anders konnotiert waren. „Europäismus“ zum Beispiel ist heute ein Standardbegriff, um nicht etwa die eigentlichen „pro-Europäer“ zu bezeichnen, sondern vielmehr die Anhänger der EU mitsamt ihrer gegenwärtigen politisch korrekten Ideologie. Oder nehmen Sie „Okzidentalismus“ – hier denkt natürlich jeder an den Gegenbegriff „Orientalismus“ und die Debatte um Edward Said. Und ich will erst recht schweigen vom „Westlertum“, was ja auch nur als Antonym zu den „Slawophilen“ verständlich ist. Da war es angebracht, einen neuen Begriff zu prägen, und was lag näher, als die griechische Bezeichnung für den äußersten Westen der damals bekannten Welt, die Inseln der Hesperiden, zum Ausgangspunkt zu nehmen; umso mehr, als sie ja auch auf jene typisch abendländische, „faustische“ Sehnsucht nach dem verweisen, was immer „hinter dem Horizont“ ist, dem klassischen „plus ultra“…

Freie Welt: Wer sind für Sie die Feinde eines >>hesperialistischen Europas<<? Wo sehen Sie die größten Gefahren für Europa?

Prof. Engels: Das „hesperialistische“ Abendland ist von zahlreichen Seiten bedroht. Einige dieser Konflikte sind konkreter Art: In der multipolaren Welt des 21. Jh.s kann nur harter realpolitischer Pragmatismus, verbunden mit der Bereitschaft, schmerzliche Entscheidungen zu treffen, um noch Schlimmerem vorzubeugen, es verhindern, daß wir den Gefahren von Osten, Westen oder Süden erliegen oder an der inneren Spaltung in Klassen und Parallelgesellschaften zugrundegehen. Ein anderes Schlachtfeld – m.E. das eigentlich entscheidende – ist der Kampf um die innere, seelische Ausrichtung der letzten Abendländer: Denn der eigentliche „Feind“ Europas sitzt nicht, wie von vielen „Populisten“ behauptet, in den islamischen Vororten von Paris, London, Brüssel, Berlin oder Stockholm, auch wenn die Aufgabe, jene Bürger in das zu integrieren, was von der „Mehrheitsgesellschaft“ übrigbleibt, eine enorme Herausforderung ist. Der eigentliche Feind sitzt in uns selbst: Die Tendenz, uns von der Verpflichtung unserer Vergangenheit abzukoppeln und nur an uns und nicht unsere Vorfahren oder Nachkommen zu denken; die Versuchung, den letzten Fragen auszuweichen und ein tierhaftes, nur auf Bedürfnisbefriedigung ausgerichtetes Leben zu verbringen; die Feigheit, lieber mit der Masse zu gehen, um ungestört zu bleiben, als anzuecken; der Wunsch, keine Unterscheidungen mehr treffen zu müssen, aus jeder Ausnahme gleich eine Regel zu machen und Fragen von Gut und Böse elegant positivistisch zu relativieren; der einfache Opportunismus, in jedem Augenblick moralische Maximalpositionen zu vertreten, aus deren Unmöglichkeit sowohl ein gutes Gewissen als auch die praktische Unmöglichkeit ihrer Verwirklichung folgen, etc. Das ist der eigentliche Feind, den es zu bekämpfen gilt – und er ist heute mächtiger denn je.

Freie Welt: Glauben Sie, dass derzeit eine Bewegung entsteht, welche die linke Meinungsdominanz durchbricht? Welche Rolle sehen Sie darin für Ihr Buch?

Prof. Engels: Ich denke in der Tat, daß die Gegenbewegung zum politisch korrekten Linksliberalismus immer stärker wird, auch wenn es wohl viele Jahre, wenn nicht Jahrzehnte dauern wird, bis auf einen (ebenfalls noch in einiger Zukunft stehenden) politischen Wandel auch ein wirklich kultureller und gesellschaftlicher folgen wird – Stichwort „Marsch durch die Institutionen“. Doch reicht es nicht, jene Dominanz nur zu brechen – was soll an ihre Stelle treten? Die sogenannten „konservativen“ oder „populistischen“ Bewegungen sind tief gespalten, nicht nur, was etwa die Ausrichtung gegenüber Rußland betrifft, sondern auch und gerade die Werte: Laizismus oder Christentum; liberale oder soziale Marktwirtschaft; nationalistischer oder abendländischer Patriotismus; Positivismus oder Naturrecht; Modernismus oder Klassizismus; Individualismus oder Traditionalismus; Hedonismus oder Transzendenz… Sollte mein Buch mithelfen, die Waage zugunsten der jeweils zweiten Richtung ausschlagen zu lassen, wäre ich bereits überglücklich.

Freie Welt: Warum wir ein konservatives Weltbild heutzutage oft als rechtspopulistisch gebrandmarkt? Woher kommt all der Haß auf die konservativen Kräfte?

Prof. Engels: Vordergründig ließe sich natürlich einmal mehr das Trauma des Zweiten Weltkriegs und des Totalitarismus bemühen, aber das greift natürlich viel zu kurz, denn dann müßte eine ähnliche Abneigung auch gegen linke Kräfte bestehen, was generell nicht oder doch nicht im selben Maße der Fall ist. Auch kennen wir eine analoge Entwicklung ja gerade in jenen Staaten wie dem Vereinigten Königreich oder den USA, welche selber nie durch totalitäre Regime geprägt waren. Nein, die zunehmende Polarisierung in ein „universalistisches“ und ein „traditionalistisches“ Lager – denn das sind die einzigen Bezeichnungen, die gegenwärtig politisch überhaupt noch Sinn machen – geht mindestens bis auf den Ersten Weltkrieg zurück, wo wir sie im Kampf der „Zivilisation“ gegen die „Kultur“ finden, wie Thomas Mann sie in den „Betrachtungen eines Unpolitischen“ wortreich beschwor, und hatte bereits da eine Dimension erreicht, welche es eigentlich nötig machen würde, die Ursachen jener Spaltungen bis hin zur Französischen Revolution, ja vielleicht sogar bis zur Reformation zurückzuverfolgen (aber ich schweife ab) und gewissermaßen als allgegenwärtige anthropologische Konstante anzunehmen, die sich im Laufe der Kulturgeschichte mal zugunsten der einen, mal der anderen Richtung mit einer gewissen Regelhaftigkeit entwickelt. In dieser Hinsicht bin ich sehr von Oswald Spengler geprägt…

Freie Welt: Wird sich die Spaltung der Gesellschaft noch vertiefen?

Prof. Engels: Ganz sicherlich. In einigen Monaten oder Jahren werden massive Verteilungskämpfe einsetzen, wenn die Sozial- und Rentenfürsorge zerbricht, die Enteignung des Bürgers durch die Eurorettung (in Deutschland) bzw. die aufoktroyierte Austeritätskur (in Südeuropa) manifest wird und die Alimentierung immer größerer Migrantenmengen ins Visier der ausgebeuteten Bürger tritt. Kleinste Auslöser können hier rasch einen Flächenbrand entzünden, den zu löschen wohl viele Jahre, vielleicht sogar Jahrzehnte in Anspruch nehmen wird.

Freie Welt: Glauben Sie, dass die Kräfte des Establishments Ihre Anstrengungen noch intensivieren werden, um Ihre Macht zu erhalten? Was bedeutet dies für die freie Meinungsäußerung?

Prof. Engels: Es wird ihnen keine andere Möglichkeit bleiben: Zum einen macht die Stärke der „Populisten“ überall in Westeuropa „große Koalitionen“ zu einer institutionellen Notwendigkeit, so daß bis auf ein störrisches „Weiter so“ bzw. „Wir schaffen das“ machttechnisch nur noch eine punktuelle Alimentierung einzelner Wählerkreise möglich sein wird, nicht aber eine grundlegende Reform des gesamten Systems – ganz zu schweigen davon, daß letzteres ja auch ein Eingeständnis der eigenen Fehler wäre. Selbst einzelne Wahlsiege der „Populisten“ egal welcher Obedienz werden in Anbetracht der Interdependenz der europäischen Staaten untereinander nur wenig Einfluß auf die generelle geschichtliche Dynamik Europas in den kommenden Jahren ausüben können. Die öffentliche Debatte wird sich angesichts dieser politischen Polarisierung sicherlich weiter verschärfen: Das „politisch korrekte“ Spektrum wird in Anbetracht der nötigen, nahezu manichäischen Abgrenzung nach „rechts“ zunehmend enger werden und Abweichungen vom Erlaubten immer stärkere berufliche und gesellschaftliche Konsequenzen haben; das „konservative“ Spektrum aber wird wohl zunehmend stärker hervortreten und sich trotz der Gängelung der alternativen und sozialen Medien seine Kanäle zu schaffen wissen.

Freie Welt: Warum haben Sie sich für eine Aufsatzsammlung entschieden?

Prof. Engels: Das ganze Projekt entstammt ja einem Forschungsprojekt, welches ich seit 2018 am polnischen „Instytut Zachodni“ in Posen betreuen durfte. Erstes Ziel war es, Intellektuelle aus ganz Europa zu vernetzen, welche sich sowohl durch einen gewissen Kulturkonservatismus als auch durch eine positive Haltung der europäischen Vereinigung gegenüber kennzeichnen, um in dieser Hinsicht so etwas wie eine neue Öffentlichkeit zu schaffen. Polen war hierfür der ideale Ort, da gerade die polnische Öffentlichkeit (wie ohnehin alle Visegrad-Staaten) durch eine grundsätzlich positive Haltung gegenüber der europäischen Idee geprägt ist, ohne dafür doch ihre Liebe zur eigenen Kultur und zur historischen abendländischen Tradition opfern zu wollen – kein Wunder also, daß bei unserer Tagung zahlreiche interessierte Vertreter der polnischen Regierung und des polnischen Parlaments anwesend waren. Zweites Ziel war es, nicht auf der üblichen Ebene der Klagen über die (schlechte) Gegenwart und der kritiklosen Idealisierung der „guten alten Zeit“ zu verharren, sondern konkrete Reformvorschläge für Nationalstaat wie Europäische Union zu durchdenken. Das Resultat kann sich sehen lassen: Wir haben renommierte Denker aus Frankreich, dem Vereinigten Königreich, Belgien, Deutschland, Italien, Ungarn und Polen verpflichten können und dadurch gezeigt, daß „Konservatismus“ eben nicht mit Nationalismus gleichbedeutend sein muß, sondern ganz im Gegenteil Geister aus ganz Europa im konstruktiven Bemühen um eine innere Erneuerung vereinen kann.

de-l1.jpgFreie Welt: Was kennzeichnet die einzelnen Aufsätze? Wer sind die Autoren?

Prof. Engels: Wir haben uns bemüht, das weite Feld abendländischer Identität in verschiedene Schwerpunktbereiche aufzuteilen und von jeweils einem unserer Mitarbeiter analysieren zu lassen (mit einem Geleitwort von Justyna Schulz, der Direktorin des „Instytut Zachodni“). Chantal Delsol etwa, Philosophin, Gründerin des Hannah-Arendt-Instituts und Professorin an der Universität Marne-La-Vallée, untersucht die gegenwärtige Migrationskrise und plädiert nicht nur für einen größeren Realismus und Pragmatismus bei der Aufnahme neuer Einwanderer, sondern auch die Stärkung der europäischen Leitkultur. Alvino­Mario Fantini, ehemaliger Vorsitzender des Hayek-Instituts und Herausgeber der Zeitschrift „The European Conservative“, spürt den historischen Wurzeln des abendländischen Weltbilds nach und unterstreicht die Notwendigkeit einer inneren Rückkehr der Europäer zu ihrer christlichen Identität. Birgit Kelle, Publizistin und Journalistin, analysiert den gegenwärtigen Zerfall der Gesellschaft durch die „Gender“-Ideologie und engagiert sich für selbstbestimmte, aber den traditionellen Geschlechterrollen gegenüber durchaus positive Neubestimmung der europäischen Familienstrukturen. Zdzisław Krasnodębski, Professor für Soziologie an der Universität Bremen und Vize-Präsident des Europäischen Parlaments, zerlegt in seinem Beitrag auf sehr nuancierte Weise die Eckpunkte politisch korrekten Denkens und Handelns auch im Kontext der Spaltung zwischen West- und Osteuropa und setzt sich für eine selbstbewußtere Mitgestaltung der europäischen Einigung durch konservative Politiker an. András Lánczi, Professor für Politologie und Rektor der Corvinus-Universität in Budapest, zeigt den Widerspruch zwischen Naturrecht und positivistischem Rechtsrelativismus auf und unterstreicht die Bedeutung einer Einbindung historischer Werte in moderne Verfassungen. Max Otte, bekannter Wirtschaftswissenschaftler und Finanzexperte und Initiator des „Neuen Hambacher Festes“, bespricht die Probleme des gegenwärtig dominierenden angelsächsischen Wirtschaftsliberalismus und fordert eine Rückkehr zum kontinentalen Modell sozialer Marktwirtschaft, wie sie auch in der christlichen Soziallehre verteidigt wurde. Jonathan Price, Dozent für Philosophie an den Universitäten von Oxford und Warschau sowie Sekretär der „Vanenburg Society“, liefert eine transzendentale Einordung der gegenwärtigen modernistischen Ästhetik, zeigt, wie untrennbar diese vom Zerfall unserer gesellschaftlichen und politischen Ordnung ist, und wirbt für eine Rückbesinnung auf eine „klassische“ Ästhetik, welche auch zu einer Stärkung der politischen und kulturellen Solidarität der Europäer beitragen könnte. Ich selbst schließlich habe in meinem Beitrag versucht, die gegenwärtige (Fehl-)Entwicklung der EU in einen breiteren geschichtsphilosophischen Kontext einzuordnen und die Umrisse einer möglichen künftigen europäischen Verfassung zu skizzieren, welche sich durch radikale Subsidiarität wie eine konsequente Rückbesinnung auf unsere historischen Werte auszeichnet.

Freie Welt: Ein zentrales Thema, das in „Renovatio Europae“ immer wieder umkreist wird, ist die Begründung einer europäischen Verfassung. Warum braucht Europa eine Verfassung und wie sollte diese gestaltet sein?

Prof. Engels: Daß der Bürger weder genau weiß, was die EU letztlich institutionell sein will, noch, wohin sie sich entwickelt, trägt sicherlich zu der großen Verunsicherung unserer heutigen Zeit bei: Niemand besteigt gerne ein Schiff, dessen Ziel er nicht kennt, und dessen Kapitän er nicht vertraut. Bedenkt man, daß durch den Europäischen Gerichtshof und die gezielten Unklarheiten der gegenwärtigen Verträge einem ungesteuerten Wildwuchs der Institutionen ebenso wie einer beliebigen Interpretation der europäischen „Werte“ Tür und Tor geöffnet sind, kann man dem Bürger kaum Unrecht geben. Allein schon aus diesen Gründen scheint es mir wie vielen anderen Projektmitarbeitern unerläßlich, dem Schiff Europa durch eine mehr oder weniger definitive und klare Verfassung gewissermaßen eine effiziente Kommandostruktur zu geben, welche nationale Eigenarten ebenso wie eine hinreichende Steuerbarkeit des gesamten Unternehmens sichert und zudem die Rückbindung der europäischen Werte an jene transzendentale Dimension gewährleistet, welche alleine das Schiff auf Kurs zu halten vermag. Ganz konkret gesprochen bedeutet dies, Parlament und europäischen Rat zu den zwei Kammern einer wahrhaft demokratischen Volksvertretung umzugestalten, bei der die alleinige Gesetzbefugnis liegt, und welche zudem eine kleine Zahl von Staatssekretären bestellt, die an die Stelle der Kommission zu treten haben und sich mit einer Handvoll von Schlüsselbefugnissen beschäftigen (Schutz der Außengrenzen, Zusammenarbeit bei der Verbrechensbekämpfung, Infrastruktur, strategische Ressourcen, Forschungskooperation, legale Abstimmungsverfahren, Finanzen). Nur Außenpolitik und innere Streitschlichtung sollten einem von der Gesamtbevölkerung gewählten Magistraten übertragen werden, der gleichzeitig als äußerer Repräsentant der Union dienen kann. Die Verfassung sollte darüber hinaus aber auch das klare Bekenntnis zu den historischen Leitwerten der abendländischen Kultur enthalten (antikes und jüdisch-christliches Erbe, abendländisches Familienbild, sozialverträgliche Wirtschaft, naturrechtliche Prinzipien, etc.), welche der gegenwärtigen Beliebigkeit bei der Interpretation rein rechtspositivistisch begründeter „Werte“ entgegentreten und darüber hinaus eine verfassungsrechtliche Bestätigung des jahrhundertealten abendländischen Menschenbilds liefern sollen, welche erst eine langfristig glückliche Integration fremder Einwanderer möglich macht…

Freie Welt: Wie müssten sich europäische Konservative in Ihren Augen heutzutage vernetzen und wo finden Sie die stärksten Bündnispartner?

Prof. Engels: Ich denke, die vorrangige Frage seitens der gegenwärtigen „Konservativen“ ist die ideologische Entscheidung zwischen Liberalismus und Traditionalismus; alles andere folgt daraus. Diese Wahl konnte sowohl aus innerer Unsicherheit wie auch aus wahltaktischen Gründen lange aufgeschoben werden; die Unklarheit über den einzuschlagenden Kurs ist aber mittlerweile ein Hemmnis geworden, und selbst, wenn eine solche Trennung zeitweise einen wahltaktischen Rückschlag bringen könnte, würde sie doch zu einer deutlichen Schärfung des Profils und einem langfristigen Glaubwürdigkeitsgewinn führen. Was die Bündnispartner betrifft, so ist es zum einen unerläßlich, eine möglichst europaweite Front aufzubauen und die entsprechenden Wahlprogramme möglichst kompatibel (ich sage bewußt nicht: identisch) zu gestalten. Darüber hinaus gilt es aber auch, den Anschluß an unpolitische Organisationen zu finden und in die Zivilgesellschaft hineinzuwirken. Ich denke hier nicht nur an die Kirchen, Gewerkschaften, Schulen und Universitäten, sondern auch an das in Zukunft sicher steigende Bedürfnis nach sozialer Absicherung und nach Schutz vor steigenden Verbrechensraten und zunehmender Rechtsunsicherheit – hier einzuhaken, würde einen definitiven Vorteil bringen.

Freie Welt: Was erhoffen Sie sich in diesem Zusammenhang von der Übersetzung von Renovatio Europae in andere Sprachen?

Prof. Engels: Es war unsere feste Überzeugung, daß alle europäischen Staaten mit analogen Problemen konfrontiert sind, und auch eine langfristige Lösung nur auf europäischer Ebene stattfinden kann. Dementsprechend darf auch die Diskussion dieser Fragen nicht auf einzelne Nationalstaaten begrenzt bleiben, sondern muß auf dem ganzen Kontinent geführt werden. Wir sind daher sehr glücklich, daß neben der deutschen auch eine französische, englische, polnische und spanische Version unseres Buchs erscheinen wird. Gerade in Anbetracht der Tatsache, daß aufgrund der gegenwärtigen Medienlandschaft viele Europäer nur ein sehr ungenügendes Bild von den Verhältnissen im jeweiligen Nachbarland haben, das ihnen in der Regel nur dem Grade der dort herrschenden politischen Korrektheit entsprechend verzerrt präsentiert wird, ist übernationale Aufklärungsarbeit ein echtes Desiderat.

de-lnl.jpgFreie Welt: Was kann in Ihren Augen der einzelne Bürger heutzutage noch bewirken?

Prof. Engels: Der Gestaltungsspielraum des Einzelnen ist in einem Staatengebilde von einer halben Milliarde Menschen natürlich höchst beschränkt, zumal der gegenwärtig herrschende Geist im besten Fall eine apolitische innere Immigration, im schlechtesten die opportunistische Unterwerfung unter den ideologischen Mainstream fördert. Trotzdem mag gerade dies eine echte Chance sein: Wo keiner seine Stimme erhebt, da schallt der Ruf des Querdenkers umso lauter, wenn er nur die Wände des Schweigens durchbricht, welche leider von vielen Medien aufgerichtet werden. Und natürlich gilt heute wie immer in der Geschichte: Das echte Heil kommt niemals von der Gesellschaft, sondern immer aus dem Inneren. Für unsere Belange bedeutet dies, daß eine äußere Erneuerung oder doch wenigstens hinreichende Stabilisierung des alternden und verfallenden Europas nur dann Früchte tragen kann, wenn sie auch von einer inneren Rückbesinnung begleitet wird. Wie dies selbst unter widrigsten Umständen erreicht werden kann, zeigt Ernst Jüngers „Waldgänger“ – und in diesem Sinne wird in den nächsten Wochen ein weiteres Büchlein von mir erscheinen (zunächst nur in der französischen Version mit dem an Tschernyschewski angelehnten Titel „Que faire?“ – „Was tun?“), in dem es darum geht, wie man als unpolitischer Einzelner mit dem Niedergang Europas leben kann, ohne an seinem kulturellen Erbe zu verzweifeln. Hoffentlich wird auch eine deutsche Fassung erscheinen. Michel Houellebecq hat sich jedenfalls bereits sehr positiv über das Buch geäußert…

Freie Welt: Welche Rolle werden die Christen bei dem Neuaufbau Europas spielen? Glauben Sie an ein Wiedererstarken des christlichen Glaubens in Europa?

Prof. Engels: Das Christentum wird, wie ich gleichzeitig erwarte und erhoffe, eine wesentliche Rolle bei diesem Neuaufbau oder doch wenigstens bei der Festigung Europas spielen, aber als kulturmorphologischer Denker erwarte ich nicht, daß es hierbei zu einer echten spirituellen Neugeburt kommen wird – dafür sind wir zu weit gegangen, und dafür sind unsere zivilisatorischen Kräfte auch zu erschöpft. Immerhin aber steht zu hoffen, daß – wie im augusteischen Principat – ein „hesperialistisches“ Europa wesentlich auf einer kollektiven Rückbesinnung auf die christliche Tradition als ultimativer „Leitkultur“ des Kontinents beruhen wird; eine Art bewußte, gewissermaßen posthume Verklärung eines Erbes, das zumindest in einzelnen Menschen immer noch lebt und wirkt, und das auch in jenen, die zum Glauben selbst nicht mehr finden können, doch zumindest Liebe und Ehrfurcht hervorrufen kann. Denkt man an den gegenwärtigen Grad der Entchristlichung des laut Benedikt XVI. längst „heidnisch“ gewordenen Europas, wäre dies mehr, als die meisten von uns überhaupt erhoffen können – und vielleicht auch mehr als das, was wir nach der leichtfertigen Verschwendung unseres Erbes verdient haben.

Freie Welt: Sehr geehrter Prof. Engels, wir danken Ihnen sehr für das Gespräch.

[Siehe auch Buchrezension zum neuesten Werk von Professor Engels HIER]

EL TIEMPO QUE URGE, PABLO DE TARSO Y CARL SCHMITT

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EL TIEMPO QUE URGE, PABLO DE TARSO Y CARL SCHMITT

Por Antonio Sánchez García
Ex: http://elblogdemontaner.com

“La contracción del tiempo, el re-manente (1 Cor 7,29: «el tiempo es breve [lit., ‘contraído/abreviado’], el resto,..*) es la situación mesiánica por excelencia, el único tiempo real.” Giorgio Agamben, El tiempo que resta.

A Baltasar Porras y Ovidio Pérez Morales

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El centrismo apaciguador y dialogante de todos los tiempos ha odiado al jurista y pensador alemán Carl Schmitt, concentrando su escandaloso reclamo en contra de su radicalidad filosófico política en dos frases que condensan su amplia obra de teología política: “soberano es quien decide del estado de excepción”, frase con la que encabeza una de sus obras más importantes: Teología Política (1922); y “la diferenciación específica a la que se dejan remitir las acciones y motivaciones políticas, es la diferencia de amigo y enemigo”, la frase más sustantiva y polémica de su obra príncipe El concepto de lo político (1932).[1]

Para ello ocultan o dicen desconocer sus críticos, poco importa si de buena o mala fe, que no existe reflexión divorciada del contexto histórico político que lo sustenta, lo que Hegel sintetizara en una de sus más polémicas frases, si se piensa que su pensamiento es la culminación del idealismo alemán: Wahrheit ist konkret, la verdad es concreta. Ortega, tan mal preciado e incomprendido a pesar de su inmensa estatura intelectual, lo tradujo a su aire, con esa excelencia estilística que lo caracterizara: “Yo soy yo y mi circunstancia y si no la salvo a ella no me salvo yo.” (Meditaciones del Quijote, Madrid, 1914)

teologie.jpgCarl Schmitt, alemán, católico in partibus indifelis y profundo conocedor de la teología cristiana, que fundamenta y da sentido a su pensamiento y acción, sólo es verdaderamente compresible en función de su circunstancia y sus esfuerzos por salvarla.  Nació y vivió en medio de los tormentosos tiempos de la confrontación bélica que definió a la Europa de comienzos del Siglo XX y culminara en las dos Guerras Mundiales, las más devastadoras conflagraciones bélicas de la historia humana, culminando en los dos totalitarismos del siglo pasado: La revolución rusa de Lenin-Stalin y la revolución alemana de Adolf Hitler. Cuyas más nefastas  consecuencias sirven de telón de fondo a su pensamiento.

¿Alguien puede negar que bajo el imperio de esas circunstancias lo político no fuera la confrontación amigo-enemigo? Pues esos años y todos los que le siguieran, hasta el día de hoy, hicieron carne de las ideas expuestas por Thomas Hobbes en su Leviatán (Londres, 1651), según las cuales el estado natural que subyace a la historia de la humanidad es la barbarie: bellum omnia contra omnes, la guerra de todos contra todos. Razón que, según el mismo Hobbes, habría impuesto la necesidad de crear un monstruo que pudiera contener, delimitar, regular y si fuera posible, impedir dicha belicosidad y enemistad primigenia en que se desarrolla la existencia humana: el Estado, ese Leviatán bíblico que impera en los mares. Cuestionado, convertido en botín de las facciones en pugna y neutralizado por esa guerra de todos contra todos, caerían las sociedades en un estado de casi barbarie primigenia, como en su tiempo caerían las salvajes sociedades americanas, tal cual lo indica en su magna obra: “Los pueblos salvajes en varias comarcas de América, si se exceptúa el régimen de pequeñas familias cuya concordia depende de la concupiscencia natural, carecen de gobierno en absoluto, y viven actualmente en ese estado bestial a que me he referido. De cualquier modo que sea, puede percibirse cuál será el género de vida cuando no exista un poder común que temer, pues el régimen de vida de los hombres que antes vivían bajo un gobierno pacífico, suele degenerar en una guerra civil.”[2]

Es, precisamente, ese estado, el que ha sido caracterizado por el concepto introducido por Carl Schmitt en la polémica político ideológica de nuestro tiempo como “estado de excepción” (Ausnahme Zustand) . Su esencia: el Estado ha perdido su poder de decisión y control soberano y la guerra de todos contra todos, redefinida por Schmitt en la inseparable dualidad de amistad y enemistad (Freundachft-Feinschft) – conceptos generales que nada tienen que ver con las relaciones personales entre los sujetos, sino con la densidad del enfrentamiento por la conquista del Poder, es decir: la apropiación del Leviatán – se convierte en la lucha mortal por conquistarlo. La sociedad, sin una soberanía fundante de legitimidad aceptada por el conjunto de los ciudadanos – tal como acontece hoy en Venezuela, con dos gobiernos yuxtapuestos sin reconocimiento recíproco ni aceptados por el conjunto social – , queda a la deriva y susceptible al asalto de la más combativa, decidida y voluntariosa de las partes en combate para restablecer la soberanía, ya esté en manos de amigos o de enemigos.

ca.jpgSon esos conceptos, soberanía y legitimidad, como la valoración de las virtudes clásicas del soberano capaz de resolver el estado de excepción – la decisión y la voluntad – las que incomodan y disgustan a nuestros dialogadores, conciliadores y pacifistas de fe y profesión. Pues carecen de ellos. Es la tara que se encuentra en la raíz de esta oposición “conversadora”, para usar otro concepto caro al jurista alemán. En este caso concreto, privilegiar el diálogo y la conversación, el espurio entendimiento de partes ontológicamente enemigas y contrapuestas, antes que luchar con decisión y voluntad para restablecer la soberanía democrática, única capaz de ejercer una hegemonía legal y jurídica aceptada por el todo social. Negarse, como lo afirmara el pensador judío alemán Jacob Taubes en su ardorosa defensa de Carl Schmitt[3], a compartir el katechon, ese concepto paulista que invoca la necesidad de ponerle fin al caos y oponerse a las tendencias apocalípticas que estallan cuando las fuerzas disgregadoras provocan un estado de excepción. Y ello, como lo afirma Pablo en su Epístola a los romanos, con la urgencia debida, ho nyn kairós, en el “momento presente», vale decir: “en el tiempo que resta”. Ahora mismo, no el día de las calendas.

2

Si bien estamos en un ámbito estrictamente filosófico y desde un punto de vista fenomenológico la descripción y la caracterización conceptual propuesta por Schmitt no supone juicios psicológicos individuales ni valoraciones morales: el enemigo es enemistad política pura, a la búsqueda del control sobre el sistema establecido, que persigue con las armas en la mano  quebrantar, poseer y transformar de raíz, y el amigo es, a su vez, o debiera ser, su mortal contrincante, aquel que recurriendo al imperativo del echaton, defiende con voluntad y decisión el estado de derecho, ho nyn kairós, en el tiempo que nos resta, vale decir: ahora mismo. El amigo lo es para quienes están de este lado del asalto, de la fracción de los asaltados – los demócratas – , de ninguna manera del lado de los asaltantes – los autócratas. Estos son, en estricto sentido schmittiano, un mortal enemigo. Lo que, llegado el momento del inevitable enfrentamiento, puede incidir y de hecho incide, sobre la percepción y la voluntad de los contrincantes en su esfera personal. Dice Schmitt: “Los conceptos amigo y enemigo deben ser tomados en su sentido concreto, existencial, y no como metáforas o símbolos, ni mezclados ni debilitados a través de otras concepciones económicas, morales, y muchísimo menos en un sentido privado, individualista, en sentido psicológico como expresión de sentimientos y tendencias individuales. No son oposiciones normativas ni contradicciones ‘puramente espirituales’.  En un típico dilema entre espíritu y economía, el liberalismo pretende diluir al enemigo en competidor comercial (Konkurrent), y desde el punto de visto político espiritual en un mero antagonista de un diálogo. En el ámbito de lo económico no existen, por cierto, enemigos sino sólo competidores, y en un mundo completamente moralizado y purificado éticamente puede que existan, si acaso,  sólo dialogantes.” [4]Desde luego, no en la realidad. Ni muchísimo menos en la nuestra, como quedara demostrado en Santo Domingo, desmentido de manera cruel y sangrienta en el enfrentamiento amigo-enemigo de la masacre de El Junquito. Oscar Pérez es el símbolo, la metáfora, de una enemistad ontológica, mortal. Todo diálogo pretende enmascararla en un falso entendimiento. Como ahora mismo el de Oslo.

csjt.jpgLa diferenciación schmittiana es de trascendental importancia, precisamente porque quienes más se oponen a su cabal comprensión son aquellos sectores “liberales”, también en sentido schmittiano, – digamos: electoralistas, parlamentaristas, habladores y dialogadores, así sean socialdemócratas o socialcristianos, incluso liberales – , que, incapaces de comprender la totalidad social en disputa y asumir, consecuentemente, la naturaleza existencial, biológica de la guerra que nos ha declarado el chavomadurismo castro comunista – confunden enemistad con “competencia” y buscan en el diálogo y el contubernio resolver cualquier obstáculo a su justa ganancia. Confunde el ámbito de lo político con el mercado, y al Estado con la Asamblea Nacional. Olvidando, es decir traicionando el hecho de que el origen de la República, como Estado soberano, nació y se forjó de una Guerra a Muerte y de que, sentando un precedente hoy brutalmente irrespetado por los partidos de la que en el psado inmediato fuera la MUD y es hoy el llamado Frente Amplio, desconocen la decisión propiamente schmittiana, aunque a más de un siglo de distancia de la formulación del jurista alemán, que dictó el mandato definitorio del parto de nuestra Nación: «Españoles y Canarios, contad con la muerte, aun siendo indiferentes, si no obráis activamente en obsequio de la libertad de América. Americanos, contad con la vida, aun cuando seáis culpables.» Fue la Guerra a Muerte, en “donde todos los europeos y canarios casi sin excepción fueron fusilados” según el balance que hiciera Bolívar. Si no el texto, el sentido debiera ser emulado. Lo traicionan quienes se confabulan con los asaltantes y, con buenas o malas intenciones, se hacen cómplices de la guerra a muerte contra nuestra democracia y nuestra República. Tampoco Bolívar se opuso al diálogo y la negociación. Pero no en 1812, cuando declarara la Guerra a Muerte, sino en 1820, cuando la guerra estaba ganada. Traicionan a la República quienes lo olvidan.

[1] “Die spezifisch politische Unterscheidung, auf welche sich die politischen Handlungen und Motive zuruckzufahren Lassen, ist die Unterscheigung con Freund und Feind.” Carl Schmitt, Der Begriff des Politischen, Duncker & Humblot, Berlin, 2002.

[2] Thomas Hobbes, El Leviatán, Pág.104. Fondo de Cultura Económica, México, 1994.

[3] Jacob Taubes, La Teología Política de Pablo

[4] Ibídem, Pág. 28.

samedi, 25 mai 2019

Algorithmic Governance and Political Legitimacy

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Algorithmic Governance and Political Legitimacy

Ex: https://americanaffairesjournal.org

In ever more areas of life, algorithms are coming to substitute for judgment exercised by identifiable human beings who can be held to account. The rationale offered is that automated decision-making will be more reliable. But a further attraction is that it serves to insulate various forms of power from popular pressures.

Our readiness to acquiesce in the conceit of authorless control is surely due in part to our ideal of procedural fairness, which de­mands that individual discretion exercised by those in power should be replaced with rules whenever possible, because authority will inevitably be abused. This is the original core of liberalism, dating from the English Revolution.

Mechanized judgment resembles liberal proceduralism. It relies on our habit of deference to rules, and our suspicion of visible, personified authority. But its effect is to erode precisely those pro­cedural liberties that are the great accomplishment of the liberal tradition, and to place authority beyond scrutiny. I mean “authori­ty” in the broadest sense, including our interactions with outsized commercial entities that play a quasi-governmental role in our lives. That is the first problem. A second problem is that decisions made by algorithm are often not explainable, even by those who wrote the algorithm, and for that reason cannot win rational assent. This is the more fundamental problem posed by mechanized decision-making, as it touches on the basis of political legitimacy in any liberal regime.

I hope that what follows can help explain why so many people feel angry, put-upon, and powerless. And why so many, in expressing their anger, refer to something called “the establishment,” that shadowy and pervasive entity. In this essay I will be critiquing both algorithmic governance and (more controversially) the tenets of pro­gressive governance that make these digital innovations attractive to managers, bureaucrats, and visionaries. What is at stake is the qual­itative character of institutional authority—how we experience it.

blackbox.gifIn The Black Box Society: The Hidden Algorithms That Control Money and Information, University of Maryland law professor Frank Pasquale elaborates in great detail what others have called “platform capitalism,” emphasizing its one-way mirror quality. In­creasingly, every aspect of our lives—our movements through space, our patterns of consumption, our affiliations, our intellectual habits and political leanings, our linguistic patterns, our susceptibility to various kinds of pitches, our readiness to cave in minor disputes, our sexual predilections and ready inferences about the state of our marriage—are laid bare as data to be collected by companies who, for their own part, guard with military-grade secrecy the algorithms by which they use this information to determine our standing in the reputational economy. The classic stories that have been with us for decades, of someone trying to correct an error made by one of the credit rating agencies and finding that the process is utterly opaque and the agencies unaccountable, give us some indication of the kind of world that is being constructed for us.

What Was Self-Government?

“Children in their games are wont to submit to rules which they have themselves established, and to punish misdemeanors which they have themselves defined.” Thus did Tocqueville marvel at Americans’ habit of self-government, and the temperament it both required and encouraged from a young age. “The same spirit,” he said, “pervades every act of social life.”

Writing recently in the Atlantic, Yoni Appelbaum notes the sheer bulk of voluntary associations that once took up the hours and days of Americans, from labor unions and trade associations to mutual insurers, fraternal organizations, and volunteer fire departments. Many of these “mirrored the federal government in form: Local chapters elected representatives to state-level gatherings, which sent delegates to national assemblies. . . . Executive officers were accountable to legislative assemblies; independent judiciaries ensured that both complied with rules.” Toward the end of the twentieth centu­ry, however, this way of life more or less collapsed, as Robert Put­nam documented in Bowling Alone. We still have voluntary associa­tions, but they are now typically run by salaried professionals, not the members themselves, Appelbaum points out. This is part of the broader shift toward what has been called “managerialism.”

I believe these developments have prepared us to accept a further abstraction of institutional decision-making—as something having little to do with ourselves, and with human judgment as we know it firsthand. Another development that paved the way for our accept­ance of algorithmic governance was the transfer of power out of rep­resentative bodies into administrative agencies. Let us take a glance at this before turning to things digital.

Administration versus Politics

We often hear about a growing “administrative state” (usually from conservative commentators) and are given to understand that it is something we ought to worry about. But why? Doesn’t it consist simply of the stuff all those agencies of the government must do in order to discharge their duties? And speaking of government agen­cies, what are they—part of the executive branch? Yes they are, but a bit of confusion is natural, as this is a hazy area of governance.

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In The Administrative Threat, Columbia law professor Philip Ham­burger writes that, in contrast to executive power proper, “ad­ministrative power involves not just force but legal obligation.” This is an important distinction, and in the blurring of it lies great mis­chief against the Constitution, which invested “the power to bind—that is, to create legal obligation” not in the executive branch but in Congress and in the courts. Administrative power “thereby side­steps most of the Constitution’s procedural freedoms.” It is funda­mentally an “evasion of governance through law.”

Provocatively, Hamburger draws a close parallel with the mecha­nisms of prerogative (such as the notorious Star Chamber) by which King James I of England consolidated “absolute” power—not in­finite power, but power exercised through extralegal means:

Ever tempted to exert more power with less effort, rulers are rarely content to govern merely through the law, and in their restless desire to escape its pathways, many of them try to work through other mechanisms. These other modes of bind­ing subjects are modes of abso­lute power, and once one understands this, it is not altogether surprising that absolute power is a recurring problem and that American administrative power revives it.

The “less effort” bit is just as important for understanding this formula as the “more power” bit. The relevant effort is that of per­suading others, the stuff of democratic politics. The “restless desire to escape” the inconvenience of law is one that progressives are especially prone to, in their aspiration to transform society: merely extant majorities of opinion, and the legislative possibilities that are circumscribed by them, typically inspire not deference but impatience. Conservatives have their own vanguardist enthusiasms that rely on centralized and largely unaccountable power, but in their case this power is generally not located in executive agencies.1

I am not competent to say if Hamburger is right in his characterization of administrative power as extralegal (Harvard law professor Adrian Vermeule says no), but in any case he raises ques­tions that are within the realm of conventional political dispute and within the competence of constitutional scholars to grapple with. By contrast, the rush to install forms of extralegal power not in execu­tive agencies, but in the algorithms that increasingly govern wide swaths of life, pushes the issue of political legitimacy into entirely new territory.

More Power with Less Effort 

“Technology” is a slippery term. We don’t use it to name a toothbrush or a screwdriver, or even things like capacitors and diodes. Rather, use of the word usually indicates that a speaker is referring to a tool or an underlying operation that he does not understand (or does not wish to explain). Essentially, we use it to mean “magic.” In this obscurity lies great opportunity to “exert more power with less effort,” to use Hamburger’s formula.

To grasp the affinities between administrative governance and algorithmic governance, one must first get over that intellectually debilitating article of libertarian faith, namely that “the government” poses the only real threat to liberty. For what does Silicon Valley represent, if not a locus of quasi-governmental power untouched by either the democratic process or by those hard-won procedural liberties that are meant to secure us against abuses by the (actual, elected) government? If the governmental quality of rule by algo­rithms remains obscure to us, that is because we actively welcome it into our own lives under the rubric of convenience, the myth of free services, and ersatz forms of human connection—the new opiates of the masses.

To characterize this as the operation of “the free market” (as its spokespersons do) requires a display of intellectual agility that might be admirable if otherwise employed. The reality is that what has emerged is a new form of monopoly power made possible by the “network effect” of those platforms through which everyone must pass to conduct the business of life. These firms sit at informational bottlenecks, collecting data and then renting it out, whether for the purpose of targeted ads or for modeling the electoral success of a political platform. Mark Zuckerberg has said frankly that “In a lot of ways Facebook is more like a government than a traditional company. . . . We have this large community of people, and more than other technology companies we’re really setting policies.”

It was early innovations that allowed the platform firms to take up their positions. But it is this positioning, and control of the data it allows them to gather, that accounts for the unprecedented rents they are able to collect. If those profits measure anything at all, it is the reach of a metastasizing grid of surveillance and social control. As Pasquale emphasizes, it is this grid’s basic lack of intelligibility that renders it politically unaccountable. Yet political accountability is the very essence of representative government. Whatever this new form of governance might be called, it is certainly not that.

Explainability and Legitimacy

This intelligibility deficit cannot be overcome simply through goodwill, as the logic by which an algorithm reaches its conclusions is usually opaque even to those who wrote the algorithm, due to its sheer complexity. In “machine learning,” an array of variables are fed into deeply layered “neural nets” that simulate the fire/don’t fire synaptic connections of an animal brain. Vast amounts of data are used in a massively iterated (and, in some versions, unsupervised) training regimen. Because the strength of connections between logi­cal nodes within layers and between layers is highly plastic, just like neural pathways, the machine gets trained by trial and error and is able to arrive at something resembling knowledge of the world. That is, it forms associations that correspond to regularities in the world.

As with humans, these correspondences are imperfect. The differ­ence is that human beings are able to give an account of their reason­ing. Now, we need to be careful here. Our cognition emerges from lower-level biological processes that are utterly inaccessible to us. Further, human beings confabulate, reach for rationalizations that obscure more than they reveal, are subject to self-deception, etc. All this we know. But giving an account is an indispensable element of democratic politics. Further, it is not only legislative bodies that observe this scruple.

When a court issues a decision, the judge writes an opinion, typically running to many pages, in which he explains his reasoning. He grounds the decision in law, precedent, common sense, and prin­ciples that he feels obliged to articulate and defend. This is what transforms the decision from mere fiat into something that is polit­ically legitimate, capable of securing the assent of a free people. It constitutes the difference between simple power and authority. One distinguishing feature of a modern, liberal society is that authority is supposed to have this rational quality to it—rather than appealing to, say, a special talent for priestly divination. This is our Enlightenment inheritance.

You see the problem, then. Institutional power that fails to secure its own legitimacy becomes untenable. If that legitimacy cannot be grounded in our shared rationality, based on reasons that can be articulated, interrogated, and defended, it will surely be claimed on some other basis. What this will be is already coming into view, and it bears a striking resemblance to priestly divination: the inscrutable arcana of data science, by which a new clerisy peers into a hidden layer of reality that is revealed only by a self-taught AI program—the logic of which is beyond human knowing.

For the past several years it has been common to hear establishmentarian intellectuals lament “populism” as a rejection of Enlightenment ideals. But we could just as well say that populism is a re-assertion of democracy, and of the Enlightenment principles that underlie it, against priestly authority. Our politics have become at bottom an epistemic quarrel, and it is not all clear to me that the well‑capitalized, institutional voices in this quarrel have the firmer ground to stand on in claiming the mantle of legitimacy—if we want to continue to insist that legitimacy rests on reasonableness and argument.

Alternatively, we may accept technocratic competence as a legiti­mate claim to rule, even if it is inscrutable. But then we are in a position of trust.2 This would be to move away from the originating insight of liberalism: power corrupts. Such a move toward trust seems unlikely, however, given that people are waking up to the business logic that often stands behind the promise of technocratic competence and good will.

Surveillance Capitalism

In her landmark 2019 book, The Age of Surveillance Capitalism, Shoshana Zuboff parses what is really a new form of political economy, bearing little resemblance to capitalism as we have known it. The cynic’s dictum for explaining internet economics—“if you don’t know what the product is, you’re the product”—turns out to be incorrect. What we are, Zuboff shows, is a source of raw material that she calls “behavioral surplus.” Our behavior becomes the basis for a product—predictions about our future behavior—which are then offered on a behavioral futures market. The customers of the platform firms are those who purchase these prediction products, as a means to influence our behavior. The more you know of some-one’s predilections, the more highly elaborated, fine-grained, and successful your efforts to manipulate him will be.  The raw material on which the whole apparatus runs is knowledge acquired through surveillance. Competition for behavioral surplus is such that this surveillance must reach ever deeper, and bring every hidden place into the light.

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At this point, it becomes instructive to bring in a theory of the state, and see if it can illuminate what is going on. For this purpose, James C. Scott’s Seeing Like a State, published in 1998, is useful. He traces the development of the modern state as a process of rendering the lives of its inhabitants more “legible.” The premodern state was in many respects blind; it “knew precious little about its subjects, their wealth, their landholdings and yields, their location, their very identity. It lacked anything like a detailed ‘map’ of its terrain and its people.” This lack of a synoptic view put real limits on the aspiration for centralized control; the state’s “interventions were often crude and self-defeating.” And contrariwise, the rise of a more synoptic administrative apparatus made possible various utopian schemes for the wholesale remaking of society.

Google is taking its project for legibility to the streets, quite literally, in its project to build a model city within Toronto in which everything will be surveilled. Sensors will be embedded throughout the physical plant to capture the resident’s activities, then to be mas­saged by cutting-edge data science. The hope, clearly, is to build a deep, proprietary social science. Such a science could lead to real improvements in urban planning, for example, by being able to pre­dict demand for heat and electricity, manage the allocation of traffic capacity, and automate waste disposal. But note that intellectual property rights over the data collected are key to the whole concept; without them there is no business rationale. With those rights secure, “smart cities” are the next trillion-dollar frontier for big tech.

Writing in Tablet, Jacob Siegel points out that “democratic gov­ernments think they can hire out for the basic service they’re sup­posed to provide, effectively subcontracting the day to day functions of running a city and providing municipal services. Well, they’re right, they can, but of course they’ll be advertising why they’re not really necessary and in the long run putting themselves out of a job.” There is real attraction to having the optimizers of Silicon Valley take things over, given the frequent dysfunction of democratic gov­ernment. Quite reasonably, many of us would be willing to give up “some democracy for a bit of benign authoritarianism, if it only made the damn trains run on time. The tradeoff comes in the loss of power over the institutions we have to live inside.” The issue, then, is sovereignty.3

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As Scott points out in Seeing Like a State, the models of society that can be constructed out of data, however synoptic, are necessarily radical simplifications. There is no quantitative model that can capture the multivalent richness of neighborhood life as described by Jane Jacobs, for ex­ample, in her classic urban ethnography of New York. The mischief of grand schemes for progress lies in the fact that, even in the absence of totalitarian aspirations, the logic of metrics and rationalization carries with it an imperative to remake the world, in such a way as to make its thin, formal descriptions true. The gap between the model and reality has to be narrowed. This effort may need to reach quite deep, beyond the arrangement of infrastructure to touch on considerations of political anthropology. The model demands, and helps bring into being, a certain kind of subject. And sure enough, in our nascent era of Big Data social engineering, we see a craze for self-quantification, the voluntary pursuit of a kind of self-legibility that is expressed in the same idiom as technocratic so­cial control and demands the same sort of thin, schematic self-objectifications.4

If we take a long historical view, we have to concede that a regime can be viewed by its citizens as legitimate without being based on democratic representation. Europe’s absolutist monarchies of the sev­enteenth century managed it, for a spell. The regime that is being imagined for us now by venture capital would not be democratic. But it emphatically would be “woke,” if we can extrapolate from the current constellation of forces.

And this brings us to the issue of political correctness. It is a topic we are all fatigued with, I know. But I suggest we try to understand the rise of algorithmic governance in tandem with the rise of woke capital, as there appears to be some symbiotic affinity between them. The least one can say is that, taken together, they provide a good diagnostic lens that can help bring into focus the authoritarian turn of American society, and the increasingly shaky claim of our institu­tions to democratic legitimacy.

The Bureaucratic Logic of Political Correctness

One reason why algorithms have become attractive to elites is that they can be used to install the automated enforcement of cut­ting‑edge social norms. In the last few months there have been some news items along these lines: Zuckerberg assured Congress that Facebook is developing AI that will detect and delete what progressives like to call “hate speech.” You don’t have to be a free speech absolutist to recognize how tendentiously that label often gets ap­plied, and be concerned accordingly. The New York Times ran a story about new software being pitched in Hollywood that will determine if a script has “equitable gender roles.” The author of a forthcoming French book on artificial intelligence, herself an AI researcher, told me that she got a pitch recently from a start-up “whose aim was ‘to report workplace harassment and discrimination without talking to a human.’ They claim to be able to ‘use scientific memory and interview techniques to capture secure records of high­ly emotional events.’”

Presumably a scientifically “secure record” here means a description of some emotionally charged event that is shorn of ambiguity, and thereby tailored to the need of the system for clean inputs. A schematic description of inherently messy experience saves us the difficult, humanizing effort of interpretation and introspection, so we may be relieved to take up the flattened understanding that is offered us by the legibility-mongers.5

Locating the authority of evolving social norms in a computer will serve to provide a sheen of objectivity, such that any reluctance to embrace newly announced norms appears, not as dissent, but as something irrational—as a psychological defect that requires some kind of therapeutic intervention. So the effect will be to gather yet more power to what Michel Foucault called “the minor civil servants of moral orthopedics.” (Note that Harvard University has over fifty Title IX administrators on staff.) And there will be no satisfying this beast, because it isn’t in fact “social norms” that will be enforced (that term suggests something settled and agreed-upon); rather it will be a state of permanent revolution in social norms. Whatever else it is, wokeness is a competitive status game played in the institutions that serve as gatekeepers of the meritocracy. The flanking maneuvers of institutional actors against one another, and the competition among victim groups for relative standing on the intersectional to­tem pole, make the bounds of acceptable opinion highly unstable. This very unsettledness, quite apart from the specific content of the norm of the month, makes for pliable subjects of power: one is not allowed to develop confidence in the rightness of one’s own judg­ments.

To be always off-balance in this way is to be more administratable. A world-renowned historian, a real intellectual giant of the “old Left,” told me that once a year he is required to take an online, multiple-choice test administered by his university’s HR department, which looks for the proper responses to various office situations. It seems clear that there is a symbiotic relationship between administration and political correctness, yet it is difficult to say which is the senior partner in the alliance. The bloated and ever-growing layer of administrators—the deans of inclusion, providers of workshops for student orientation, diversity officers, and what­not—feeds on conflict, using episodes of trouble to start new initia­tives.

But what does any of this have to do with the appeal of algorithms to managers and administrators? If we follow through on the suspicion that, in its black-box quality, “technology” is simply administration by other means, a few observations can be made.

haverl.jpgFirst, in the spirit of Václav Havel we might entertain the idea that the institutional workings of political correctness need to be shrouded in peremptory and opaque administrative mechanisms be­cause its power lies precisely in the gap between what people actu­ally think and what one is expected to say. It is in this gap that one has the experience of humiliation, of staying silent, and that is how power is exercised.

But if we put it this way, what we are really saying is not that PC needs administrative enforcement but rather the reverse: the expand­ing empire of bureaucrats needs PC. The conflicts created by identi­ty politics become occasions to extend administrative authority into previously autonomous domains of activity. This would be to take a more Marxian line, treating PC as “superstructure” that serves main­ly to grease the wheels for the interests of a distinct class—not of capitalists, but of managers.6

The incentive to technologize the whole drama enters thus: managers are answerable (sometimes legally) for the conflict that they also feed on. In a corporate setting, especially, some kind of ass‑covering becomes necessary. Judgments made by an algorithm (ideally one supplied by a third-party vendor) are ones that nobody has to take responsibility for. The more contentious the social and political landscape, the bigger the institutional taste for automated decision-making is likely to be.

Political correctness is a regime of institutionalized insecurity, both moral and material. Seemingly solid careers are subject to sud­den reversal, along with one’s status as a decent person. Contrast such a feeling of being precarious with the educative effect of volun­tary associations and collaborative rule-making, as marveled at by Tocqueville. Americans’ practice of self-government once gave rise to a legitimate pride—the pride of being a grown-up in a free society.  One thing it means to be a grown-up is that you are willing to subordinate your own interests to the common good at crucial junctures. The embrace of artificial intelligence by institutions, as a way of managing social conflict, is likely to further erode that adult spirit of self-government, and contribute to the festering sense that our institutions are illegitimate.

The Ultimate Nudge

Of all the platform firms, Google is singular. Its near-monopoly on search (around 90 percent) puts it in a position to steer thought. And increasingly, it avows the steering of thought as its unique responsibility. Famously founded on the principle “Don’t be evil” (a sort of libertarian moral minimalism), it has since taken up the mission of actively doing good, according to its own lights.

In an important article titled “Google.gov,” law professor Adam J. White details both the personnel flows and deep intellectual affini­ties between Google and the Obama White House. Hundreds of people switched jobs back and forth between this one firm and the administration over eight years. It was a uniquely close relationship, based on a common ethos, that began with Obama’s visit to Goog­le’s headquarters in 2004 and deepened during his presidential cam­paign in 2007. White writes:

Both view society’s challenges today as social-engineering problems, whose resolutions depend mainly on facts and ob­jective reasoning. Both view information as being at once ruth­lessly value-free and yet, when properly grasped, a powerful force for ideological and social reform. And so both aspire to reshape Americans’ informational context, ensuring that we make choices based only upon what they consider the right kind of facts—while denying that there could be any values or politics embedded in the effort.

One of the central tenets of progressives’ self-understanding is that they are pro-fact and pro-science, while their opponents (often the majority) are said to have an unaccountable aversion to these good things: they cling to fond illusions and irrational anxieties. It follows that good governance means giving people informed choices. This is not the same as giving people what they think they want, according to their untutored preferences. Informed choices are the ones that make sense within a well-curated informational setting or context.

When I was a doctoral student in political theory at the University of Chicago in the 1990s, there was worry about a fissure opening up between liberalism and democracy. The hot career track for my cohort was to tackle this problem under the rubric of an intellectual oeuvre called “deliberative democracy.” It wasn’t my thing, but as near as I could tell, the idea (which was taken from the German philosopher Jürgen Habermas) was that if you could just establish the right framing conditions for deliberation, the demos would arrive at acceptably liberal positions. We should be able to formalize these conditions, it was thought. And conversely, wherever the opinions of the demos depart from an axis running roughly from the editorial page of the New York Times to that of the Wall Street Journal, it was taken to be prima facie evidence that there was some distorting influ­ence in the conditions under which people were conducting their thought processes, or their conversations among themselves. The result was opinion that was not authentically democratic (i.e., not liberal). These distortions too needed to be ferreted out and formal­ized. Then you would have yourself a proper theory.

Of course, the goal was not just to have a theory, but to get rid of the distortions. Less tendentiously: protecting the alliance “liberal democracy” required denying that it is an alliance, and propping it up as a conceptual unity. This would require a cadre of subtle dia­lecticians working at a meta-level on the formal conditions of thought, nudging the populace through a cognitive framing operation to be conducted beneath the threshold of explicit argument.

At the time, all this struck me as an exercise in self-delusion by aspiring apparatchiks for whom a frankly elitist posture would have been psychologically untenable. But the theory has proved immensely successful. By that I mean the basic assumptions and aspira­tions it expressed have been institutionalized in elite culture, perhaps nowhere more than at Google, in its capacity as directorate of information. The firm sees itself as “definer and defender of the public interest,” as White says.

One further bit of recent intellectual history is important for understanding the mental universe in which Google arose, and in which progressivism took on the character that it did during the Obama years. The last two decades saw the rise of new currents in the social sciences that emphasize the cognitive incompetence of human beings. The “rational actor” model of human behavior—a simplistic premise that had underwritten the party of the market for the previous half century—was deposed by the more psychologically informed school of behavioral economics, which teaches that we need all the help we can get in the form of external “nudges” and cognitive scaffolding if we are to do the rational thing. But the glee and sheer repetition with which this (needed) revision to our under­standing of the human person has been trumpeted by journalists and popularizers indicates that it has some moral appeal, quite apart from its intellectual merits. Perhaps it is the old Enlightenment thrill at disabusing human beings of their pretensions to specialness, whether as made in the image of God or as “the rational animal.” The effect of this anti-humanism is to make us more receptive to the work of the nudgers.

The whole problem of “liberal democracy”—that unstable hy­brid—is visible in microcosm at Google; it manifests as schizophrenia in how the founders characterize the firm’s mission. Their difficulty is understandable, as the trust people place in Google is based on its original mission of simply answering queries that reflect the extant priorities of a user, when in fact the mission has crept toward a more tutelary role in shaping thought.

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Google achieved its dominance in search because of the superior salience of the results it returned compared to its late-1990s rivals. The mathematical insights of its founders played a large role in this. The other key to their success was that they rigorously excluded commercial considerations from influencing the search results. Reading accounts of the firm’s early days, one cannot help being struck by the sincere high-mindedness of the founders. The internet was something pure and beautiful, and would remain so only if guarded against the corrupting influence of advertising.

In other words, there was some truth in the founding myth of the company, namely, the claim that there are no human biases (whether value judgments or commercial interests) at work in the search results it presents to users. Everything is in the hands of neutral algorithms. The neutrality of these algorithms is something the rest of us have to take on trust, because they are secret (as indeed they need to be to protect their integrity against the cat-and-mouse game of “search engine optimization,” by which interested parties can manipulate their rank in the results).

Of course, from the very beginning, the algorithms in question have been written and are constantly adjusted by particular human beings, who assess the aptness of the results they generate according to their own standards of judgment. So the God’s-eye perspective, view-from-nowhere conceit is more ideal than reality. But that ideal plays a legitimating role that has grown in importance as the com­pany has become a commercial behemoth, and developed a powerful interest in steering users of its search engine toward its own ser­vices.7 More importantly, the ideal of neutral objectivity underlies Google’s self-understanding as definer and defender of the public interest.

This is the same conceit of epistemic/moral hauteur that Obama adopted as the lynchpin of his candidacy. The distinctive feature of this rhetoric is that the idea of neutrality or objectivity is deployed for a specific purpose: to assert an identity of interest between liberals and the demos. This identity reveals itself once distortions of objective reality are cleared away. Speaking at Google’s headquarters in 2007 (as characterized by White), Obama said that “as president he wouldn’t allow ‘special interests’ to dominate public discourse, for instance in debates about health care reform, because his administration would respond with ‘data and facts.’” During the Q&A, Obama offered the following:

You know, one of the things that you learn when you’re traveling and running for president is, the American people at their core are a decent people. There’s . . . common sense there, but it’s not tapped. And mainly people—they’re just misinformed, or they’re too busy, they’re trying to get their kids to school, they’re working, they just don’t have enough information, or they’re not professionals at sorting out the infor­mation that’s out there, and so our political process gets skewed. But if you give them good information, their instincts are good and they will make good decisions. And the president has the bully pulpit to give them good information.

. . .  I am a big believer in reason and facts and evidence and feedback—everything that allows you to do what you do, that’s what we should be doing in our government. [Applause.]

I want people in technology, I want innovators and engi­neers and scientists like yourselves, I want you helping us make policy—based on facts! Based on reason!

Lest my point be misunderstood, it is perhaps appropriate to say that I voted for the man in 2008. And since the example he gives above is that of health care, I should say that I am open to the idea that socialized medicine is a good idea, in principle. Further, the debate about health care really was distorted by special interests. The point I wish to make is not about substantive policy positions, but rather to consider the cognitive style of progressive politics as exem­plified by the mutual infatuation of Google and Obama.

Why engage in such an effort now, in the Trump era, when we are faced with such a different set of problems? It is because I believe the appeal of Trump, to fully half the country, was due in significant part to reaction against this peremptory and condescending turn of progressivism.

It is telling that Obama said he would use the president’s bully pulpit not to persuade (the opportunity that “the bully pulpit” has generally been taken to offer), but to “give good information.” We are a people of sound instincts, but “not professionals at sorting out the information that’s out there.” What we need, then, is a professional.

Persuasion is what you try to do if you are engaged in politics. Curating information is what you do if you believe your outlook is one from which dissent can only be due to a failure to properly process the relevant information. This is an anti-political form of politics. If politics is essentially fighting (toward compromise or stalemate, if all goes well, but fighting nonetheless), technocratic rule is essentially helping, as in “the helping professions.” It extends compassion to human beings, based on an awareness of their cogni­tive limitations and their tendency to act out.

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In the technocratic dream of early twentieth-century Progressives such as Woodrow Wilson, politics was to be overcome through facts and science, clearing the way for rule by experts. Daniel Bell famously named this hoped-for denouement “the end of ideology.” It was a project that acquired a moral mandate as recoil from the ideologically driven cataclysm of World War II. From today’s per­spective, it is striking that twentieth-century Progressives seemed not very conflicted about their cognitive elitism.8 Wilson’s project to transfer power from the legislature to administrative bodies entailed a deliberate transfer of power to “the knowledge class,” as Hamburger writes, or “those persons whose identity or sense of self-worth centers on their knowledge.” This includes “all who are more attached to the authority of knowledge than to the authority of local political communities. . . . [T]heir sense of affinity with cosmopolitan knowledge, rather than local connectedness, has been the foundation of their influence and their identity.”

Today’s progressives have a more complex relationship to their own elitism, surely due in part to the legacy of the civil rights move­ment.9 It takes a certain amount of narrative finesse to maintain a suitably democratic self-understanding while also affirming the role of expertise. This is the predicament of the tech firms, and it is the same one Obama had to manage for himself. In his 2007 remarks at Google, Obama referred to the firm’s origins in a college dorm room, and drew parallels with his own trajectory and aspirations. “What we shared is a belief in changing the world from the bottom up, not the top down; that a bunch of ordinary people can do extraordinary things.” This is the language of a former community organizer. But it is a peculiar sort of “bottom up” that is meant here.

In the Founders Letter that accompanied Google’s 2004 initial public offering, Larry Page and Sergey Brin said their goal is “getting you exactly what you want, even when you aren’t sure what you need.” The perfect search engine would do this “with almost no effort” on the part of the user. In a 2013 update to the Founders Letter, Page said that “the search engine of my dreams provides information without you even having to ask.” Adam J. White glosses these statements: “To say that the perfect search engine is one that mini­mizes the user’s effort is effectively to say that it minimizes the user’s active input. Google’s aim is to provide perfect search results for what users ‘truly’ want—even if the users themselves don’t yet realize what that is. Put another way, the ultimate aspiration is not to answer the user’s questions but the question Google believes she should have asked.” As Eric Schmidt told the Wall Street Journal, “[O]ne idea is that more and more searches are done on your behalf without you having to type. . . . I actually think most people don’t want Google to answer their questions. They want Google to tell them what they should be doing next.”

The ideal being articulated in Mountain View is that we will inte­grate Google’s services into our lives so effortlessly, and the guiding presence of this beneficent entity in our lives will be so pervasive and unobtrusive, that the boundary between self and Google will blur. The firm will provide a kind of mental scaffold for us, guiding our intentions by shaping our informational context. This is to take the idea of trusteeship and install it in the infrastructure of thought.

Populism is the rejection of this.

The American founders were well acquainted with the pathetic trajectories of the ancient democracies, which reliably devolved into faction, oligarchic revolution, and tyranny. They designed our con­stitutional regime to mitigate the worst tendencies of direct democracy by filtering popular passions through political representation, and through nonrepresentative checks on popular will. The more you know of political history, the more impressive the American founding appears.10

Any would-be populist needs to keep this accomplishment in view, as a check on his own attraction to playing the tribune. How much deference is due the demos? I think the decisive question to ask is, what is the intellectual temper of today’s elites? Is it marked by the political sobriety of the founding generation, or an articulated vision of the common good of the nation such as the twentieth-century Progressives offered? Not so much? One can be wary of the demos and still prefer, like William F. Buckley, to be ruled by the first fifty names in the Boston phone book than by one’s fellow intellectuals.

When the internal culture at Google spills out into the headlines, we are offered a glimpse of the moral universe that stands behind the “objective” algorithms. Recall the Googlers’ reaction, which can only be called hysterical, to the internal memo by James Damore. He offered rival explanations, other than sexism, for the relative scarcity of women programmers at the firm (and in tech generally). The memo was written in the language of rational argumentation, and adduced plenty of facts, but the wrong kind. For this to occur within the firm was deeply threatening to its self-understanding as being at once a mere conduit for information and a force for pro­gress. Damore had to be quarantined in the most decisive manner possible. His dissent was viewed not as presenting arguments that must be met, but rather facts that must be morally disqualified.

On one hand, facilitating the free flow of information was Silicon Valley’s original ideal. But on the other hand, the control of information has become indispensable to prosecuting the forward march of history. This, in a nutshell, would seem to be the predicament that the platform firms of Silicon Valley find themselves in. The incoherence of their double mandate accounts for their stumbling, incoherent moves to suppress the kinds of speech that cultural progressives find threatening.11

This conflict is most acute in the United States, where the legal and political tradition protecting free speech is most robust. In Eu­rope, the alliance between social media companies and state actors to root out and punish whatever they deem “hate” (some of which others deem dissent) is currently being formalized. This has become especially urgent ahead of the European Parliament elections sched­uled for May 2019, which various EU figures have characterized as the last chance to quarantine the populist threat. Mounir Mahjoubi, France’s secretary of state for digital affairs, explained in February 2019 that, by the time of the election, “it will be possible to formally file a complaint online for hateful content.”12 In particular, Twitter and Facebook have agreed to immediately transmit the IP addresses of those denounced for such behavior to a special cell of the French police “so that the individual may be rapidly identified, rapidly prosecuted and sentenced.” He did not explain how “hateful con­tent” is to be defined, or who gets to do it. But it is reported that Facebook has a private army of fifteen to twenty thousand for this task.

Speaking at MIT six months after the Damore memo episode, in February 2018, former president Obama addressed head-on the problem of deliberative democracy in an internet culture. He made the familiar point about a “balkanization of our public conversation” and an attendant fragmenting of the nation, accelerated by the internet. “Essentially we now have entirely different realities that are being created, with not just different opinions but now different facts—different sources, different people who are considered author­itative.” As Obama noted, “it is very difficult to figure out how democracy works over the long term in those circumstances.” We need “a common baseline of facts and information.” He urged his tech audience to consider “what are the . . . algorithms, the mechanisms whereby we can create more of a common conversation.”

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Obama’s description of the problem seems to me apt. Our political strife has become thoroughly epistemic in nature. But the fix he recommends—using algorithms to “create more of a common conversation”—is guaranteed to further inflame the sense any dissi­dent-minded person has that the information ecosystem is “rigged,” to use one of President Trump’s favorite words. If we are going to disqualify voices in a way that is not explainable, and instead de­mand trust in the priestly tenders of the algorithms, what we will get is a politics of anticlericalism, as in the French Revolution. That was not a happy time.

Among those ensconced in powerful institutions, the view seems to be that the breakdown of trust in establishment voices is caused by the proliferation of unauthorized voices on the internet. But the causal arrow surely goes the other way as well: our highly fragmented casting-about for alternative narratives that can make better sense of the world as we experience it is a response to the felt lack of fit between experience and what we are offered by the official organs, and a corollary lack of trust in them. For progressives to now seek to police discourse from behind an algorithm is to double down on the political epistemology that has gotten us to this point. The algorithm’s role is to preserve the appearance of liberal proceduralism, that austerely fair-minded ideal, the spirit of which is long dead.

Such a project reveals a lack of confidence in one’s arguments—or a conviction about the impotence of argument in politics, due to the irrationality of one’s opponents. In that case we have a simple contest for power, to be won and held onto by whatever means necessary.

This article originally appeared in American Affairs Volume III, Number 2 (Summer 2019): 73–94.


Notes

1   I am thinking of the project to transform society in the image of an imagined “free market” that would finally bring to fruition what nature prescribes (often destroying customary practices and allegiances along the way), or stories of a novus ordo seclorum that will blossom if only we are courageous enough to sweep away the impediments to “freedom” (man’s natural estate)—by aerial bombardment, if necessary. Both enthusiasms tend toward lawlessness. Both seek a world that is easily conjured in the idiom of freedom-talk, but in practice require more thorough submission to mega-bureaucracies, whether of corporations or of an occupation force.

 

2   In his 2018 book The Revolt of the Public, Martin Gurri diagnoses the eruption of protest movements around the world in 2011—Occupy Wall Street, the indignados in Spain, and the violent street protests in London, to name a few—as a politics of pure negation, driven more by the romance of denunciation than by any positive program. These protests expressed distrust of institutional voices, and a wholesale collapse of social authority. On left and right alike, people feel the system is rigged, and indeed political leaders themselves have stoked this conviction, insisting that elections lost by their side were illegitimate, whether because of “voter suppression” or a phantom epidemic of voting by illegal immigrants. This is dangerous stuff.

3   It is therefore perhaps appropriate to consider Europe’s experiment in transferring political sovereignty to a technocratic, democratically unaccountable governing body (the European Union) for clues as to what sort of political reactions such a project might engender.

4   Richard Rorty celebrated the power of “redescription” to alter our moral outlook. He had in mind the genuinely liberal effect that literature sometimes has in shifting our gaze, for example the effect that reading Dickens or Uncle Tom’s Cabin had in enlarging the sympathies of people in the nineteenth century. But redescriptions can just as easily have an impoverishing effect on how we view ourselves and the world. As Iris Murdoch wrote, man is the animal who makes pictures of himself, and then comes to resemble the pictures.

5   On campus, something like this is evident in the reduction of the entire miasma of teenage sexual incompetence, with its misplaced hopes and callow cruelties, to the legal concept of consent. Under the influence of this reduction, a young person is left with no other vocabulary for articulating her unhappiness and confusion over a sexual encounter. She must not have really consented.

6   In a related materialist vein, Reihan Salam ties “wokeness” to the political economy of precarity. Wokeness is a competitive status game played by aspirants to cultural capital. As one friend put it to me, “my PC status advancement seems to depend on my having a Perry Mason moment, in which I reveal that the defendant’s superficially unobjectionable speech actually hides a subtext of oppression only apparent to me.”

7   Whenever there is a whiff of regulatory concern about possible self-dealing by Google as it expands into services far afield from search, it asserts that if its search results presented anything but the  disinterested, best possible match to what “customers” were looking for, they would go elsewhere. This incantation of the free market syllogism works like a magic spell in arresting criticism. But how does the logic of the market apply to a near-monopoly? Or to a firm that provides a free service? The reality, of course, is that the users of Google are not the customers. Customers are those who pay for a product. Advertisers gave Google $95 billion in 2017 for access to the product. The product consists of predictions about users’ susceptibility to a specific pitch.

8   Another difference stands out. The early Progressive program had avowedly nationalist elements (consider William James’s famous essay “The Moral Equivalent of War” promoting a program of universal national service and an ethic of hardness, to be achieved through manual labor). It sought to forge an American identity based on solidarity, whereas for today’s progressives the idea of a common good, defined as American, is more problematic. A version of it underlies the economic populism of Bernie Sanders and Elizabeth Warren, but the idea of a specifically American common good is also subject to constant challenge on the left, both by immigration maximalists and by intersectional entrepreneurs who must direct their claims against what is common. Relatedly, the perspective of today’s progressivism is global rather than national, and this sits easier with the “shareholder cosmopolitanism” of capital.

9   Woodrow Wilson complained that “the bulk of mankind is rigidly unphilosophical, and nowadays the bulk of mankind votes.” The reformer is bewildered by the need to influence “the mind, not of Americans of the older stocks only, but also of Irishmen, of Germans, of Negroes.” Hamburger argues that it was the expansion of voting rights early in the twentieth century that prompted Wilson to want to shift power from representative bodies to executive agencies.

10  Barbara Tuchman wrote, “Not before or since has so much careful and reasonable thinking been invested in the formation of a government system. . . .  [T]he Founders remain a phenomenon to keep in mind to encourage our estimate of human possibilities, even if their example is too rare to be a basis of normal expectations” (The March of Folly: From Troy to Vietnam, 1984).

11  Silicon Valley’s original intellectual affiliations lie deep in the California counterculture: the Human Potential Movement, Esalen, the Whole Earth Catalog, and all that. Like the generation of ’68 in its long march through the institutions, the Valley staked its early identity on an emancipatory mission, and it has had a hard time adjusting its self-image to reflect its sheer power. In the same vein, recall Obama striking the pose of community organizer in his second term, speaking truth to power from Air Force One.

12  “Mounir Mahjoubi : ‘Dans quelques mois, il sera possible de porter plainte sur internet pour contenus haineux,’” Fdesouche.com, February 20, 2019.

vendredi, 24 mai 2019

Schmitt’s Blakean Vision of Leviathan and Behemoth

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Schmitt’s Blakean Vision of Leviathan and Behemoth

Schmitt wrote The Leviathan in the State Theory of Thomas Hobbes (1938) in order to analyze the figure of the great Biblical fish leviathan as it figures as a symbol in Hobbes’ political theory. Part of the book consists of a genealogy of the leviathan as it appears in Western culture, from the Bible through to nineteenth-century English literature. From there, Schmitt delves into Hobbes’ political theory and its mechanistic core before providing a thoughtful assessment of the fate of continental liberalism and its decline in the early twentieth century.

Schmitt possessed a great deal of learning in many areas, including the history of European art and culture. His book on Hobbes, and its genealogy of the leviathan, allows Schmitt to display that learning. Of particular interest here is Schmitt’s wide reading in English literature from the Renaissance to the modern period. What follows is a long quote, but one that serves the purpose of helping us understand a hidden insight behind Schmitt’s appraisal of Hobbes’ political theory in the book. He explains:

The leviathan is cited a few times in Shakespeare’s dramas as a powerful, enormously strong, or quick sea monster, without any symbolism pointing toward the politico-mythical. Moreover, when he illustrates the unrestrained savagery of the plundering soldiers, as, for example, in the third act of Henry V, he gives no hint of medieval theological demonology or of a methaphysically determined enmity. Notwithstanding fanatical Bible-quoting writers, English literature was governed at the time of Hobbes’ Leviathan (around 1650) by a completely nonrnythical and nondemonic conception of the leviathan. The leviathan, it appears, was hardly suitable as an allegory in the style of the sixteenth and seventeenth centuries. For example, Milton did not attach any enigmatic symbolism to the leviathan in his Paradise Lost, depicting him as a huge sea monster. In a satirical-literary depiction of hell by Thomas Dekker, which was published for the first time in 1607, there appears a postillion of hell who explains its geography to a just deceased London miser and is characterized as a "lackey of that great leviathan." If I understand his depiction correctly, the leviathan is still the devil but not in the medieval-theological sense or in the sense of Dante's portrayal in The Inferno or even in the sense of Swedenborg's images of hell, but in a thoroughly literary-ironic sense and in the style and in the atmosphere of English wit. In Sanderson’s Sermons (II/310) of around 1630, God deals "with the great leviathans ofthe world." Here the leviathans are simply "the greats" of this world. This colloquial usage evolved further, permitting Burke (Works, VIll, 35) to speak of the Duke of Bedford as the "Leviathan of all the creatures of the Crown" and de Quincey (in 1839) of a lawsuit against such a powerful opponent as the "leviathan of two counties."
The leviathan finally becomes a humorous description of all sorts of unusually large and powerful men and things, houses, and ships. Slang, too, has appropriated this imposing word. Hobbes was undoubtedly responsible for exerting a specific influence on the colloquial usage of the word. I am not sure whether a place in Richard Ligon's History of the Island of Barbados, which reminds one of Hobbes' description, was actually influenced by him: "What produces harmony in that leviathan is a well-governed commonwealth." It is understandable why Locke, Hobbes' adversary. did not avoid the polemical usage of leviathan: "A Hobbist will answer: 'because the Leviathan will punish you, if you do not.'" Mandeville's fable about the bee (1714) speaks in a typically Hobbesian manner: "The gods decided that millions of you, well attached to each other, compose the strong leviathan."

csleviathan.jpgWhat is interesting about this extensive genealogy is the glaring omission of William Blake’s rendering of the leviathan (see above image, dated 1805). Some have associated the image with Schmitt — for instance, in this Internet edition of Land and Sea — and this association is even more interesting because Schmitt omits Blake’s work in this passage.

Immediately before this passage, Schmitt indicated that he was intersted in the leviathan in visual art, and discussed in particular the work of Bosch and Bruegel. In his discussion of English literature, he goes as far back as Shakespeare, and as far forward as de Quincey. Along the way, Schmitt touches on two of Blake’s major influences, Milton and Swedenborg, and even cites one of Blake’s immediate contemporaries: Edmund Burke. In the above passage, Schmitt reads around Blake very closely without naming him, even when the need is obvious.

A possible reason for this omission is that Blake’s image does not tell the story that Schmitt wishes to tell about Hobbes’ leviathan, but instead, it does points towards his own conception of the state, and his own vision of leviathan and behemoth. In the book, he criticizes Hobbes and his vision of the leviathan on a few grounds, and one of them is Hobbes’ mechanistic humanism. Hobbes’ brilliant insight was that all that was required for a human community to create a functioning state was to trade protection for obedience with a state that operates as an impersonal mechanism: the ‘leviathan.’ It seems like a simple trick, and is accomplished without religion — there can be a state church, for instance, or the state can tolerate varieties of belief, but ultimately it is the state that determines the place of religion in society. Following his experience with the English Civil War, Hobbes created the image of the behemoth to symbolize rebellion. Schmitt’s sees Hobbes’ symbols of leviathan and behemoth as being sharpened in the subsequent history of modernity, and to find themselves in mutated form in contemporary concepts of “state and revolution,” and Schmitt uses the phrasing of state and revolution to deliberately evoke the title of Lenin’s book by the same name.

Schmitt believed that the well-functioning state was not only determined by its order (which Hobbes’ state theory provides), but also by its orientation (which Hobbes’ theory does not provide), which has a religious or at least strong mythic basis. Schmitt’s state theory is more like the depiction of leviathan and behemoth in Blakes image. Hobbes was only concerned with the leviathan and behemoth as they contended in the terrestrial sphere, without any relationship to a transcendent realm or idea. To relate Hobbes’ theory to Blakes image is to see leviathan and behemoth contending solely within that sphere, as if we were to cut that sphere out of the picture and view it alone as a complete depiction of the state. Blake, however, includes above the terrestrial sphere a realm of God, angels, and other figures who look down on the terrestrial sphere with concern.

Because the liberal state, in Schmitt’s view, did not have a common orientation for everyone in that state, it eventually succumbed to private organizations with private orientations, particularly parties, churches, and trade unions. These indirect powers operating in the private sphere, Schmitt observes, have a tremendous advantage in the liberal state because they can mobilize power, and then act upon other individuals and groups, and even the state. As Schmitt says, “indirect” power works by masking (Schmitt uses the word “veil”) their power, which “enables them to carry out their actions under the guise of something other than politics — namely religion, culture, economy, or private matter — and still derive all the advantages of state.” As a result, private organizations in the liberal state “enjoy all the advantages and suffer none of the risks entailed with the possession of political power.” But private organizations in the liberal state enjoy this advantage in part because of the human need to seek orientations, which is ultimately the stronger element of Schmitt’s understanding of the state as order and orientation.

The human desire for orientation is can be satisfied by a private organization or by inward withdrawl. This withdrawl acts upon the liberal state in its own way, by becoming what Schmitt calls a “counterforce of silence and stillness.” Mystical withdrawal is perhaps one way to view at least some of the figures in Blake’s image: in particular, those that sit with God and amongst the angels, looking down with concern.

samedi, 18 mai 2019

Guerra y saber político: Clausewitz y Günter Maschke

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Guerra y saber político:
Clausewitz y Günter Maschke

Antonio Muñoz Ballesta

Ex: http://www.nodulo.org

Conviene, especialmente cuando suenan tambores de guerra, no malinterpretar a Carlos Clausewitz (1780-1831), y reconocer la conclusión realista del filósofo militar prusiano, que la Guerra es la expresión o la manifestación de la Política

«George Orwell advertía en una ocasión que, en las sociedades libres, para poder controlar la opinión pública es necesaria una «buena educación», que inculque la comprensión de que hay ciertas cosas que no «estaría bien decir» –ni pensar, si la educación realmente tiene éxito–.» (Noam Chomsky en Tarragona, octubre de 1998)

A José María Laso, luchador en la paz y en la guerra

1

 La inminente guerra del Imperio realmente existente en el planeta, EEUU, contra Irak, y contra otros países del llamado «Eje del mal», entre los que se encuentra, según expresión de Gabriel Albiac, el «manicomio militarizado» de Corea del Norte, y que puede provocar la primera Guerra Nuclear en la que los dos contendientes utilicen efectivamente armas atómicas –aunque en la Historia contemporánea se ha estado varias veces al borde de la misma, y no solamente en la crisis de los misiles de Cuba, sino también hace unos meses en la guerra silenciada entre Pakistán y la India–, requiere que nos dispongamos a contemplarla con las mejores armas conceptuales posibles (pidiendo, a la misma vez, a Dios, a Alá, o a Yahvè, según la religión de cada uno, que «el conflicto bélico» no nos afecte individualmente).

¿Qué mejor arma conceptual, para nosotros, que delimitar lo que sea verdaderamente la «guerra» desde el punto de vista del «saber político»?

Porque las guerras no son una «maldición divina o diabólica» a pesar de que las consecuencias en las víctimas humanas, y la destrucción que provocan, así lo sea.

Las guerras pertenecen también, como nos recuerda Clausewitz, al «ámbito de la acción humana», y aunque siempre han estado envueltas en las formas artísticas de su tiempo y han sido el ámbito en el que se han realizado avances técnicos, tecnológicos y científicos de eficaz transcendentalidad –en el sentido del materialismo filosófico– innegable para las sociedades, las guerras «no pertenecen al campo de las artes y de las ciencias», y sin embargo, no son un saber sencillo, sino al contrario, «llevar una guerra» consiste en un saber de los más complejos y racionales que existen.

En las guerras se trata de «movimientos de la voluntad aplicado... a un objeto viviente y capaz de reaccionar», y por ello, subraya Günter Maschke, para Clausewitz, la guerra (también la próxima guerra contra Irak y Corea del Norte, &c., habría que añadir) es «incertidumbre, fricción y azar» que no permite una simplificación –ni por los militares, ni por los políticos e intelectuales– de los «complejos procesos» de la guerra, presentándola de tal forma «que incluso un niño podía tener el sentimiento de ser capaz de dirigir un ejército» («militärische Kinderfreunde»). Ni admite el desarme conceptual de la Filosofía ante ella, pues estaríamos renunciando a la comprensión verdadera de una de las cuestiones más cruciales del Presente histórico. ¡Ya es hora que la Filosofía no quede al margen de la Guerra, de la Idea de «guerra»!

2

gm.jpgEl gran ensayista y pensador de lo político y la política, Günter Maschke, ha encontrado, al respecto y recientemente{1}, una solución plausible al laberinto interpretativo de lo que realmente nos quiso decir Carlos Clausewitz (1780-1831) sobre la Idea de la «Guerra» en su obra principal De la guerra, y en concreto en su relación con la «política».

Günter Maschke, después de un preciosa, y laboriosa, labor exegética de la correspondencia y demás obras, algunas inéditas, del famoso general prusiano, ha concluido, lo que muchos siempre hemos intuido, desde hace tiempo, a saber, que:

«La Guerra es la expresión o la manifestación de la Política».

Es ésta conclusión de Maschke una tesis que acerca el pensamiento de Clausewitz al «realismo político», y lo aleja, definitivamente, de los análisis bien intencionados y humanitaristas, de ciertos filósofos, intelectuales, especialistas universitarios y periodistas, que continuamente tratan de ocultarnos o silenciarnos la verdad de la geopolítica del inicio del siglo XXI en el Mundo (los que Antonio Gramsci denominó «expertos en legitimación»).

No podía ser de otra forma ya que la realidad política internacional, y nacional, es objetiva, y es la que es, independientemente de la propaganda orwelliana que realicen los «intelectuales», los «centros de educación» y los medios de comunicación.

3

La propaganda orwelliana de EEUU, y de sus «satélites» europeos –«satélites» porque no han conseguido tener una política exterior común, ni un ejército propio–, más o menos sutil, se presenta en dos frentes.

El primero es el frente de la opinión pública y consiste en conseguir que la misma adopte el consenso «políticamente correcto» de la élite intelectual.

En este caso el «consenso» significa que la guerra contra Irak es inevitable y necesaria por parte de EEUU y sus aliados (en cambio más razones tendría Irán), independientemente de saber si realmente el Irak de 2003 ha amenazado o agredido a EEUU o a Inglaterra o a Alemania o a España, o si sabemos con certeza las consecuencias sobre la población civil que tendrán los bombardeos y la invasión de los soldados de las fuerzas terrestres (bombardeos que se vienen haciendo, por lo demás, periódicamente desde 1991, y terminación «por tierra» de la guerra del golfo de 1991, sin hacer mención de la «medida política o militar» del «embargo de medicamentos, &c.»). Pueblo irakí y kurdo que, indudablemente, no se merece el régimen político de Sadam Husein (ni de Turquía), ni la ausencia de los derechos humanos elementales, inexistencia de derechos fundamentales que, lamentablemente, se suele olvidar por los que están en contra de la guerra contra Irak, salvo la honrosa excepción de Noam Chomsky, quién siempre ha defendido los derechos humanos auténticos contra cualquier organización estatal o no, sea EEUU o se trate de otro Estado.

El segundo frente de la propaganda orwelliana se presenta en el campo de las ideas del saber político. En el análisis político interesa que no se comprenda, no ya por la opinión pública, sino tampoco por parte de los dedicados a la «ciencia política», lo que significa la realidad de la guerra y la política, pues es propio de la ideología de un determinado régimen político que su «élite intelectual» posea unas herramientas conceptuales «apropiadas» para la consecución, no de la verdad, sino de los objetivos del régimen político –que suele coincidir con los objetivos de los más ricos y poderosos del régimen y sus monopolios económicos–.

Günter Maschke, en mi opinión, contribuye con su acertado análisis o comprensión verdadera del pensamiento de Clausewitz, a no convertirnos en víctimas conceptuales de este segundo frente de la propaganda orwelliana del «eje del bien» y/o del «eje del mal».

4

Los «intelectuales humanitaristas», que están afectados, del llamado por Noam, «problema de Orwell»{2}, suelen permanecer en la «ilusión necesaria» de que la política fracasa cuando se recurre a la guerra (de que la guerra es el «fin» de la política), porque han interpretado incorrectamente la famosa frase de Clausewitz:

«La guerra es un instrumento de la política/ Der Krieg ist ein Instrument der Politik»{3}

La «ilusión» de estos intelectuales de la «intelligentsia» viene de la confusión entre «instrumento» y «objetivo» de la «verdadera política». Si consideramos la guerra como un simple instrumento del «arte de la política», y la política tiene el instrumento pacífico de la diplomacia ¿no es, por tanto, un «fracaso» de la política, el recurrir al «instrumento de la guerra»?

Günter-Maschke+Kritik-des-Guerillero-Zur-Theorie-des-Volkskriegs.jpgPlanteados así las premisas o los presupuestos, habría que concluir que sí; pero ocurre que las cosas no son así, es decir, que el pensamiento de Clausewitz (ni de los más importantes y coherentes «pensadores políticos», incluido Noam Chomsky) no tiene esos presupuestos que se les atribuye falsamente. Y ello debido a que la frase de Clausewitz (ni el pensamiento de los filósofos a los que me refiero) no puede sacarse del contexto de toda su obra, incluido la correspondencia, del general prusiano (y de los autores que miren «sin prejuicios» los hechos ).

Y el «objetivo» de la «política», como sabemos, es la eutaxia de su sociedad política; y para ello el objetivo no es solamente la «paz a cualquier precio», pues ello implicaría la renuncia a su «soberanía», a su «libertad» (si, en un país, todos aceptaran ser siervos o esclavos, o vivir en la miseria y sin luchar, no habría jamás violencia o «guerras»), &c., y en el límite la renuncia, de la misma sociedad política, a su «existencia» o permanencia en el tiempo de sus planes y programas –de su prólepsis política–.

Renuncia a la existencia de la misma sociedad política, puesto que, y esto se reconoce por Clausewitz y todos los autores, la «paz» como las «guerras», no son conceptos unívocos.

La «paz», y la «guerra», puede ser de muchas formas, desde la «Pax romana» a la «Paz establecida en Versalles». Además de la existencia, quizás más realista, de un «status mixtus que no es ni guerra ni paz», por ejemplo, ¿cómo calificar la situación actual entre Marruecos y España después de la «batalla» del islote Perejil? ¿O en el futuro, entre España e Inglaterra, por el asunto del peñón de Gibraltar? ¿O en el futuro, entre España y el «País Vasco» o «Catalonia» o «Galicia»? ¿De «diplomacia» o de «guerra»?

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En realidad la guerra es la expresión o manifestación de la política, y ella –la guerra– es como «un verdadero camaleón, pues cambia de naturaleza en cada caso concreto», aparentemente creemos que se produce la «desaparición» de la política (o del Derecho Internacional) cuando «estalla la Guerra», y en verdad no es así, pues la política y la diplomacia continúa implementando sus planes y programas, ¿para qué?, para conseguir una mayor eutaxia de la sociedad política vencedora o no, en el «tiempo de paz» posterior (así consiguió EEUU su predominio en Oriente Medio después de la Guerra Mundial II).

Pues, recordemos que las guerras terminaban con los Tratados de Paz, por lo menos hasta la Guerra Mundial I. Hoy en día, parece más bien, que estemos en un permanente «estado de guerra» mundial, en el que es imposible un «Tratado de Paz» entre los contendientes. Así las cosas en el «mundo del saber político» ¿Cómo y cuando se firmará el Tratado de Paz entre EEUU y Ben Laden? ¿Y es posible tal cosa?

Bien dice G. Maschke que Clausewitz es autor de las siguientes frases que inclinan la balanza en favor del primado de lo político sobre lo militar en el tema de la «guerra»:

«la política ha engendrado la guerra», «la política es la inteligencia... y la guerra es tan sólo el instrumento, y no al revés», «la guerra es un instrumento de la política, es pues forzoso que se impregne de su carácter » político, la guerra «es solo una parte de la política... consecuentemente, carece absolutamente de autonomía», «únicamente se pone de manifiesto –la guerra– en la acción política de gobernantes y pueblos», «no puede, jamás, disociarse de la política», «pues las líneas generales de la guerra han estado siempre determinadas por los gabinetes... es decir, si queremos expresarlo técnicamente, por una autoridad exclusivamente política y no militar», o cuando dice «ninguno de los objetivos estratégicos necesarios para una guerra puede ser establecido sin un examen de las circunstancias políticas», &c.

gmbew.jpgAhora bien, volvamos a la Guerra contra Irak, una manifestación más (en este caso de violencia extrema «policial») de la nueva «política «del «Imperio» constituido y constituyente de la también «nueva forma de la relación-capital» –el «Capitalismo como forma Imperio», según la reciente tesis del libro de Antonio Negri y M. Hardt– e intentemos «comprender» ahora, con las «armas conceptuales tradicionales» clausewitzianas, la política del bando «occidental». Entonces, EEUU, dirigido por Bush II, se nos presenta como un «nuevo Napoleón» que reuniera en su persona política la categoría de «príncipe o soberano» al ser, a los ojos del Mundo, al mismo tiempo «cabeza civil y militar» de la «civilización». Pero otorgándole que sea la cabeza militar en el planeta, ¿quién le otorga el que sea también la «cabeza civil»?{4} –Noam Chomsky es más realista al reconocer que desde el punto de las víctimas, es indiferente que el poder que los humilla y mata se llame «Imperio» o «Imperialismo». En cambio, el poder militar y civil de Sadam Husein se nos da en toda su crueldad dictatorial, apoyada –por cierto– hasta hace once años por los mismos EEUU y Occidente, que miraban, entonces, para otro lado, cuando se cometían innumerables atentados a los derechos humanos contra su propia población irakí y kurda.

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En verdad la guerra es la expresión de la política, y en ese orden, es decir, que la política no es la manifestación de la guerra, lo cual viene a dar la razón, no solamente al realismos político de Carl Schmitt y Julien Freund, sino también a Gustavo Bueno, pues la existencia de las sociedades políticas auténticas, de los Estados o Imperios, requiere una capa cortical que se da, entre otras causas, por la acción política partidista y eutáxica.

Se consigue así que dichos intelectuales no incidan, como deseamos todos, en su lucha y defensa por una nueva política que se exprese predominantemente en diplomacia, y no en guerras de exterminio, predominantemente «exterminio de civiles».

Estos «intelectuales» y periodistas se concentran, en cambio, en la denuncia «humanitaria»{5} de los males de la guerra (males de la guerra que por más que se han denunciado en la Historia no han dejado de producirse salvo que se ha influido de manera práctica en la política), olvidándose de luchar conceptualmente, filosóficamente, por conseguir una vuelta a la verdadera política que no se exprese en guerras nucleares generalizadas o no.

Y, en cambio, la verdadera política incluye, como nos demuestra el análisis de G. Maschke, dos partes, en su expresión, la «diplomacia» y la «guerra». Y la política de una sociedad determinada no deja de ser «verdadera política» –utilizando conceptos de la «realista» filosofía política de Gustavo Bueno– cuando se manifiesta en diplomacia o en la guerra.

No se reduce la política a la paz, y a los medios pacíficos.

Otra de las causas del error habitual, hasta ahora, en la interpretación de Clausewitz, es no percatarse del origen histórico de determinadas Ideas del saber político, y viene recogida y resaltada por G. Maschke, a saber, la trascendental importancia del cambio histórico en la concepción de la guerra, con la Revolución Francesa de 1789 y Napoleón (príncipe o soberano, y no sencillamente «dictador»), ya que se pasó del «viejo arte de la guerra» de gabinete de los Estados Absolutistas, a «los grandes alineamientos engendrados por la guerras», por la Revolución.

ra-cl.jpgGustavo Bueno ha recogido también esta modificación crucial, sin hipostatizarla, con su análisis del surgimiento de la Idea de la «Nación política» o nación canónica:

«Algunos historiadores creen poder precisar más: la primera vez en que se habría utilizado la palabra nación, como una auténtica «Idea-fuerza», en sentido político, habría tenido lugar el 20 de septiembre de 1792, cuando los soldados de Kellerman, en lugar de gritar «¡Viva el Rey!», gritaron en Valmy: «¡Viva la Nación!» Y, por cierto, la nación en esta plena significación política, surge vinculada a la idea de «Patria»: los soldados de Valmy eran patriotas, frente a los aristócratas que habían huido de Francia y trataban de movilizar a potencias extranjeras contra la Revolución.» Gustavo Bueno, España frente a Europa, Alba Editorial, Barcelona 1999, página 109.

Por ello, el realismo político, y toda la filosofía política «realista» –en cuanto sabe separar la ideología y la verdad geopolítica– que incluye, en este sentido y a mi entender, a Gustavo Bueno y a Noam Chomsky, tienen que reconocer, lo que ya dijera Clausewitz:

«Que la «guerra no es otra cosa que la prosecución de la política por otros medios»

O como dice el mismo Günter Maschke: «La tesis fundamental de Clausewitz no es que la guerra constituye un instrumento de la política, opinión de los filántropos que cultivan la ciencia militar, sino que la guerra, sea instrumento o haya dejado de serlo, es la «prosecución de la política por otros medios.» Pero Clausewitz encontró una formulación aún mejor, sin percatarse de la diferencia con la precedente. Él escribe que las guerras no son otra cosa que «expresiones de la política» (tal cita proviene del estudio, todavía inédito, «Deutsche Streitkräfte», cfr. Hahlweg en la edición citada de Vom Kriege, pág. 1235), y en otro lugar, que la guerra «no es sino una expresión de la política con otros medios».» Empresas políticas, número 1, Murcia 2002, pág. 47.

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En conclusión, es mucho más «humano» ser «realista» en el saber político, cuando se trata de Idea tan omnipresente como la «guerra», pues se evitan más «desastres humanitarios», y se consigue más auténtica libertad y justicia, cuando superamos el «problema de Orwell» y podemos contemplar la política tal como es, es decir, como la que tiene el poder real de declarar la guerra y la paz, que van configurando, a su vez, los «cuerpos de las sociedades políticas» en sus respectivas «capas corticales». Por ello la solución de G. Maschke a las ambigüedades de la obra de Clausewitz viene a contribuir al intento serio de cambiar la política para evitar las guerras. Se trata de una lucha por la verdad, en la paz y en la «guerra».

Notas

{1} «La guerra, ¿instrumento o expresión de la política? Acotaciones a Clausewitz», traducción de J. Molina, en la revista Empresas políticas (Murcia), año I, número 1 (segundo semestre de 2002).

{2} El «problema de Orwell» es el tema central de la labor de Noam como filósofo político, y consiste en la cuestión de «cómo es posible que a estas alturas sepamos tan poco sobre la realidad social» y política de los hombres(y olvidemos tan pronto las matanzas, miserias, etc. causados por el poder estatal imperialista), disponiendo, como se dispone, de todos los datos e informaciones sobre la misma. A Orwell no se le ocultó que una «nueva clase» conseguía en gran medida que los hechos «inconvenientes» para el poder político y económico, llegasen a la opinión pública «debidamente interpretados», y para ello si era preciso cambiar el Pasado, se hacía, pues se controlaba los hechos y los conceptos del Presente. La propaganda en las sociedades «libres» se consigue sutilmente, por ejemplo por el procedimiento de fomentar el debate pero dejando unos presupuestos o premisas de los mismos sin expresarse (y sin poder ser criticadas), o discutiendo por la intelligentsia, entre sí, cuestiones periféricas, dando la impresión de verdadera oposición.

{3} Clausewitz, Vom Kriege, págs. 990-998, 19 ed., Bonn 1980.

{4} La ONU, como institución internacional con «personalidad jurídica propia», ha sido «puenteada» continuamente por EEUU, cuando le ha interesado, y sus Resoluciones incumplidas sistemáticamente, siempre y cuando no sean como la 1441, que da a entender, o no –dicen otros– que se puede utilizar la «fuerza» contra el dictador irakí.

{5} ¡Como si no fuera «humano» el análisis científico y filosófico del concepto de las guerras y sus relaciones con la política, precisamente para conseguir mejores y mayor cantidad de Tratados de Paz!

vendredi, 17 mai 2019

Michel Maffesoli: “L’entre-soi médiatico-politique”

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Michel Maffesoli: “L’entre-soi médiatico-politique”

 

Michel Maffesoli, professeur émérite à la Sorbonne et membre de l’Institut, analyse les raisons du fossé qui s’est établi entre le peuple et les élites. La classe médiatico-politique semble s’être repliée sur elle-même et vit dans l’entre-soi. Pourquoi n’est-elle pas capable d’entrer en empathie avec le peuple ? Comment cette rupture a-t-elle été consommée ?

N’est-ce point le mépris vis-à-vis du peuple, spécificité d’une élite en déshérence, qui conduit à ce que celle-ci nomme abusivement « populisme » ? L’entre-soi, particulièrement repérable dans ce que Joseph de Maistre nommait la « canaille mondaine » – de nos jours on pourrait dire la « canaille médiatique » –, cet entre-soi est la négation même de l’idée de représentation sur laquelle, ne l’oublions pas, s’est fondé l’idéal démocratique moderne. En effet, chose frappante, lorsque par faiblesse on cède aux divertissements médiatiques, ça bavarde d’une manière continue dans ces étranges lucarnes de plus en plus désertées. Ça jacasse dans ces bulletins paroissiaux dont l’essentiel des abonnés se recrute chez les retraités. Ça gazouille même dans les tweets, à usage interne, que les décideurs de tous poils s’envoient mutuellement.

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La verticalité du pouvoir.

L’automimétisme caractérise le débat, national ou pas, que propose le pouvoir – automimétisme que l’on retrouve dans les ébats indécents, quasiment pornographiques, dans lesquels ce pouvoir se donne en spectacle. Pour utiliser un terme de Platon, on est en pleine théâtrocratie, marque des périodes de décadence. Moment où l’authentique démocratie, la puissance du peuple, est en faillite.

Automimétisme de l’entre-soi ou auto-représentation, voilà ce qui constitue la négation ou la dénégation du processus de représentation. On ne représente plus rien, sinon à courte vue, soi-même. Cette Caste on ne peut plus isolée, en ses diverses modulations – politique, journalistique, intellectuelle –, reste fidèle à son idéal « avant-gardiste », qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un prétendu bien du peuple.

Cette Caste on ne peut plus isolée, en ses diverses modulations – politique, journalistique, intellectuelle –, reste fidèle à son idéal « avant-gardiste », qui consiste, verticalité oblige, à penser et à agir pour un prétendu bien du peuple.

Une telle verticalité orgueilleuse s’enracine dans un fantasme toujours et à nouveau actuel : « Le peuple ignore ce qu’il veut, seul le Prince le sait » (Hegel). Le « Prince » peut revêtir bien des formes, de nos jours celle d’une intelligentsia qui, d’une manière prétentieuse, entend construire le bien commun en fonction d’une raison abstraite et quelque peu totalitaire, raison morbide on ne peut plus étrangère à la vie courante.

Ceux qui ont le pouvoir de dire vitupèrent à loisir les violences ponctuant les soulèvements populaires. Mais la vraie « violence totalitaire » n’est-elle pas celle de cette bureaucratie céleste qui, d’une manière abstruse, édicte mesures économiques, consignes sociales et autres incantations de la même eau en une série de « discours appris » n’étant plus en prise avec le réel propre à la socialité quotidienne ? N’est-ce pas une telle attitude qui fait dire aux protagonistes des ronds-points que ceux qui détiennent le pouvoir sont instruits, mais non intelligents ?

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Le monopole de la parole.

Ceux-là même qui vitupèrent et parlent, quelle arrogance !, de la « vermine paradant chaque samedi », ceux-là peuvent-ils comprendre la musique profonde à l’œuvre dans la sagesse populaire ? Certainement pas. Ce sont, tout simplement, des pleureuses pressentant, confusément, qu’un monde s’achève. Ce sont des notables dans l’incapacité de comprendre la fin du monde qui est le leur. Et pourtant cette Caste s’éteint inexorablement.

Au mépris vis-à-vis du peuple correspond logiquement le mépris du peuple n’ayant plus rien à faire avec une élite qu’il ne reconnaît plus comme son maître d’école. Peut-être est-ce pour cela que cette élite, par ressentiment, utilise, ad nauseam, le mot de « populisme » pour stigmatiser une énergie dont elle ne comprend pas les ressorts cachés.

Le bienfait des soulèvements, des insurrections, des révoltes, c’est de rappeler, avec force, qu’à certains moments « l’hubris », l’orgueil d’antique mémoire des sachants, ne fait plus recette. Par là se manifeste l’important de ce qui n’est pas apparent. Il y a, là aussi, une théâtralisation de l’indicible et de l’invisible. Le « roi clandestin » de l’époque retrouve alors une force et une vigueur que l’on ne peut plus nier.

L’effervescence sociétale, bruyamment (manifestations) ou en silence (abstention) est une manière de dire qu’il est lassant d’entendre des étourdis-instruits ayant le monopole légitime de la parole officielle, pousser des cris d’orfraie au moindre mot, à la moindre attitude qui dépasse leur savoir appris.

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Le lieu fait lien.

Manière de rappeler, pour reprendre encore une formule de Joseph de Maistre, « les hommes qui ont le droit de parler en France ne sont point la Nation ».

Qu’est-ce que la Nation ? En son sens étymologique, Natio, c’est ce qui fait que l’on nait (nascere) ensemble, que l’on partage une âme commune, que l’on existe en fonction et grâce à un principe spirituel. Toutes choses échappant aux Jacobins dogmatiques, qui, en fonction d’une conception abstraite du peuple, ne comprennent en rien ce qu’est un peuple réel, un peuple vivant, un peuple concret. C’est-à-dire un peuple privilégiant le lieu étant le sien.

Les Jacobins dogmatiques, en fonction d’une conception abstraite du peuple, ne comprennent en rien ce qu’est un peuple réel, un peuple vivant, un peuple concret.

Le lieu fait lien. C’est bien ce localisme qui est un cœur battant, animant en profondeur les vrais débats, ceux faisant l’objet de rassemblements, ponctuant les manifestations ou les regroupements sur les ronds-points. Ceux-ci sont semblables à ces trous noirs dont nous parlent les astrophysiciens. Ils condensent, récupèrent, gardent une énergie diffuse dans l’univers.

C’est bien cela qui est en jeu dans ces rassemblements propres au printemps des peuples. Au-delà de cette obsession spécifique de la politique moderne, le projet lointain fondé sur une philosophie de l’Histoire assurée d’elle-même, ces rassemblements mettent l’accent sur le lieu que l’on partage, sur les us et coutumes  qui nous communs.

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L’émotion et la solidarité.

C’est cela le localisme, une spatialisation du temps en espace. Ou encore, en laissant filer la métaphore scientifique, une « einsteinisation » du temps. Etre-ensemble pour être-ensemble sans finalité ni emploi. D’où l’importance des affects, des émotions partagées, des vibrations communes. En bref, l’émotionnel.

Pour reprendre une figure mythologique, « l’Ombre de Dionysos » s’étend à nouveau sur nos sociétés. Chez les Grecs, l’orgie (orgè) désignait le partage des passions, proche de ce que l’on nomme de nos jours, sans trop savoir ce que l’on met derrière ce mot : l’émotionnel. Emotionnel, ne se verbalisant pas aisément, mais rappelant une irréfragable énergie, d’essence un peu mystique et exprimant que la solidarité humaine prime toutes choses, et en particulier l’économie, qui est l’alpha et l’oméga de la bien-pensance moderne. Que celle-ci d’ailleurs se situe à la droite, à la gauche, ou au centre de l’échiquier politique dominant.

L’émotionnel et la solidarité de base sont là pour rappeler que le génie des peuples est avant tout spirituel. C’est cela que, paradoxalement, soulignent les révoltes en cours. Et ce un peu partout de par le monde. Ces révoltes actualisent ce qui est substantiel. Ce qui est caché au plus profond des consciences. Qu’il s’agisse de la conscience collective (Durkheim) ou de l’inconscient collectif (Jung). Voilà bien ce que l’individualisme ou le progressisme natif des élites ne veut pas voir. C’est par peur du Nous collectif qu’elles brandissent le spectre du populisme.

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L’organique contre le mécanique.

Paul Valéry le rappelait : « Ce n’est pas sur ce qu’ils voient, mais sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger les hommes ». C’est bien sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger la Caste agonisante des notables établis : incapacité de repérer l’invisible à l’œuvre dans le corps social, incapacité à apprécier l’instinct naturel qui meut, sur la longue durée, la puissance populaire.

On est, dès lors, dans la métapolitique. Une métapolitique faisant fond comme je l’ai indiqué sur les affects partagés, sur les instincts premiers, sur une puissance au-delà ou en-deçà du pouvoir et qui parfois refait surface. Et ce d’une manière irrésistible. Comme une impulsion quelque peu erratique, ce qui n’est pas sans inquiéter ceux qui parmi les observateurs sociaux restent obnubilés par les Lumière (XVIIIe siècle) ou par les théories de l’émancipation, d’obédience socialisante ou marxisante propres au XIXe siècle et largement répandues d’une manière plus ou moins consciente chez tous les « instruits » des pouvoirs et des savoirs établis.

C’est bien sur ce qu’ils ne voient pas qu’il faut juger la Caste agonisante des notables établis : incapacité de repérer l’invisible à l’œuvre dans le corps social, incapacité à apprécier l’instinct naturel qui meut, sur la longue durée, la puissance populaire.

En son temps, contre la violence totalitaire des bureaucraties politiques[1], j’avais montré, en inversant les expressions de Durkheim, que la solidarité mécanique était la caractéristique de la modernité et que la solidarité organique était le propre des sociétés primitives. C’est celle-ci qui renaît de nos jours dans les multiples insurrections populaires. Solidarités organiques qui, au-delà de l’individualisme, privilégient le « Nous » de l’organisme collectif. Celui de la tribu, celui de l’idéal communautaire en gestation. Organicité traditionnelle, ne pouvant qu’offusquer le rationalisme du progressisme benêt dont se targuent toutes les élites contemporaines.

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Vers une tradition dynamique !

Oui, contre ce progressisme dominant, on voit renaître les « instincts ancestraux » tendant à privilégier la progressivité de la tradition. La philosophie progressive, c’est l’enracinement dynamique. La tradition, ce sont les racines d’hier toujours porteuses de vitalité. L’authentique intelligence « progressive », spécificité de la sagesse populaire, c’est cela même comprenant que l’avenir est un présent offert par le passé.

C’est cette conjonction propre à la triade temporelle (passé, présent, avenir) que, pour reprendre les termes de Platon, ces « montreurs de marionnettes » que sont les élites obnubilées par la théâtrocratie sont incapables de comprendre. La vanité creuse de leur savoir technocratique fait que les mots qu’ils emploient, les faux débats et les vrais spectacles dont ils sont les acteurs attitrés sont devenus de simples mécanismes langagiers, voire des incantations qui dissèquent et règlementent, mais qui n’apparaissent au plus grand nombre que comme de futiles divertissements. Les révoltes des peuples tentent de sortir de la grisaille des mots vides de sens, de ces coquilles vides et inintelligibles. En rappelant les formes élémentaires de la solidarité, le phénomène multiforme des soulèvements est une tentative de réaménager le monde spirituel qu’est tout être-ensemble. Et ce à partir d’une souveraineté populaire n’entendant plus être dépossédée de ses droits.

Les révoltes des peuples rappellent que ne vaut que ce qui est raciné dans une tradition qui, sur la longue durée, sert de nappe phréatique à toute vie en société. Ces révoltes actualisent l’instinct ancestral de la puissance instituante, qui, de temps en temps, se rappelle au bon souvenir du pouvoir institué.

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Le bon sens populaire.

Voilà ce qui, en son sens fort, constitue le génie du peuple, génie n’étant, ne l’oublions pas, que l’expression du gens, de la gente, c’est-à-dire de ce qui assure l’éthos de toute vie collective. Cet être-ensemble que l’individualisme moderne avait cru dépassé ressurgit de nos jours avec une force inégalée.

Mais voilà, à l’encontre de l’a-priorisme des sachants, a-priorisme dogmatique qui est le fourrier de tous les totalitarismes, ce génie s’exprime maladroitement, parfois même d’une manière incohérente ou se laissant dominer par les passions violentes. L’effervescence fort souvent bégaie. Et, comme le rappelle Ernest Renan : « Ce sont les bégaiements des gens du peuple qui sont devenus la deuxième bible du genre humain ».

Cet être-ensemble que l’individualisme moderne avait cru dépassé ressurgit de nos jours avec une force inégalée.

Remarque judicieuse, soulignant qu’à l’encontre du rationalisme morbide, à l’encontre de l’esprit appris des instruits, le bon sens prend toujours sa source dans l’intuition. Celle-ci est une vision de l’intérieur. L’intuition est une connaissance immédiate, n’ayant que faire des médias. C’est-à-dire n’ayant que faire de la médiation propre aux interprétations des divers observateurs ou commentateurs sociaux. C’est cette vision de l’intérieur qui permet de reconnaître ce qui est vrai, ce qui est bon dans ce qui est, et, du coup, n’accordant plus créance au moralisme reposant sur la rigide logique du devoir-être.

Du bien-être individuel au plus-être collectif.

C’est ainsi que le bon sens intuitif saisit le réel à partir de l’expérience, à partir du corps social, qui, dès lors, n’est plus une simple métaphore, mais une incontournable évidence. Ce que Descartes nommait l’« intuition évidente » comprend ainsi, inéluctablement, ce qui est évident.

Dès lors ce n’est plus le simple bien-être individualiste d’obédience économiciste qui prévaut, mais bien un plus être collectif. Et ce changement de polarité, que l’intelligentsia ne peut pas, ne veut pas voir, est conforté par la connaissance collective actualisant la « noosphère » analysée par Teilhard de Chardin, celle des réseaux sociaux, des blogs et autres Tweeters. Toutes choses confortant un « Netactivisme » dont on n’a pas fini de mesurer les effets.

Voilà le changement de paradigme en cours dont les soulèvements actuels sont les signes avant-coureurs. On comprendra que les zombies au pouvoir, véritables morts-vivants, ne peuvent en rien apprécier la vitalité quasi-enfantine à l’œuvre dans tous ces rassemblements. Car cette vitalité est celle du « puer aeternus » que les pisse-froids nomment avec dégoût « jeunisme ». Mais ce vitalisme juvénile[2], où prédomine l’aspect festif, ludique, voire onirique, est certainement la marque la plus évidente de la postmodernité naissante.

Michel Maffesoli

[1] Michel Maffesoli, La Violence totalitaire (1979), réédité in Après la Modernité, CNRS Éditions, 2008, p.539.

[2] La jeunesse n’étant bien sûr pas un problème d’âge, mais de ressenti, ce que traduit bien le mythe fédérateur de la postmodernité qu’est le Puer aeternus

mardi, 14 mai 2019

Média & Politique : La fabrique du consentement - Michel Onfray

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Média & Politique : La fabrique du consentement - Michel Onfray

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lundi, 13 mai 2019

Le théoricien de la très grande Europe

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Le théoricien de la très grande Europe

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Comme lors de la chronique de février dernier, il ne sera pas aujourd’hui question d’une figure européenne, mais d’une personnalité déjà évoquée à l’occasion de la deuxième chronique en date du 31 janvier 2017, à savoir Jean Thiriart (1922 – 1992).

La sortie en 2016 dans la collection « Qui suis-je ? » chez Pardès de Thiriart par Yannick Sauveur suscita un regain de curiosité autour de ses idées. Jusqu’alors, on ne disposait que d’Un Empire de quatre cents millions d’hommes, l’Europe. La naissance d’une nation, au départ d’un parti historique chez Avatar sorti en 2007. Paru à l’origine en 1964, cet essai qui présente quelques points toujours actuels par exemple « pas de liberté politique individuelle sans indépendance économique personnelle (p. 108) » n’en demeure pas moins daté.

Ne disposer que de ce seul ouvrage aurait été préjudiciable pour l’activisme grand-européen si les excellentes éditions nantaises Ars Magna n’avaient pas produit un fantastique effort de publication sur et autour de Jean Thiriart. Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart (2018, 484 p., 32 €) contient des entretiens (dont un, célèbre, avec Juan Peron en exil à Madrid), des articles de Thiriart ainsi que quatre textes sur lui. L’empire qui viendra (2018, 168 p., 28 €) comprend une préface de Claudio Mutti, un entretien méconnu de Thiriart en 1987 et divers textes géopolitiques. L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin (2018, 191 p., 28 €) se compose, en dehors de quelques entretiens, d’articles du milieu des années 1980 et la version écrite d’une fameuse discussion à Moscou en août 1992 avec Egor Ligatchev, responsable d’une faction conservatrice au sein du Parti communiste russe. S’y trouvent aussi des notes d’un essai inachevé consacré à un hypothétique ensemble euro-soviétique. À la fin de l’année 2018 est cependant paru aux Éditions de la plus grande Europe L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin, préfacé et annoté par Yannick Sauveur (2018, 337 p., 25 €), soit la version intégrale d’esquisses parfois bien avancées.

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Il est indéniable que Jean Thiriart soutenait des positions hétérodoxes au sein de l’anticonformisme intellectuel. Athée résolu, ce faustien – il préférait cependant le terme de « prométhéen » – affirme sans ambages que « le politique, c’est la gestion intelligente de l’homme tel qu’il est, pour ce qu’il est. C’est un effort qui doit tendre à une société cohérente, solidaire, cohésive, efficace, en évolution constante (version de Yannick Sauveur, p. 164) ».

Cet infatigable militant qui connut l’aisance professionnelle et la quiétude privée ne cessa d’agir en faveur d’une union géopolitique continentale paneuropéenne réelle. Reconnaissant volontiers sa dette à l’égard du penseur libéral Vilfredo Pareto, ce lecteur attentif de Machiavel considérait que « l’Union soviétique a hérité du destin historique de la principale puissance continentale (version d’Ars Magna, p. 96) ». Dès 1979, il salue l’intervention de l’Armée Rouge en Afghanistan. Dans « L’Union soviétique dans la pensée de Jean Thiriart », José Cuadrado Costa le range parmi les nationaux-bolcheviks, ce qui est quelque peu réducteur. Jean Thiriart savait dépasser les clivages, y compris au sein des droites radicales.

Rares sont en effet ceux qui effectuent à ces temps de relance de la Guerre froide « une critique positive de l’URSS (version de Yannick Sauveur, p. 185) » et pensent que « l’agrandissement de l’URSS vers Dublin et Cadix relève de la perspective historique (Idem, p. 188) ». Jean Thiriart croît que « l’Empire euro-soviétique sera une construction géopolitique parfaite comme le fut l’Empire romain, comme l’était la première République pour Sieyès. Conception de géohistorien chez moi, dénuée de toute passion (Id., p. 69) ». Il regrette en revanche que l’Union soviétique n’ait pas annexé après 1945 la Pologne, la Roumanie, la Yougoslavie, la Hongrie, l’Allemagne de l’Est, etc. La Bulgarie a failli devenir en 1979 une 16e république soviétique… « La forme grand-européenne exige plusieurs modifications des concepts ou habitudes mentales communistes, écrit Jean Thiriart : la stupide et dangereuse théorie des nationalités (multi-nationalités) doit faire place à la supranationalité, l’Empire (version d’Ars Magna, p. 66). »

Il parie enfin que « l’Empire euro-soviétique – une nécessité pour l’URSS – ne sera pas possible en l’absence d’un nouveau concept, celui d’imperium euro-soviétique. Il se charpente autour de deux règles : la garantie de l’« omnicitoyenneté » et l’État-Nation extensif grâce à un “ nationalisme politique ” (“ peuple politique ” opposé en tant que tel à peuple racial, à peuple linguistique, à peuple religieux, à peuple culturel, etc.) (version de Yannick Sauveur, p. 223) », ce qui implique à l’instar du modèle républicain laïque assimilationniste français qu’il ne cesse d’admirer une forme restreinte de cosmopolitisme, voire un mondialisme relatif et partiel, dans le cadre d’un grand espace continental représenté par cette République impériale euro-soviétique.

Remarquable doctrinaire grand-européen, Jean Thiriart s’inspirait finalement de l’exemple national et républicain turc. Son vœu le plus cher aurait-il été de devenir le Mustapha Kemal Atatürk de la très grande Europe ?

Au revoir et dans quatre semaines pour une chronique consacrée à une nouvelle grande figure européenne.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique diffusée le 23 avril 2019 à Radio Courtoisie dans le cadre du « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

Vers un nouveau printemps des études parétiennes?

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Vers un nouveau printemps des études parétiennes?

par Daniel COLOGNE

Vilfredo Frederigo Samaso, marquis de Pareto, est né le 15 juillet 1848 à Paris. Son père y est en exil pour avoir participé à un complot républicain à Gênes. La réhabilitation paternelle lui permet d’entreprendre ses études à Gênes et Turin. Après avoir soutenu une thèse de physique, il devient ingénieur et directeur technique de deux sociétés, l’une ferroviaire, l’autre métallurgique.

Déçu par l’engagement politique, Vilfredo Pareto se lance dans l’étude de la théorie économique, rencontre Léon Walras en 1891 et obtient une chaire d’économie politique à Lausanne en 1893. Il se passionne ensuite pour la sociologie et publie notamment Les Systèmes socialistes. Il soutient Mussolini. Il est nommé sénateur du royaume d’Italie le 23 mars 1923, mais il meurt quelques mois plus tard (le 19 août) à Céligny, face au lac Léman.

Un lycée Pareto existe à Lausanne et j’y ai rencontré Giuseppe Patanè, avec qui j’ai organisé en 1976 une commémoration de la répression de la révolte de Budapest par les chars soviétiques (1956). Patanè avait deux fils : Fabrizio, très sympathique, fort discret et d’un bon niveau, et Massimo, jeune érudit m’ayant fait découvrir que le syndicalisme mussolinien n’avait rien à envier à celui des régimes situés à gauche et intouchable à l’époque dans des medias tendancieux.

L’évocation du syndicalisme permet de faire une transition vers la pensée de Georges Sorel (d’un an plus vieux que Pareto) et vers l’intérêt que suscite l’auteur de Réflexions sur la Violence chez Jean-Pierre Blanchard, pasteur militant de la cause identitaire et auteur de Vilfredo Pareto, génie et visionnaire.

À propos de Sorel, l’auteur rappelle « qu’il a introduit un célèbre distinguo entre force et violence, la force ayant pour but d’imposer un ordre social, alors que celui de la violence est de le détruire (p. 118) ». J’attire aussi l’attention des lecteurs sur l’annexe où Jean-Pierre Blanchard développe l’hypothèse d’une cohabitation inattendue de Nietzsche et de Marx chez Sorel, ce dernier ayant donc pu permettre de « faire mariage » à « l’aristocratie nationaliste réactionnaire » et au « bourgeois communiste révolutionnaire (p. 136) ».

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Le brillant exposé de la sociologie parétienne par le pasteur Blanchard est préfacé par Georges Feltin-Tracol qui espère que l’ouvrage de 2019 sera « l’hirondelle printanière », messagère d’un « renouveau des études parétiennes ! (p. 18) ». Car il faut bien reconnaître l’optimisme excessif de Jules Monnerot et de son pronostic des années 1960 sur « une remontée de la cote Pareto à la bourse des valeurs intellectuelles de l’Europe (p. 17) ».

Et ce malgré l’intérêt jamais démenti de la « Nouvelle Droite » à travers l’admiration vouée à Pareto par Georges Henri-Bousquet (ouvrage paru chez Dalloz en 1971), les références d’Alain de Benoist dans son Vu de droite (1977) et la revue Nouvelle École (1981), les allusions de Louis Pauwels dans son Blumroch l’Admirable (1976) et même, assez récemment, l’influence parétienne observable chez Guillaume Faye dans Mon Programme (2012).

« Toute population sociale est composée de deux couches, une couche inférieure qui comprend tous ceux qui ne réussisent que médiocrement dans la vie et une couche supérieure, l’élite, qui comprend tous ceux qui réussissent, dans quelque domaine que ce soit, et qui se divise en deux : l’élite non gouvernementale et l’élite gouvernementale. » Le pasteur Blanchard précise que, si de bons éléments émergent de la « couche inférieure » et que des membres de « l’élite », « gouvernementale » ou non, s’avèrent défaillants, « la décadence menace toute société qui ne pratique pas la mobilité sociale, la circulation des élites (p. 108) ». L’Establishment britannique fournit un bon exemple de cette « mobilité sociale », mais aussi l’Église catholique, comme le souligne pertinemment en page 73 Éric Zemmour dans son Destin français. Deux ans après le décès de Pareto, le Grand d’Espagne Miguel de Unamuno parle d’« agonie du christianisme » (1925).

Un deuxième stade de la « régression des castes dominantes (Julius Evola) » sévit déjà à travers la simple « magistrature d’influence » exercée par les derniers monarques issus de la noblesse. Ainsi s’exprime l’historien liégeois Léon Balace pour décrire les rois des Belges qui règnent sans gouverner et qui se contentent désormais de pérorer sur l’utopique vivre-ensemble, tant au niveau de leur petite patrie fracturée qu’à celui de la grande et illusoire fraternité mondialiste. L’élite gouvernementale désignée par Vilfredo Pareto est celle de la troisième fonction (en termes duméziliens) ou des « hommes de gestion » (dans le lexique de Raymond Abellio). Les producteurs ne sont pas seulement économiques, mais aussi culturels. Ceux-ci composent l’essentiel de l’élite non gouvernementale (presse, écrivains, artistes de toutes disciplines, animateurs des industries du divertissement, du spectacle et du luxe).

La quatrième fonction des « hommes d’exécution » (Abellio) ne s’est mise en valeur que le temps d’une brève parenthèse historique avec la complicité des penseurs de type sartrien, trop rarement éveillés à l’inanité du déterminisme socio-économique : « Valéry est un intellectuel petit-bourgeois, mais tout intellectuel petit-bourgeois n’est pas Valéry. » Peut-on encore attendre aujourd’hui de la nouvelle caste médiatique dominante ce type de jugement nuancé dont même Sartre était encore capable ? Le mondialisme qu’elle cherche à imposer correspond parfaitement à la nation parétienne de « dérivation », à savoir un ensemble de « manifestations verbales [qui] s’éloignent de la réalité [tout en ayant] une valeur persuasive bien supérieure au raisonnement objectif (p. 67) ».

« Voici ce qui est plus grave : toutes ces idées pures, toutes ces théories, ces doctrines, nous en connaissons la vanité, et l’inexistence au point de vue objectif (p. 81). » Ces lignes du Pasteur Blanchard mettent en exergue le « pragmatisme » de Vilfredo Pareto, dont le préfacier Georges Feltin-Tracol rappelle qu’il est « une référence revendiquée [par Jean Thiriart] dans le cadre de son État central grand-européen (p. 17) ». C’est une raison supplémentaire de lire l’excellent ouvrage de Jean-Pierre Blanchard sur l’auteur du Traité de sociologie générale (1916).

Note complémentaire

Dans une excellente contribution d’août 2018 au site Rédacteurs RH, David Rouiller évoque « l’autre tiers-mondisme », différent de celui qui s’est exprimé dans les livres de Frantz Fanon et de Jean Ziegler et dans les conférences de Bakou (1920) et de Bandœng (1955). On peut l’appeler tiers-mondisme « de Droite », à l’intérieur duquel David Rouiller sépare encore l’ivraie du « fatras » d’Alain Soral et le bon grain de la « Quadricontinentale » de Thiriart et des positions de Guénon et d’Evola en faveur des cultures traditionnelles détruites par la modernité. David Rouiller souligne toutefois que l’installation de Guénon en terre musulmane d’Égypte peut inciter certains guénoniens à développer un « philo-islamisme de Droite », comme le fit aussi la revue évolienne Totalité en 1979 avec son éloge d ela révolution iranienne.

Toujours en août 2018 et sur le même site, David Rouiller aborde la question de « l’avènement du Cinquième État », stade ultime de la « régression des castes dominantes » (Julius Evola). À la manœuvre de ce processus semble opérer une large fraction de ce que Pareto appelle « l’élite non gouvernementale ». Les anciens intellectuels soutenant le prolétariat sont remplacés par les partisans du « chaos social » (René Guénon), une sorte de nouvelle caste dont les contours sont toutefois difficiles à cerner ainsi que le notait déjà dans un article de 1980 le regretté Guillaume Faye.

Daniel Cologne

• Jean-Pierre Blanchard, Vilfredo Pareto, génie et visionnaire, préface de Georges Feltin-Tracol, Dualpha Éditions, coll. « Patrimoine des héritages », 2019, 152 p., 23 €.

vendredi, 10 mai 2019

Evola and Neo-Eurasianism

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Evola and Neo-Eurasianism

Ex: https://www.geopolitica.ru

We must understand Julius Evola’s work in the same vein as we understand Heidegger’s approach to metaphysics and Western civilization.

While we can know, for sure, that the current state of Western civilization no longer resembles, in toto, the idealistic image once pictured by Heidegger and Spengler, we must be aware that their work constitutes an important and vital watershed.

The spirit of of old Europe is alive in Heidegger’s work, just as much as in Evola’s work. Both represent the spirit of an age that knew – intimately, perhaps – the Nietzschean drive to its deep modernistic roots and its essence, and perhaps could be depicted in a certain sense as representing the age of the (aspiring) Overman, the active nihilist, and of the regimes that sought a new model of man – many of them Fascist, Communist or even Liberal – as opposed to the current age of the Last Man, a man who has lost the Faustian drive almost entirely and therefore succumbed to passive nihilism, and to the spirit of an age that has fully transitioned from Modernity to Post-Modernity. An age that now consequently, in our current epoch, faces complete dissolution.

Evola addresses this age of dissolution just as intensively and concisely as Heidegger deconstructs the essence of Western logos and of its Metaphysics focused on unreal abstract presences, on reified essences, and on the thinking subject.

We must understand Evola as a savant who was deeply aware of his own role within the End Times, and the sort of distillation, of objectivity (sachlichkeit), that would be necessary in confronting the dimensions and challenges given in our age. We must sense, in him, a man who grasped the inevitable dissolution and destruction of the standards of the bourgeois era, and the age of so-called “Old” Europe, of the Europe that was still recognizable to a man like Oswald Spengler, and about whose inevitable destiny Goebbels firmly proclaimed – as he spoke, during the aftermath of the Dresden bombing and the late 2nd major global confrontation: “all of old Europe comes crashing down, and will be buried, with this war. With this conflict, comes down the ruin of the bourgeois age.” [rough translation]

Even if this fundamentally correct intuition did not come in the style of perverted Nazi dreams, with the construction of the fascist Neue Ordnung, but instead with the building of a demented, sick, geriatric and nihilistic liberal regime within an Americanized mold, we must still see in Evola a sort of logical conclusion to the presuppositions that have so far underlined the later stages of European reaction.

Evola must be understood as constituting the bridge from late Western European continental thought, to Tradition as we should know, and properly understand in the conception that must underlie the foundations of a new, post-liberal civilization that we – as men of the Midnight – must necessarily aspire to.

The very movement of Evola’s life, from the Absolute Idealism of his youth, towards the Neo-Platonic intellectual rigidity, the cemented and refined orthodoxy of the “late” Evola, is indicative of the way that we should take in our age.

Evola wrote precisely for us, the men of the midnight. His writings concerned not just the critique of late Western metaphysics, from a partial point of view that is perhaps much more complete in the work of Rene Guenon and Martin Heidegger, but carries in itself the apocalyptic and eschatological vision of the End – although within Evola’s work, we must understand the undertones of this view of the End Times as being fundamentally different from the Semitic bluster of emotions that have characterized our understanding of the term within Christian civilization.

Evola’s view of the End Times is strictly aligned with a different Orthodoxy, namely, that of Platonism, Hermeticism, Buddhism in its early purer form, and also Samkhya, Advaita and other such currents that can still be discerned in our age. In them, while the End Times and the Dark Age form a coherent given, there’s a marked absence of the pathos of the Semitic type within the scope of these alternative traditional teachings.

The current age of liberal decadence, of the end of Western humanity, must be understood within the aegis and scope of the broad movement of dissolution, of fragmentation, that precedes the end of the cycle. And this is followed, markedly, by the search for transcendence in a world that has become meaningless, formless, objectified, banal and the passive receptacle of a process very similar to the fetish of commodities described by Marxist ideologues. And within this dystopian world of the late times, we can also witness the correspondence made in a very precise fashion with the age of the fourth caste, the age of the Sudra – characterized for instance by the domination of the formless mass man, of pure quantity and of machines – as opposed to the previous bourgeois age that retained the remnants of deeper, older organic elements.

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Within this age, and within the West, we must acknowledge that everything that was still organic and traditional in the previous “bourgeois” age, that ended most definitely in 1945, is now coming to an end or has already been destroyed. The anti-modernist teaching of the Roman Church was killed and buried together with its ceremonial and liturgical core, and so were the remnants of the organic, pre and anti-modern social elements, like the aristocracy, the clergy, and the broad aristocratic and hierarchical structures that still played their role in granting a deep and effective sense of societal and personal differentiation no longer present in our day and age.

In our age, which is marked deeply by the liberal and also former Communist erosion of all the remaining standards of organic civilization, we cannot count on the luxury of having the old models and superstructures present within our current milieu. The organic society of the Renaissance, and its predecessor, the organic society of the Middle Ages, are now but a distant memory. What is present right now is precisely the inorganic model of the civilized, late liberal world, that drags itself inexorably towards a vortex of imbecility, downwards leveling of the social structure, and also self-disintegration. Of this, we can only take into account the brilliant work “Jihad vs McWorld”, the sort of book that bears a title very fitting to the current age of Spenglerian early Caesarism, money politics, and solidification.

We have already discussed briefly here and elsewhere the nature of this age. And now, we must understand that when the West lies close to its stage of effective mortality, the initiative must be seized decisively towards a new direction. This initiative consists in the gathering of the men of the Midnight, the differentiated men who “ride the tiger”, to the construction of a new paradigm that must necessarily come after the deep, dark night of Western modernity, and that shall come to the fore as the necessary civilizing Traditional force over a world in ruins. Of a world that has lost sight of itself, and has submerged itself into the most elementary and animal-like barbarity.

dimanche, 05 mai 2019

Mihail Manoilescu: “Protectionism 2.0” – The (New) Name of the (Old) Game in Postwar Developmentalism

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Mihail Manoilescu: “Protectionism 2.0” – The (New) Name of the (Old) Game in Postwar Developmentalism

Ex: http://www.themarketforideas.com

Mihail Manoilescu, more than an engineer, journalist or professor, was a Romanian political and economic thinker. Although in his country he was not recognized and his theory used, he has inspired other countries in different regions. His ascension was great, as great as his fall. Mihail Manoilescu ended up in the darkness of oblivion, obscurity and, consequently, death. 

Early years 

Mihail Manoilescu was born on December the 9th, 1891, in Tecuci, Romania, coming from a family with old boyar origins (Boyar was a nobility title attributed to members of the 10th-17th century Russian aristocracy). In 1893 the family moved to Iași. Mihail Manoilescu remained there until he began his university studies. His father, Constantin Manoilescu, was a teacher and member of the Socialist Party. Natalia Grigoreanu, his mother, was also a teacher.

In 1910, he graduated from the National High School in Iași. Mihail Manoilescu wanted to pursue law studies, but his precarious financial situation, left fatherless when he was nine years old, did not permit it. Consequently, he applied and was admitted to the National School of Bridges and Roads in Bucharest (now The University Politehnica of Bucharest), and graduated as valedictorian in 1915.

He was assigned to the Ministry of Internal Affairs after completing his university studies, as an engineer, in an artillery regiment in Roman, Moldova. Under Eng. Tancred Constatinescu’s leadership, he built an original model of howitzer (the “Manoilescu type” 210 mm howitzer). Mihail Manoilescu’s career started in the military area and, after the First World War, became the General Director of the Ministry of Industry and Trade in 1921.

Mihail Manoilescu started his incursion into the business world through investment in the minerals sector. Together with his brother, Grigore Manoilescu, he became co-owner of Sorecani Mines, in Cluj County. They made a significant investment and opened new galleries considerably increasing the production of lignite. They established an agreement with the Belgian company Electrobel to build a power plant in Aghireșu, inaugurated in 1930. 

Economic thought 

While developing his financial backing and power, including by becoming shareholder in a bank, Mihail Manoilescu published a book that many consider his greatest and most relevant bibliographical work: Théorie du protectionnisme et de l’échange international (Theory of protectionism and international exchange) in 1929.

Looking for a simple overview of the main ideas/concepts of Mihail Manoilescu, Sorin Șuteu (2016) considered the “author’s main findings:

  • In any country, labour productivity varies considerably depending on the economic branch. The biggest differences are between industry and agriculture. Their report is relatively constant and was named the Manoilescu constant.
  • It makes the industrialized countries have considerably higher labour productivity than predominantly agrarian countries.
  • As a result, in international trade, when an industrialized country sells a product to an agrarian country, we actually talk about the exchange between the work of a small number of industrial workers and the work of a large number of agricultural workers”.

Manoilescu, as per above considerations, considered that industrialized countries had the capacity and power to exploit agricultural countries by means of trade. The natural consequences of this situation were the losses in the national income that were recorded. In order to solve these shortcomings, “the author proposes two solutions:

  1. The industrial way, consisting in the manufacture of goods, in the country, with labour productivity above the national average.
  2. The commercial way, based on the importation of those goods with lower labour productivity than the national average” (Șuteu 2016).

To implement these ideas, Mihail Manoilescu’s recommendation is to adopt the measures aimed to protect and stimulate the economic sectors with productivity above the national average.

Although influenced by the economist Friederich List, he theoretically distanced himself from List: the protection he advocated was not temporary. He believed he had identified an important exception to the conclusions derived from exchange models, based on the presumed perfect competitiveness of the markets, which were behind the free trade policy advocated by most economists. 

mm-livre2.jpgImpact abroad 

At the time it was published, the book was harshly criticized by classical economists such as Jacob Viner (1932), or neoclassicists such as Bertil Ohlin (1933). In 1954, future Nobel laureate Arthur Lewis seems to have independently presented the argument, originally proposed by Manoilescu, that protection was justified in less developed countries, where wages in industry were excessive in relation to agriculture (Lewis 1954, 159). In the late 1950s, Everett Hagen also concluded in an article that historical experience suggested that protectionism was responsible for the acceleration of economic progress in countless countries, which were fully industrialized after the English Industrial Revolution. The United States, Japan, the Soviet Union and three Latin American countries – Brazil, Colombia and Mexico – clearly exemplified this statement. In each of these cases, the increase in per capita income was associated with the greater participation of the industrial sector in the global income, that is, the income of industrial employees increased more than the growth of the world economy. Therefore, it was statistically true that industry contributed more to raising per capita income.

This theory was very well received in Latin America. At this time, Brazil was in a very serious economic crisis following the Great Depression of 1929. So, this theory was growing because of the difficulties and challenges that Brazil experienced in the export competition with African and Asian countries. This fact was used to justify the low wages in Brazil.

The industrialists of São Paulo generally supported the values of organization, elitism, industrialization and, increasingly, as the 1930s progressed, of state intervention in the economy. After 1937, they also supported the Getúlio Vargas (1937-45) dictatorship. It is no wonder, therefore, that they were attracted to Manoilescu’s theses, values, and attitudes.

Industrial production grew by 50% between 1929 and 1937, creating income and strengthening the domestic market (Furtado 1980). The Brazilian economy recovered relatively quickly after the crisis, returning to a 9% annual growth rate already in 1934. This policy generated deficits for the government, but sustained the level of economic activity; the domestic protection given to the industry through exchange control, the regulation of the compulsory consumption of domestic production of raw materials, and the prohibition of imports by idle companies were fundamental for the industry to grow at an average of 10% per year between 1930 and 1936. Rising imports stimulated the use of the idle capacity of industries; fiscal, monetary, credit, and coffee policies ensured demand on the other side, causing industry to grow by more than 11% a year between 1934 and 1937. 

Impact at home 

In Romania, the protectionist doctrine of Manoilescu could not be applied. This doctrine was not accepted in the geopolitical context of the nation. After 1944, another model of development was applied by external imposition. In Brazil and in other Latin American countries as well, political and intellectual elites evinced a pragmatism in thought and action that was free to adopt Manoilescu’s theory as the basis for economic development strategies.

mm-livre1.jpgIt is important to consider that, over time, Manoilescu not only acquired sympathy for Nazi and fascist regimes, but also he was a believer in these social and political models. The subsequent situation of Soviet dominance in Romania, mainly after the end of the Romanian-German alignment, made impossible any attempt or intention to adopt his economic conceptions.

After World War II, Manoilescu completely lost his credibility, mainly because of the support he gave to the regimes that were in place, or that would come to take power in the 1930s, in Italy, Germany, Spain, Portugal and Brazil, then for the eventual failures of his theory. His political pragmatism led him to renege on his economic ideas, to support the Third Reich on the eve of the war, and to advocate Romania’s insertion into the German war effort as a supplier of primary products.

Through his influence and integration into Romanian political power before the fall of the Nazi regime, his status, credibility and his own life would be doomed. In 1945, Mihail Manoilescu was arrested for one year and two months, without a trial. He was also fired from the Political Economy Department of the University Politehnica of Bucharest and purged from university surroundings. He was released from the prison, but kept under surveillance.

In 1948, Mihail Manoilescu was arrested again for political reasons. He was taken to several prisons and, in 1950, he was jailed in Sighet together with the former officials of the interwar and war periods, who had been incarcerated in conditions of extermination and who had never been brought to trial. He died in prison on December 30th, 1950. The family was only notified eight years after, in May 1958. After his death, legal procedures were brought against him for his activity as a journalist and he was sentenced in absentia on April 1952. 

Conclusion 

It is verified that the bibliographical work and the protectionist theory of Manoilescu gained great importance for the foreign countries, mainly in the case of Brazil. Over time, his economic theses were re-evaluated and not all of them were discarded, being analysed until the present day, contributing to the enrichment of the debates about the adoption of national economic measures. 

Photo credit: https://expo1921.mnir.ro/ro/expozitia/expozitia-si-targul... 

Bibliography 

Furtado, C. 1980. Formação Econômica do Brasil. São Paulo: Ed. Nacional, http://www.afoiceeomartelo.com.br/posfsa/Autores/Furtado,....

Lewis, W.A. 1954. Economic Development with Unlimited Supplies of Labour. The Manchester School 22(2): 139-191.

Love, J.L. 1996. Crafting the Third World: Theorizing Underdevelopment in Rumania and Brazil. Stanford University Press, https://books.google.ro/.

Pușcaș, V.; Sălăgean, M. 2012. Mihail Manoilescu – Economic Thought and Economic Reality. Anuarul Institutului de Istorie “George Barițiu” din Cluj-Napoca, tom LI: 325-336, http://www.historica-cluj.ro/anuare/AnuarHistorica2012/19....

Silva, L.O. 2010. Roberto Simonsen: A industrialização brasileira e a Segunda Guerra Mundial. História Econômica & História de Empresas 13(2): 25-52, https://doi.org/10.29182/hehe.v13i2.

Șuteu, S. 2016. Mihail Manoilescu and the Theory of Protectionism. Revista de Management și Inginerie Economică 15(4) http://www.rmee.org/abstracturi/62/20_Personalitati_Mihai....